La MINUSMA ferme ses derniers camps et quitte le Mali Des manœuvres diplomatiques au Mali

Albrecht Conze, chef de la mission Eucap Sahel Mali sur kibaruu.ml : « Nos stagiaires se voient limiter par un vieux commissaire qui ne veut rien savoir sur les méthodes modernes »

Par kibaru

15 janvier 2015, 15 janvier 2016, la Mission civile de l’Union européenne au Mali « Eucap Sahel Mali » a fêté, le jeudi 14 janvier 2016, à l’école de Maintien de la paix, sa première année de soutien à la reforme des forces de sécurité intérieure au Mali. Dans un entretien qu’il a bien voulu accorder au site kibaruu.ml, le Chef de la mission, Albrecht Conze dresse son bilan d’une année d’activités, les difficultés rencontrées et les perspectives pour 2016.

www.kibaruu.ml: Quel bilan peut-on dresser de 2015 ?

En termes de bilan de l’année 2015, on peut dire que la mission a réussi un cycle complet de formations et de conseils dans un climat de confiance totale avec tous ses partenaires. En 2015, Eucap Sahel Mali a formé 725 agents des forces de sécurité intérieure. Et une partie de ces formations a été faite avec la MINUSMA. La plupart des stagiaires ont reçu une formation de quatre semaines. Nos formations sont très recherchées et on se bouscule souvent pour l’avoir.  Les stagiaires que nous accueillons nous ont rassurés sur la qualité du travail abattu. Mais ce n’est pas une raison de se reposer sur nos mérites. Nous allons continuer à consolider ce que nous avons commencé en 2015. Car, un jour nous allons partir et nous aimerions le faire avec la conviction qu’ils n’auront plus besoin de nous.

En plus de la formation, nous avons aussi procédé à la détermination de l’effectif des agents de la garde nationale et de la gendarmerie effectuée par la mission grâce aux soutiens du Canada. Nous comptons faire la même chose avec la police avec l’appui des Etats-Unis. Ces mesures indispensables et primordiales pour amorcer une vraie modernisation des forces de sécurités intérieures maliennes. Enfin,  la mission a également organisé plusieurs rencontres avec les membres de la société civile dans le but de rétablir la confiance entre la population et les forces de sécurité intérieure.

www.kibaruu.ml: Quelles sont les difficultés rencontrées en 2015 ?

Nous n’avons pas vraiment eu des difficultés sur le plan de la formation. Le problème est plutôt dans l’application de ce que les stagiaires ont appris. Souvent, ils rentrent chez eux avec de nouvelles méthodes mais se voient limiter par un vieux patron, un vieux commissaire qui ne veut rien savoir sur les méthodes modernes et qui leur limite dans leur champ d’action. Et après, il y a un peu de résignation, c’est un problème que nous avons identifié et que nous traitons. Car ce serait dommage que les connaissances modernes acquises à travers nos formations ne soient pas mises en œuvre par les stagiaires.

www.kibaruu.ml: Quel remède préconisez-vous contre cette résignation des stagiaires ?

On est en train d’en discuter avec les autorités maliennes. C’est un processus mental qui prend un peu de temps. Mais déjà identifier le problème est le premier pas vers la solution.

www.kibaruu.ml: Les défis de 2016 ?

En 2016, nous allons davantage nous pencher sur le problème de la bonne gestion des frontières. La pression émanant de la grande vague migratoire vers l’Europe attire, aujourd’hui, toute l’attention des Etats européens. Notre mission sera d’aider les groupes d’Etats, comme le G5 Sahel, à mieux gérer leurs frontières. Ces Etats sont plus capables de déterminer facilement si un mouvement à travers leurs frontières est naturel, comme il se fait toujours. Ou s’il est irrégulier représentant une vague soudaine. Notre rôle sera de trouver avec ces Etats la raison de la vague et les mesures qui s’imposent.

A cet égard, un soutien aux pays de la zone sahélienne et en particulier le Mali sera fait avec la mission sœur du Niger pour une meilleure gestion des frontières.