Attaque meurtrière du campement « Kangaba » : Le mystère sur l’identité des assaillants persiste

Par kibaru

Plus d’une semaine s’est écoulée depuis l’attaque meurtrière, survenue le dimanche 18 juin, au complexe hôtelier « campement de Kangaba » située en périphérie de Bamako. Le moins que l’on puisse dire est que, comme les précédentes attaques terroristes qui ont secoué la capitale malienne, c’est toujours le mystère qui persiste autour de l’identité réelle des assaillants. C’est dire que les progrès réalisés par les enquêtes ouvertes sont minimes et l’espoir pour les familles des victimes de voir la justice rendue s’évapore.

Rappelons que le dernier bilan officiel fait état de neuf morts dont quatre assaillants, un élément de la garde nationale, une Malienne travaillant pour la délégation de l’Union européenne à Bamako, un Portugais qui est instructeur au sein de la mission de formation de l’Union européenne, un Chinois et un Franco-Gabonais. L’attaque a également fait sept blessés dans les rangs des forces de défense et de sécurité du Mali (04 gardes, 02 policiers et 01 gendarme).

Signalons qu’une Franco-Gabonaise employée de l’ONG Solidarités international qui se trouvait à cet endroit au moment des faits est toujours portée disparue. Elle a été identifiée grâce à son fils qui faisait partie des rescapés.

Toutefois, le mystère plane toujours autour du nombre et de l’identité des assaillants. Selon un communiqué publié par le groupe « Nosrat al-Islam wal-Mouslimin » revendiquant cette attaque, au lieu de quatre, les assaillants sont au nombre de trois. Le groupe jihadiste va même plus loin en donnant en levant un coin du voile autour de leur identité. Selon lui, il s’agit de Salman, Hamza et Abou Bessir. Lesquels sont de la communauté peule. Il pourrait s’agir donc des éléments fournis par la katiba d’Amadou Koufa qui sévit essentiellement dans la région de Mopti et une partie de celle de Ségou. Cependant, il est clair que les noms qui leur sont attribués sont des noms de guerre. En effet, comme dans chaque communiqué de revendication d’une attaque, les véritables noms des auteurs sont cachés au profit des noms de guerre. Hormis ces faits révélés par le groupe jihadiste auteur de cette attaque meurtrière, aucun détail n’a été livré par les autorités maliennes. De plus, à ce jour, il n’y a encore aucune preuve sur la culpabilité des présumés suspects arrêtés suite à cette attaque. D’ailleurs, l’un d’entre eux présentait même des troubles mentaux, selon des sources proches de l’enquête. Est-ce à confirmer les propos de certains indiquant qu’ « au Mali les enquêtes sont ouvertes pour ne jamais être fermées » ?

S’y ajoute que ce n’est pas la première fois que cette situation arrive. En effet, jusqu’au jour d’aujourd’hui, les photos des deux auteurs présumés de l’attaque de Radisson Blu, perpétrée, le 20 novembre 2015, sont affichées sur le site du ministère de la sécurité. Et à ce jour, non seulement, ils n’ont pas été identifiés, mais aussi l’appel à témoin lancé à cet effet ne semble avoir produit aucun impact. A ce jour, tout ce que nous connaissons d’eux, c’est la présentation faite sur eux par AQMI et al-Mourabitoune dans une vidéo revendiquant l’acte. Ces groupes avaient indiqué qu’il s’agissait de Abdel Hakim et Mou'az el foulani, des noms de guerre à l’évidence. Et que dire de l’identité des assaillants du bar-restaurant La Terrasse, le samedi 7 mars 2015 et de l’hôtel Nord-Sud de Bamako, abritant la mission de l’Union européenne qui entraîne l’armée malienne (EUTMMali), le lundi 21 mars 2016.  Jusqu’ici, mystère et boule de gomme. Alors que contrairement aux attaques survenues à Grand-Bassam, en mars 2016, et Ouagadougou en janvier 2016, les assaillants et leur cerveau ont non seulement été identifiés mais de nombreux complices ont été arrêtés.

En tout cas, il est grand temps que ces enquêtes produisent des résultats escomptés. Sinon la persistance du mystère autour de l’identité risque de renforcer le sentiment de déception chez les proches des victimes et leur doute sur les compétences de nos services de renseignement.

Massiré DIOP