De sources dignes de foi, la CMA vient d’emboiter le pas à la Plateforme en déposant une liste de ses représentants au sein des autorités intérimaires. En principe, c’est à l’issue de la réunion du Conseil des ministres d’aujourd’hui que les membres de cette institution prévue par l’accord doivent être connus. Ainsi, la mise en place de ces autorités va commencer dans les régions comme Gao, Tombouctou, Ménaka et Taoudénit. Pour le cas de Kidal, il faut attendre un règlement du conflit intercommunautaire qui oppose les Ifoghas aux Imghades. Toutefois de nombreuses zones d’ombres persistent.
Au nombre de celles-ci, la CMA qui compte cinq mouvements n’a déposé des listes qu’aux noms de trois d’entre eux à savoir le MNLA, le HCUA et le MAA. Aussi, certains craignent de voir des Kidalois être nommés dans des régions comme Gao ou Tombouctou, ce qui serait contraire l’esprit et la lettre de ces autorités intérimaires dans lesquelles les populations autochtones doivent être prioritaires. Selon nos sources, les trois autres mouvements de la CMA à savoir le MSA, la CPA et la CMPFPRII sont très mécontents de leur exclusion et entendent faire parler d’eux s’ils ne sont pas pris en compte dans l’installation des autorités intérimaires. Ainsi, bien que nouvellement créé, le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) – essentiellement constitué de dissidents du MNLA et du HCUA – est très représentatif dans les régions de Gao et Ménaka. Idem pour la CPA de Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune dont les éléments sont importants dans la région de Tombouctou. La CMFPR compte aussi des hommes dans cette région. L’installation des ressortissants d’autres localités dans celles dont ils ne sont pas issus avait provoqué, à la mi-juillet, une manifestation à Gao qui s’est terminée dans un bain de sang.
Pour contrecarrer leur exclusion, les trois autres mouvements (CPA, MSA et la CMFPR II) ont organisé une réunion aujourd’hui dans un hôtel de la place pour signer une alliance stratégique à travers laquelle ils vont travailler en étroite collaboration pour que la paix revienne dans les localités où leurs éléments sont présents.
Par ailleurs, la mise en place de ces autorités va buter sur un autre problème. En effet, c’est ce soir à minuit qu’est prévue la clôture du dépôt des listes pour les municipales du 20 novembre. Pourtant, la durée de vie de ces autorités, selon l’accord, est de 18 à 24 mois. Ce qui pousse certains à se demander si les élus ne vont pas écourter le mandat des membres desdites autorités. Chose qui entrainerait un nouveau bras de fer, car les mouvements vont l’interpréter comme une violation de l’accord. D’autant que certains tentent le tout pour le tout afin d’obtenir le report de ces scrutins. Rappelons que des questions comme le rapatriement des réfugiés, l’activation de la liste électorale en incluant les régions nouvellement créées (Ménaka et Taoudénit), le redéploiement effectif de l’administration, le retour de la sécurité… sont toujours en suspens. S’y ajoutent que ces élections coïncident avec un événement important pour les Catholiques du Mali qui s’apprêtent à effectuer le pèlerinage national de Kita prévu, du 18 au 20 novembre prochain. Autant de faits qui rendent difficile la tenue de ces scrutins.