Comme à la fin de chaque trimestre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterress a présenté, le jeudi 28 septembre dernier, son 3e rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ainsi, le moins que l’on puisse dire c’est que le patron de l’ONU n’a pas caché son désarroi et son amertume. C’est ainsi qu’il a déclaré que : ‘’Presque aucun progrès n’a été fait dans l’application de l’Accord pour la paix… ‘’.
En effet, ce rapport de 28 pages décortique sans complaisance la situation sécuritaire, humanitaire, politique et juridique qui prévaut au Mali. Le rapport évoque également le processus de paix à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Sur le plan sécuritaire, le secrétaire général a souligné qu’en raison de l’insécurité, le redéploiement de l’administration civile dans le nord et le centre du Mali n’a pas pu progresser. S’agissant de la situation humanitaire, le rapport indique que plus de 600 000 personnes sont en insécurité alimentaire. En outre, il ressort de ce rapport que le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration doit débuter le 15 octobre 2017. Toutefois, il y a de véritables doutes quant au respect de cette date à cause notamment du manque de confiance entre signataires de l'accord, l’instabilité sécuritaire et l'absence de critères d'intégration clairement définis, comme par exemple la question de l'harmonisation des grades. Autant de freins au démarrage du processus, selon Antonio Guterres, pour qui le principal obstacle reste donc la remise par les groupes armés des listes des combattants concernés. Le secrétaire général de l'ONU a regretté en particulier l'absence de progrès administratifs et institutionnels à Kidal (nord) et Tombouctou (centre), ce qui "envoie de mauvais messages".
Par ailleurs, le secrétaire général de l’ONU a indiqué que les attaques asymétriques ont connu une hausse de 102,7% par rapport à la période précédente passant de 37 attaques à 75. Celles-ci ont notamment visé les forces de défense et de sécurité maliennes (44), la MINUSMA (21) et Barkhane (10). Le bilan fait état de 15 morts parmi le personnel appartenant ou attaché à la MINUSMA (6 soldats de la paix, 1 membre du personnel civil et 8 contractants) et 34 blessés (25 soldats de la paix, 2 membres du personnel civil et 7 contractants). Au cours de la période précédente, quatre soldats de la paix avaient trouvé la mort et cinq autres avaient été blessés. De même, 39 membres des Forces de défense et de sécurité maliennes ont été tués et 44 blessés, contre 33 et 54, respectivement, durant la période précédente. En ce qui concerne les forces internationales, il n’y a eu aucun mort parmi les soldats français mais 17 ont été blessés, contre 2 pendant la période précédente.
Antonio Guterres s'inquiète aussi dans son rapport "de la menace croissante" posée par des groupes terroristes à des pays voisins comme le Niger ou le Burkina Faso. A cet égard, "il appelle la communauté internationale à soutenir " la prise en charge régionale de la lutte contre le terrorisme, notamment via la création d'une force militaire conjointe à cinq pays du Sahel (Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad).
Il a ajouté que cette force "peut aussi contribuer à un environnement propice pour la MINUSMA (force de l'Onu au Mali), afin qu'elle applique pleinement son mandat", observe-t-il. "Le succès de la force conjointe et celui de la MINUSMA sont intrinsèquement liés aux progrès du processus de paix au Mali", souligne-t-il.
Ce rapport intervient à quelques jours de la visite que devrait effectuer une délégation du conseil de sécurité de l'ONU dans la région du 19 au 23 octobre prochain.
https://minusma.unmissions.org/sites/default/files/170928_sg_report_on_mali_s-2017-811_fr.pdf