C’est en fin de matinée de ce samedi 16 janvier, que les forces burkinabé ont achevé leurs opérations de ratissage aux alentours de l'hôtel Splendid et du restaurant Cappuccino, situés en plein cœur de Ouagadougou. Toute la nuit, les militaires burkinabé appuyés par des forces spéciales françaises et américaines ont affronté les terroristes.
Le bilan provisoire de l’attaque survenue sur cet hôtel très fréquenté par les Occidentaux fait état d'au moins 28 morts, de 18 nationalités différentes. Il y aurait également trois ou quatre terroristes tués. Selon nos informations, plusieurs hommes et deux femmes, aidés par des complices enregistrés comme clients, ont lancé leur attaque vers 19h45mn (GMT) dans les deux établissements fréquentés par une clientèle d'Occidentaux et d'expatriés. Après avoir abattu de nombreuses personnes, ils ont pris les clients et employés de l'hôtel en otage. Quant à l’attaque lancée sur le bar- restaurant « Cappuccino » en face de l’hôtel Splendide, il y aurait dix morts.
Sur les 126 otages de l’hôtel qui ont pu être libérés figure le ministre de la Fonction publique, Pengwindé Clément Sawadogo. Quant aux Occidentaux tués, il y a trois Français à savoir Antonio Basto, 52 ans, et ses collègues Eddie Touati, 54 ans, et Arnaud Cazier, 41 ans. Deux ressortissants suisses à savoir l'ancien patron de La Poste, Jean-Noël Rey et de l'ex-député du Valais, Georgie Lamon.
Parmi les assaillants tués on compte la présence de deux femmes dans le commando de quatre terroristes. L’attaque a été revendiquée par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au nom de sa cellule Al Mourabitoune, qui, annonce, lui, la mort de «trente croisés» et semble viser les Occidentaux et la France.
Le gouvernement qui gère ainsi sa première crise alors qu’il n’a été installé qu’à moins d’une semaine, a annoncé trois jours de deuil national à partir de ce dimanche 17 janvier. Parmi les autres mesures on peut citer la visite d’une délégation ministérielle dans les deux hôpitaux où sont internés les blessés, l’annonce prochaine de mesures sécuritaires en vue de la protection des personnes et des biens et le maintien l’intégrité de l’ensemble du territoire. Comme 4e point, le Conseil a invité toute personne qui disposerait des informations qui peut aider les enquêteurs à identifier et à débusquer les terroristes infiltrés dans « nos rangs » à le faire car il s’agit « d’une lutte patriotique ».
Selon le chef du gouvernement, les trois attaques de ce vendredi 15 janvier, l’attaque du convoi officiel dans la province de l’Oudalan dans la région du sahel, l’enlèvement d’un médecin et de son épouse de nationalité australienne dans la localité de Djibo et celle de l’attaque combinée sur l’avenue de Ouagadougou serait liées et résulteraient d’actions coordonnées.
A noter que certains ont déploré la sécurité au niveau de l’hôtel Splendide qui a connu un sérieux relâchement après l’investiture de l’actuel Président Roch Mark Christian Kaboré. Par ailleurs, il faut dire que la situation sécuritaire générale du Burkina Faso a été ébranlée par l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a conduit à la chute de Blaise et le coup d’état avorté de l’ex-chef de la sécurité présidentielle, le général de Gilbert Diendiéré, en septembre 2015. Celui-ci et l’ex-chef de la diplomatie Burkinabé le Général Djibril Bassolé, deux hommes clés du dossier du terrorisme, sont toujours en détention pou de nombreux chefs d’inculpation.