L'année 2017 a été riche en événements politiques, sécuritaires et économiques au Mali. L'année 2017 a laissé dans la mémoire des Maliens beaucoup d'événements et de développements importants, que ce soit des changements sur le terrain ou des événements qui ont causé des douleurs dans le cœur du peuple suite à des opérations terroristes, de sabotage ou d’actes de violence. Ci-après une liste non exhaustive des faits marquants qui se sont produits au cours de cette année.
Crise et chaos sécuritaire
L’année écoulée a débuté par un discours du Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, dans lequel il a appelé à la tenue d'une conférence d’entente nationale pour rassembler toutes les parties signataires de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger signé en 2015.
Le 8 janvier 2017, des patrouilles de sécurité conjointes ont été lancées dans la région de Gao, la plus grande région du Nord du pays. Cette force était donc composée de l’armée malienne, des éléments issus des groupes armés avec le soutien des casques bleus de la MINUSMA. Ceci a donc constitué une étape importante dans la mise en œuvre de l’accord.
Le 11 du même mois, l'Allemagne a décidé de renforcer ses forces participant à la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Mali ainsi qu’au sein de la mission de l’Union européenne de formation de l’armée malienne.
C’est dans cette dynamique que s’est tenu le 27e sommet Afrique-France, les 13 et 14 janvier dernier en présence de l’ancien président français, François Hollande. La rencontre a notamment abordé les différents aspects de la coopération bilatérale entre la France et les pays africains ainsi que les voies et moyens de les renforcer. S’y ajoutent la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale. Le 6 février dernier, Bamako a abrité un sommet extraordinaire des Chefs d’Etat du G5 Sahel au cours duquel le déploiement de la force conjointe de cette organisation a été réitéré. Ce, en vue de lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Il faudra attendre jusqu’au mois de novembre pour voir cette force lancer sa première opération sous le nom de «Hawbi » ou « vache noire». Toutefois, cette opération ne s’est pas déroulée comme prévu à cause notamment de problèmes logistiques.
Terrorisme noir
Le terrorisme noir auquel le Mali a été confronté depuis des années a occupé une place de choix de ces événements. C’est ainsi que le 18 janvier dernier, plus de 77 soldats ont été tués et 88 autres blessés dans la ville de Gao suite à un attentat à la voiture piégée contre le camp abritant les éléments du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC). Une attaque revendiquée par le mouvement Al-Mourabitoune affilié à AQMI. C’est l’attaque la plus meurtrière au Mali cette année.
Le 25 du même mois, les groupes djihadistes ont enlevé la Française "Sophie Petronin", qui travaille pour des organisations humanitaires dans la ville de Gao. La fin du mois de janvier a vu plusieurs incidents perpétrés par ces groupes, tels que l'assassinat du maire de la ville de Mondoro, dans le cercle de Douentza, au centre du pays ainsi que l'arrestation de trois djihadistes qui se préparaient à mener des opérations terroristes dans la capitale malienne, Bamako. Le 3 mai dernier une attaque meurtrière revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique a visé le super camp de la MINUSMA tuant un casque de bleu libérien et blessant neuf autres parmi lesquels des Suédois dont certains dans un état grave. Deux mois auparavant, c’est une religieuse colombienne du nom de Sœur Gloria Agoti qui a été enlevée par des hommes armés non identifiés, à Koutiala, localité située à près de 320 km à l’est de Bamako. Elle travaillait pour la congrégation des Sœurs franciscaines dont l’un des véhicules a servi à ce rapt.
Au mois de mars dernier, les principaux groupes djihadistes opérant au Sahel, dont une grande majorité au Mali, ont annoncé leur fusion au sein d’une même coalition dénommée « Jamaât Nosrat Al-Islam Wal-Mouslimine » (JNIM) ou « Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans » (GSIM) dirigée par Iyad Ag Ghali. Ce nouveau groupe a prêté allégeance à AQMI et Al-Qaïda. Il a fallu attendre le 7 avril dernier pour voir cette coalition revendiquer sa première opération et c’était la mort d’un soldat français de l’Opération Barkhane, le caporal-chef Julien Barbé tué suite au passage d’un véhicule blindé sur un engin explosif lors d’une patrouille près de la frontière burkinabé. Deux autres soldats français ont été légèrement blessés. Au mois de juillet dernier, à la veille de l’ouverture d’un sommet entre les chefs d’Etat du G5 Sahel et le nouveau président français, Emmanuel Macron, ce groupe a diffusé une vidéo de propagande dans laquelle elle expose 6 des otages occidentaux qu’il retient depuis un certain temps. Il s’agit du Sud-Africain Steven McGow, de l’Australien Kenneth Elliot, du Roumain Iulian Gerghut, de la Suissesse Béatrice Stockly, de la religieuse catholique colombienne, sœur Gloria Cecilia Narvaez et la Française Sophie Pétronin. Parmi eux, seul le Sud-Africain, Stephen McGown, enlevé par le groupe al-Qaïda au Maghreb islamique en 2011, a été libéré sans que les conditions ne soient clarifiées. Il faut également rappeler la polémique suscitée par la bavure des soldats de Barkhane qui, au cours d’un raid à Abeïbara, dans la région de Kidal, ont causé la mort de 11 militaires maliens, au mois d’octobre dernier, qui étaient retenus en otages par les éléments du groupe. Il aura fallu attendre une sortie du président IBK sur le magazine Jeune Afrique pour que cette information soit confirmée.
