La 31ème réunion ordinaire des chefs d’Etats et de gouvernements africains est prévue en juillet prochain. Jusqu’à la semaine dernière, le Sénégal était candidat pour l’abriter. Mais selon nos informations, il vient d’y renoncer. Un développement surprenant qui suscite des interrogations, tant du côté de l’UA qui doit trouver rapidement un pays d’accueil, qu’au sujet des raisons du désistement de Macky Sall et son équipe.
La Mauritanie, sautera-t-elle sur l’occasion ?
Plusieurs pays africains sont capables d’accueillir le sommet de l’UA. Certains en ont l’habitude, d’autres non. Parmi ces derniers figurent la Mauritanie. Est-ce qu’elle ne sautera pas sur l’occasion pour montrer et confirmer son savoir faire en matière d’organisation des grandes rencontres internationales ? Le succès de l’organisation du dernier sommet de la Ligue arabe montre, en effet, que les autorités de Nouakchott ne manquent pas de ressources quand il s’agit de travailler dans l’urgence. Il sera cependant difficile pour elles de se lancer dans l’aventure, car l'opération sera assez coûteuse alors que la lourde facture du sommet de la Ligue arabe est certainement bien présente encore dans leurs esprits.
Le Sénégal, cherche-il à punir l’UA ?
Côté Sénégal, les questions fusent quant aux raisons de son désistement. Parmi les hypothèses que l’on peut avancer, il y a son mécontentement à cause du peu de soutien qu’a reçu son candidat pour la présidence de la Commission de l’UA. Voudra-t-il punir l’organisation dont seuls quelques rares pays ont donné leurs voix au professeur Abdoulaye Bathily que Macky Sall tenait absolument à qu’il remplace la sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma ?
En tout cas, cet échec a laissé un goût amer au sein du gouvernement et de l’élite du pays. La presse sénégalaise en a fait largement l’écho, s’en prenant parfois aux pays voisins, mais, aussi et surtout, à la diplomatie du Sénégal.
Méfiances chez les voisins...
Un journiste du site igfm, MATHIEU BACALY, a manifestement mené des investigations sérieuses en vue d’expliquer l’échec de la candidature du Sénégal. S’intéressant au rôle des pays voisins il révèle que :
« Même ses voisins immédiats ont participé à lui jouer un sale tour. La Mauritanie, la Guinée-Conakry, le Mali, l’Algérie, le Niger (…) ont refusé de voter pour Bathily qui n’a obtenu que dix (10) voix, en se classant 4e. »
En effet, la diplomatie sénégalaise et ses rapports avec ses voisins ne présentent pas suffisamment de lisibilité actuellement. Qu’il s’agisse, de la Guinée, du Mali, de la Gambie, de la Guinée-Bissao, ou de la Mauritanie… les couleurs que Macky Sall et son équipe veulent donner à leurs liens avec ces pays manquent de visibilité ; d’où ces crises ou malentendus qui surgissent fréquemment entre le Sénégal et ses voisins. Ne devrait-il pas chercher à balayer leurs méfiances à son égard?
Le Sénégal, un cheval de Troie du Maroc?
31ème Sommet de l’UA : le Sénégal désiste… et les questions fusent !!
Selon MATHIEU BACALY, qui cite le professeur Pape Samba Ndiaye, Enseignant-chercheur en relations internationales à l’Université Gaston Berger, la raison principale de l’échec sénégalais ne réside pas dans l’attitude négative des ses voisins. Elle est à chercher ailleurs : « le Sénégal est présenté comme un cheval de Troie du Royaume Chérifien ».
Le professeur est on ne peu plus clair à ce sujet qui met évidence, selon lui, le rôle de la mauvaise diplomatie de son pays qu’il qualifie « d’errements ». Le journaliste d’igfm rapporte ses propos :
«Les errements de notre diplomatie, ces dernières années, sont à l’origine de l’échec de la candidature du Sénégal. Notre position par rapport au Maroc est un facteur explicatif. Aujourd’hui, le Sénégal est présenté comme un cheval de Troie du Royaume Chérifien, alors que la question de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) n’est pas réglée. L’Algérie est fâchée contre le Sénégal, par rapport à sa position avec le Maroc».
Le professeur Pape Samba Ndiay n'est pas le seul à souligner cette image de " cheval de Troie du Royaume Chérifien". Plusieurs autres observateurs en palrlent sous des angles ou vocables différents parfois. Par exemple: le terme "axe Rabat-Dakar" revient fréquemment dans la presse marocaine ou sénégalaise comme dans celle despyas voisins. Les autorités sénégalaises doivent y reflechir et agir en conséquence en vue de traiter les désiquilibres qui en résultent dans ses relations et rapports diplomatiques avec ses voisins et avec les pays de la région..
El Boukhary Mohamed Mouemel
mauriactu.info