L’alimentation scolaire s’impose plus que jamais comme un enjeu stratégique pour l’éducation, la cohésion sociale et la lutte contre la pauvreté. C’est ce qu’a réaffirmé le gouvernement lors du Conseil des ministres du vendredi 3 octobre 2025, en mettant en avant les efforts engagés pour renforcer les cantines scolaires et répondre aux défis persistants qui fragilisent le programme national.
À Fortaleza, au Brésil, où s’est tenu le 2ᵉ Sommet mondial de la Coalition pour l’alimentation scolaire du 18 au 19 septembre dernier, le Mali a présenté les principales avancées réalisées dans ce domaine. Le ministre de l’Éducation nationale a notamment souligné le renforcement du cadre juridique qui encadre l’alimentation scolaire, le transfert de ressources aux collectivités territoriales pour approvisionner 1 855 cantines à travers le pays, ainsi que la promotion des cantines dites « endogènes », utilisant les productions locales. L’élaboration d’un manuel de procédures de gestion et la mise en place de missions de supervision complètent cette stratégie visant à améliorer l’efficacité du dispositif.
Derrière ces annonces, l’enjeu dépasse largement la question des repas servis à l’école. Pour des milliers d’enfants, surtout dans les zones rurales, la cantine représente le seul repas complet de la journée. Elle constitue aussi un puissant outil de rétention scolaire : dans les établissements disposant d’une cantine, le taux de maintien dépasse 95 %, contre moins de 75 % dans ceux qui n’en ont pas. Actuellement, environ 700 000 élèves, soit 18,5 % des enfants scolarisés, bénéficient d’un repas quotidien, dont 47 % sont des filles. Ces données montrent que des progrès notables ont été accomplis, mais elles révèlent aussi l’ampleur des besoins : plus de 80 % des élèves n’ont toujours pas accès à ce service.
Les défis financiers constituent l’un des principaux obstacles à l’extension du programme. En 2025, l’État a mobilisé environ 6 milliards de francs CFA pour soutenir l’alimentation scolaire. Mais selon le Centre national des cantines scolaires (CNCS) et le Programme alimentaire mondial (PAM), il faudrait au moins 10 à 11 milliards de francs CFA supplémentaires pour couvrir les besoins réels et éviter l’arrêt de certaines activités. En mars dernier, un appel de fonds de 17,3 millions de dollars — environ 10,9 milliards de francs CFA — a été lancé pour maintenir les programmes en cours. Faute de moyens suffisants, près de 400 écoles ont déjà suspendu leur cantine, privant 112 000 enfants de repas quotidiens et menaçant leurs chances de réussite scolaire.
Le programme est également confronté à des défis logistiques majeurs. Dans plusieurs zones du Nord et du Centre, l’insécurité, les difficultés d’acheminement et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement compromettent la régularité des repas. Ces contraintes freinent la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs et soulignent la nécessité d’une mobilisation accrue des partenaires techniques et financiers, mais aussi des collectivités locales et du secteur privé.
En dépit de ces difficultés, les autorités affirment leur volonté de faire de l’alimentation scolaire un pilier de la politique éducative et sociale. En plus de lutter contre la faim et l’abandon scolaire, ce programme stimule la production agricole locale, crée des emplois dans les zones rurales et renforce la cohésion communautaire. À l’heure où les crises multiples fragilisent le pays, investir dans les cantines scolaires apparaît comme un choix stratégique, au croisement de l’éducation, de la sécurité alimentaire et du développement économique.




