Six trafiquants marocains ont été incarcérés en Espagne après avoir séquestré des mineurs isolés. Ils enlevaient les enfants à leur arrivée ou dans des centres de protection et demandaient des rançons aux familles restées au Maroc, menaçant de tuer les enfants ou de vendre leurs organes.
Six trafiquants marocains qui enlevaient des migrants mineurs isolés en Espagne ont été arrêtés. Ces hommes séquestraient de jeunes migrants et réclamaient des rançons à leurs familles restées au Maroc contre la libération des enfants. Ils ont été interpellés à la mi-mars et emprisonnés par l’Espagne.
Se faisant passer pour des passeurs, les trafiquants faisaient d’abord entrer les mineurs clandestinement sur le territoire espagnol, puis les kidnappaient à leur arrivée ou allaient les chercher dans les centres de protection de mineurs, où "ils disposaient des contacts adéquats pour les en faire sortir le plus vite possible", d’après la police.
Ils menaçaient les familles des enfants de les tuer ou de vendre leurs organes s’ils elles ne les payaient pas 5 000 dirhams (environ 460 euros).
Identifier les mineurs pour mieux les protéger"Les trafiquants profitent de la faiblesse du système de protection des mineurs migrants en Espagne", estime l’espagnole Helena Maleno, à la tête de Caminando Fronteras (Walking Borders), une association de défense des migrants basée à Tanger. Elle regrette que ces mineurs isolés, en particulier les Marocains, soient trop souvent perçus comme des migrants avant d’être considérés comme des enfants.
"Ce sont des jeunes, il est encore difficile pour eux de distinguer qui sont les bonnes et les mauvaises personnes dont ils doivent s’entourer. Il faut les informer des dangers de la migration et des personnes qui pourraient les escroquer, les séquestrer ou les abuser", raconte la militante qui rencontre de nombreux candidats à l’exil au Maroc, où elle se bat pour la reconnaissance de leurs droits. Helena Maleno en appelle à "la responsabilité des organisations et systèmes de protection" pour protéger ces enfants. "En Espagne, l’attention est focalisée sur les tests pour prouver leur minorité et pendant ce temps ils ne sont pas protégés" explique-t-elle.
Des victimes du crime organisé en EuropePlus de 7 000 mineurs, accompagnés ou non par leur famille, ont immigré sur le territoire espagnol en 2018, selon un décompte de l'ONG andalouse APDHA. Le nombre d’arrivée a doublé depuis l’année précédente et la majorité de ces jeunes migrants sont des marocains.
L’agence de police Europol avait alerté l’opinion publique en 2017 à propos de la disparition de plus de 10 000 enfants migrants non accompagnés sur toute l’Europe, avec des craintes que certains de ces enfants soient exploités, notamment sexuellement, par le crime organisé.
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