L’Azalaï Hôtel Salam a abrité, hier mercredi 18 mai, les travaux de restitution du forum sur le rôle des organisations de la société civile dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tenu les 13 et 14 mai dernier, à Bamako. Au présidium, il y avait notamment le président du forum, l’ex-Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, le diplomate Moussa Makan Camara, le président du Conseil national de la Société civile, Boureima Allaye Touré, le président du Conseil National des jeunes, Mohamed Salia Touré, etc. Les intervenants ont tous plaidé pour une plus grande implication de la société civile dans la mise en œuvre de l’Accord.
Dans ses propos luminaires, l’ex-Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani a présenté la société civile comme la seule alternative crédible et un partenaire de choix pour ramener la paix au Mali. Pour lui, « l’administration est biaisée et la classe politique est divisée ». Dans ce cas, il leur est impossible de jouer un rôle important dans ce processus. Aussi, il a tenu à remercier les partenaires tels que l’UNTM, le PNUD et le NDI qui ont permis au forum de se tenir sans anicroche. Il a indiqué qu’environ 300 participants issus de toutes les régions du Mali ont effectué le déplacement pour montrer leur attachement à la paix.
Il a également rendu hommage aux membres du panel qui n’a été constitué que de cadres et d’experts maliens. Parmi les objectifs de ce forum, il a rappelé qu’il visait à offrir à la société civile un instrument lui permettant de mieux s’impliquer dans la mise en œuvre de l’Accord qui prévoit d’ailleurs une inclusivité. Il s’agira aussi pour les participants de formuler des recommandations allant dans le sens de leur implication dans les préparatifs de la grande conférence d’entente nationale prévue cette année et devant déboucher sur une charte nationale sur la paix et la réconciliation au Mali. Ce, bien qu’aucune date de cette rencontre ni un cahier de charge n’aient été mis à disposition.
Il est clair donc que la société civile malienne dans sa diversité n’entend pas rester en marge de toutes les grandes décisions de la nation. Par ailleurs, il convient d’indiquer que des recommandations fortes ont été formulées à l’issue du forum de la société civile. Parmi celles-ci on peut noter la désignation d’un observateur indépendant par le Comité de Suivi de l’Accord dont la mission consiste à lui faire des rapports tous les quatre mois et qui seront rendus publics. Une disposition de l’accord qui n’a toujours pas vu le jour. Son rôle consiste à veiller à l’implication de tous dans l’application de l’accord. Ce n’est pas tout. Les participants ont également recommandé l’exclusion des hommes armés (reconnus pour des crimes de sang) dans la mise en place des autorités intérimaires ; la prise de mesures idoines par les parties signataires pour enrayer l’insécurité ambiante et assurer de meilleures conditions pour la mise en œuvre des projets et programmes prévus. Ils ont aussi invité le gouvernement à assurer son rôle de leadership à travers la coordination, l’harmonisation et la transparence dans la gestion des fonds reçus de la communauté internationale. Avant d’appeler celle-ci à accélérer sa contribution à la mise en œuvre de l’accord, notamment dans les domaines financiers, sécuritaires, humanitaires et pour le retour des populations réfugiées hors de nos frontières.
A travers ces recommandations, la société civile malienne entend suivre de près l’évolution de la situation et ne pas rester en marge des grandes décisions. Ainsi, elle veut une meilleure implication afin d’apporter sa pierre aux efforts de construction de la paix au Mali. Reste à savoir si les autorités accueilleront favorablement cet appel en donnant à cette frange de la population la place qu’elle mérite pour veiller aux intérêts de la nation.