Le 27e sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine (UA) s’est ouvert ce dimanche à Kigali, (Rwanda). Parmi les sujets qui seront débattus figure la situation au Soudan du Sud, où plane l'ombre d'un nouveau conflit à grande échelle après la flambée de violence la semaine dernière à Juba qui a fait plus d’une centaine de morts.
Le déferlement de violence pendant quatre jours à Juba, entre les forces du président Salva Kiir et les ex-rebelles du vice-président Riek Machar, a à nouveau sérieusement écorné l'ambition affichée par l'UA de faire taire les armes en Afrique d'ici 2020.
M. Ban a déclaré soutenir la proposition de l'Ethiopie, du Kenya, du Rwanda, du Soudan et de l'Ouganda "de renforcer la Minuss (Mission de l'ONU au Soudan du Sud) avec des troupes de la région avec le même mandat et sous le même commandement".
Les chefs d'État africains se pencheront également une nouvelle fois sur la crise au Burundi, où ils avaient renoncé lors de leur dernier sommet en janvier à envoyer une force d'interposition de 5.000 hommes.
L'UA pourrait prendre des sanctions contre le gouvernement du président Pierre Nkurunziza, qui refuse toujours de négocier avec l'opposition dans le cadre du dialogue interburundais. D’ailleurs, les représentants du pouvoir burundais ont quitté la salle avant le début des travaux pour protester contre cette mesure.
Dans les couloirs du sommet, le possible retour du Maroc au sein de l'organisation panafricaine est évoqué. Il est le seul pays du continent à ne pas appartenir à l'UA, après avoir claqué la porte de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1984 sur la question du Sahara Occidental. Notons que plusieurs personnalités du régime marocain, notamment le chef de la diplomatie de ce pays sont présents dans la capitale rwandaise.
Casse-tête pour le successeur de Zuma à la tête de la commission de l’UA
Les dirigeants africains pourraient également mettre fin à l'incertitude pesant sur la succession de la présidente de la Commission de l'UA, la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, dont le mandat de quatre ans se termine et qui ne souhaite pas se représenter.
Plusieurs Etats membres, jugeant que les trois candidats à sa succession "manquent d'envergure", demandent un report du scrutin.
Ni la ministre des Affaires étrangères du Botswana, Pelonomi Venson-Moitoi, ni son homologue de Guinée-équatoriale, Agapito Mba Mokuy, ni l'ancienne vice-présidente d'Ouganda, Specioza Wandira-Kazibwe, ne semblent avoir les soutiens nécessaires pour réunir une majorité.
En cas de blocage, l'élection pourrait être purement et simplement reportée au prochain sommet de janvier 2017 à Addis Abeba, siège de l'UA.
"Nous serons à l'aise quel que soit le schéma qui sera arrêté", a déclaré à l'AFP le président sénégalais Macky Sall. Son pays fait partie de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), qui a écrit à la Commission pour demander un report des élections.
Les noms du Sénégalais Abdoulaye Bathily, le représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique centrale, et de l'ancien président tanzanien Jakaya Kikwete circulent comme possibles alternatives.
Les flottements autour de la succession de Mme Dlamini-Zuma révèlent les tensions agitant l'UA et le manque d'enthousiasme des Etats membres pour une organisation dont les décisions sont rarement appliquées.
"Plus de 80% des décisions de l'UA ne sont pas mises en oeuvre et ne vont pas plus loin que l'aéroport d'Addis Abeba. Il faut quelqu'un de fort pour rappeler leurs engagements aux Etats membres", insiste Désiré Assogbavi, représentant de l'ONG Oxfam auprès de l'UA.
La question d'un éventuel retrait des pays africains membres de la Cour pénale internationale (CPI) devrait également être discutée, selon le Rwanda. Le pays hôte a assuré qu'il n'arrêterait pas le président soudanais Omar el-Béchir, recherché pour génocide et crimes de guerre par la CPI et invité au sommet.
Autre question qui sera également évoquée, la lutte contre le terrorisme. Il s’agit pour les dirigeants africains de réactiver les mécanismes d’intervention déjà en place pour les rendre plus opérationnels. Toutefois, la grande équation sera bien évidemment, la sortie ou non de l’UA de la CPI. Cette Cour est jugée partiale, car la majorité des personnes qui y sont traduites viennent du continent africain. Il s’agira donc de convaincre la trentaine de pays du continent signataires du statut de Rome de se retirer purement et simplement. D’autres plaident surtout que même s’il n’y a pas forcément retrait, qu’un chef d’Etat en exercice ne soit pas jugé par ce tribunal.