Coopération politique et économique
Lors d'une visite officielle au Royaume d'Arabie Saoudite, du 17 au 22 avril, le Mali a signé une série d’accords de coopération militaire par le biais de l'Organisation de la coopération islamique et d'autres accords dans le domaine du développement et des infrastructures.
Au mois de février dernier, la Banque islamique de développement a signé une convention avec le Mali portant le soutien du développement de l'économie dans le domaine de l'énergie. Une étape marquant le point de départ vers le développement, la prospérité et la stabilité du Mali. De même qu’un accord a été signé par les autorités maliennes avec la Banque mondiale portant sur un financement de 9 milliards de FCFA (16,3 millions d’euros) pour soutenir l'intégration des anciens rebelles. En avril, le Mali et l'Algérie ont signé des accords dans le domaine du sport et de la formation professionnelle.
Lors d'une autre visite effectuée par le président IBK aux Emirats arabes unis, le 14 novembre, un mémorandum d'accord a été signé entre les deux pays sur la coopération sécuritaire et la lutte contre le terrorisme. Ce, pour renforcer la coopération et la coordination conjointe, en particulier dans l'échange d'informations entre les deux pays.
Le dernier protocole d'accord signé par le gouvernement malien était avec le Qatar lors de la visite de l'émir qatari au Mali et visait des domaines tels que le sport et l’éducation qui sera soutenue par le Fonds de développement du Qatar pour un montant d’environ 40 Millions de dollars, le 21 Décembre dernier.
Élections et immigrants
Le gouvernement a décidé en novembre de reporter l'organisation des élections régionales et municipales partielles qui étaient prévues le 17 décembre dernier. Le nouveau chronogramme des élections est fixé au mois d’avril 2018, soit trois mois avant le premier tour du scrutin présidentiel qui devrait se tenir au mois de juillet 2018. Ce report est justifié par l’insécurité qui prévaut dans plusieurs localités du pays où l’administration est absente ainsi que la mésentente entre les différents acteurs politiques. De même que sous la pression de la Plateforme « An Te A Bana, Touche pas à ma Constitution » et d’autres acteurs, le président IBK a décidé de sursoir, en août dernier, à son projet de référendum portant révision de la Constitution qui était prévu, le 9 juillet dernier. Aucune nouvelle date n’a été communiquée pour la reprise de l’opération bien que l’accord en fait une priorité.
Au mois d’août dernier, l’on a assisté à une accélération du retour au bercail des migrants maliens bloqués en Libye. Ce, après la diffusion par CNN d’un documentaire faisant état de l’existence en Libye d’un marché aux esclaves où les migrants sont considérés comme de la marchandise.
L’autre fait marquant de l’année c’est sans aucun doute le retour au bercail de l’ancien président Amadou Toumani Touré, le 24 décembre dernier, après près de six ans passé à l’exil à Dakar. Un retour, même s’il est vu sous l’angle de la réconciliation, n’a été que de courte durée. Toutefois, l’accueil populaire dont il a eu droit que ce soit à Bamako ou à Mopti où il est allé se recueillir sur la tombe de sa mère décédée en 2015, montre que ATT est toujours adulé par une certaine opinion malienne malgré son éviction du pouvoir par une junte militaire dirigée par le capitaine Sanogo, le 22 mars 2012.
Art, culture et sports en mouvement
Sur le plan culturel, on notera également que l’artiste malien M’Bouillé Koita a décroché le prix découvertes RFI, en novembre dernier. En finale, il a devancé la rappeuse Ami Yerevolo, elle aussi d'origine malienne et le Mauricien, Hans Nayma. Par ailleurs, après six ans d’interruption en raison de la crise, la biennale artistique et culturelle a eu lieu, avant la fin de cette année 2017 au grand bonheur des acteurs culturels et artistiques. C’est donc une autre grande étape de l’accord qui se concrétise, même si c’est au forceps. Sur le plan sportif, on signalera l’organisation par le Comité national olympique (CNOS) du Mali, de la première édition des Jeux nationaux de la jeunesse qui s’est tenue du 24 au 31 décembre 2017. Sur la même dynamique, il convient de préciser que pour la deuxième fois de son palmarès, les Aiglonnets ont remporté la finale de la CAN U17 de football. La même équipe a réussi à se hisser jusqu’en demi-finale de la coupe du monde des moins de 17 ans organisé en octobre dernier en Inde. Au mois de juillet dernier, les cadets maliens ont remporté pour la première fois, la Coupe d’Afrique U16 de Basketball en Ile Maurice. Par ailleurs, on mentionnera également la tenue à Bamako du premier Salon International de l’Artisanat du Mali (SIAMA) du 18 au 26 novembre dernier.