La chute d’un hélicoptère de combat Tigre de l’armée allemande, qui a fait deux morts le 26 juillet au Mali, reste inexpliquée.
Un mois après le crash d'un hélicoptère Tigre de l'armée allemande au Mali, les causes de l'accident, qui a causé la mort de deux casques bleus allemands, restent toujours inconnues. De quoi laisser planer une ombre sur la réputation de l'hélicoptère de combat européen et de son constructeur, Airbus Helicopters , déjà éprouvé par le crash d'un hélicoptère civil l'an dernier en Norvège. Dans l'attente des résultats de l'enquête allemande, l'Australie et l'Espagne ont suspendu les vols de Tigre jusqu'à nouvel ordre, tandis que l'Allemagne et la France ont décidé de limiter leurs utilisation aux seuls vols nécessaires à leurs opérations extérieures en Afrique.
L'appareil n'a pas été abattu
Seule certitude : l'appareil qui effectuait une mission de surveillance pour la force de maintien de la paix de l'Onu, n'a pas été abattu. D'après les premiers éléments de l'enquête dévoilés par la presse allemande, le Tigre de la Bundeswehr, qui évoluait en tandem avec un autre appareil, volait en ligne droite en vitesse de croisière (230km/h) à 500 mètres d'altitude, quand il a brusquement piqué du nez, avant de s'écraser quelques secondes plus tard, selon le témoignage du pilote du second hélicoptère.
La violence du cash a entrainé la destruction complète de l'appareil, ce qui complique la tâche des enquéteurs. Toutefois, d'après le pilote du second Tigre, l'appareil aurait perdu des morceaux de pales dans sa chute. Un détail qui n'est pas sans rappeler l'accident du H225 en Norvège , dont le rotor s'était détaché en vol.
Airbus ne commente pas
Chez Airbus Helicopters, on indique ne pas pouvoir commenter une enquête en cours. Le constructeur se cantonne à la mise en garde formelle adressée début août à tous les opérateurs du Tigre, sur l'existence d'un risque potentiel, « en l'absence d'information sur l'état de l'enquête ». « Nous avons l'obligation d'alerter nos clients en cas d'accident », explique-t-on chez Airbus, tout en affirmant n'avoir aucun début d'explication sur l'accident.
De source proche du dossier, on souligne que le Tigre et le H225 sont techniquement trop différents pour établir le moindre lien. Quant à la perte de morceaux de pales, elle pourrait être la conséquence et non pas la cause de la chute de l'appareil. Par ailleurs, un éventuel problème technique pourrait aussi être lié à un défaut d'entretien, ce qui exonérerait l'appareil. Depuis son entrée en service en 2007, le Tigre, livré à 135 exemplaires, n'avait jamais connu d'accident mortel.
Possibles conséquences en Australie...
Cet accident n'en est pas moins un nouveau coup dur pour Airbus Helicopters. Outre le coût potentiellement élevé d'éventuelles modifications en cas de défaut constaté, l'hélicoptériste pourrait voir s'envoler une possible contrat de modernisation des 22 Tigre de l'armée australienne, déjà très critiqué dans la presse pour son coût de fonctionnement jugé trop élevé. Un rapport gouvernemental de 2016 préconisait déjà de retirer les Tigre du service dès 2020.
...et pour l'armée française
Pour l'armée française, qui a engagé six Tigre dans ses opérations au Mali et en Centrafrique, cette incertude vient aggraver une situation déjà tendue. Sur les 150 hélicoptères théoriquement opérationnels (dont 62 Tigre), une centaine seulement est en état de voler, affirme le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Jean-Pierre Bosser. Et si les « opex » n'ont pas eu à souffrir du manque d'appareils disponibles, les unités en France manquent toujours cruellement d'hélicoptères pour les missions d'entrainement et de formation. Et ce, en dépit des engagements d'Airbus Helicopters d'accélérer la remise en condition et les livraisons d'hélicoptères à l'armée de terre.
Lesechos