Avec son départ de Ménaka, la MINUSMA conclut la première phase de son plan de retrait du Mali

Par kibaru

Le dernier des convois de la MINUSMA à avoir quitté le camp de Ménaka, dans le nord-est du Mali, le 25 août 2023, est arrivé à Gao le mercredi 30 août 2023.

Ménaka est la dernière des quatre emprises de la MINUSMA dont la clôture était programmée durant la première phase du processus de réduction des effectifs de la Mission et de son retrait définitif du Mali, conformément à la demande des autorités de la Transition et à la résolution 2690 du 30 juin 2023 du Conseil de sécurité des Nations unies. La base temporaire d’Ogossagou avait été fermée le 3 août, suivie de l’emprise de Ber, le 13 du même mois, et de celle de Goundam trois jours plus tard.

En application de la procédure arrêtée, le départ de la MINUSMA de Ménaka a été précédée par une cérémonie officielle tenue le 25 août au cours de laquelle la cheffe du bureau de la Mission à Ménaka et le Gouverneur de la région, en tant qu’autorité civile désignée, ont signé des documents attestant le bon état du camp qui était occupé par la MINUSMA, avec une description des infrastructures s’y trouvant, et le respect par la Mission de ses obligations environnementales. La restitution formelle de cette emprise à l'État malien marque la fin de la présence de la MINUSMA dans la région de Ménaka et celle des responsabilités qui lui y étaient assignées jusqu’ici.

Dans les semaines et jours précédant le retrait de la Mission de Ménaka, une large campagne de sensibilisation a été menée tant en direction des autorités que de différents autres acteurs, y compris des acteurs de la société civile, portant sur l’action des Casques bleus pour la protection des populations civiles et la stabilisation de la situation sécuritaire. L’objectif était de faciliter, dans toute la mesure du possible, un transfert effectif de tâches aux autorités maliennes.

Le bureau régional de la MINUSMA à Ménaka a été ouvert en 2017. Initialement doté seulement d’une unité de police constituée, le bureau sera progressivement renforcé avec le déploiement de Casques bleus nigériens. Cette présence renforcée visait à appuyer plus effectivement la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger, ainsi qu’à mieux répondre aux besoins de protection des populations civiles et à faciliter la restauration de l'autorité de l'État.

Face à l’aggravation du contexte sécuritaire, en particulier depuis mars 2022, la MINUSMA intensifia ses opérations dans la localité, notamment par le déploiement de Casques bleus additionnels provenant de la base de la Mission à Ansongo, dans la région de Gao, et la mobilisation de moyens supplémentaires, y compris des capacités aériennes. La coordination avec les Forces de défense et de sécurité maliennes fut également renforcée, notamment par la conduite de patrouilles conjointes impliquant la police malienne et l’unité de police constituée togolaise se trouvant à Ménaka.

Ces mesures ont indéniablement permis d’assurer une stabilité et une sécurité relatives à Ménaka, où la plupart des déplacés fuyant la violence dans le reste de la région se sont regroupés. La ville compte 78 500 déplacés internes arrivés à Ménaka entre mars 2022 et le premier trimestre de 2023. Il convient de relever ici qu’en réponse à l’afflux massif de déplacés à Ménaka, en mars 2022, la MINUSMA, en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a fourni des abris à des milliers d’entre eux. En mars 2023, après les violences dans le cercle de Tidermene ayant occasionné l’arrivée de milliers d’autres personnes à Ménaka, la MIMUSMA à travers les Casques bleus nigériens a, dans l’urgence et comme mesure temporaire, assuré la distribution en eau potable à ces populations.

En appui aux efforts de stabilisation dans la région de Ménaka, la MINUSMA a financé un total de 38 projets, pour un montant cumulé d’environ 4 milliards de francs CFA à la fin du mois de juin 2023. Ce soutien a porté sur des domaines aussi variés que la promotion de la cohésion sociale et de la réconciliation, la santé et l’accès à l’eau, le renforcement des capacités, et des projets générateurs de revenus, notamment au profit des femmes et des jeunes.

De même, la Mission a appuyé les efforts de restauration de l’autorité de l’Etat. À cet égard, et dans le respect de la politique de diligence voulue des Nations unies en matière des droits de l’homme, un appui multiforme a été apporté aux forces de sécurité maliennes comprenant des programmes de formation et d’équipement, un soutien en transport et fourniture de carburant, ainsi que la construction d’infrastructures. La MINUSMA a aussi réhabilité et équipé le palais de justice, la maison de correction de Ménaka et la préfecture. Elle a contribué à nombre d’autres activités connexes, notamment l’appui logistique pour le déploiement d’agents de l’Etat dans la région de Ménaka.

“La conclusion, dans les délais, de cette première phase de notre plan de retrait est le résultat du travail soutenu des équipes de la MINUSMA et de la bonne coordination avec les autorités maliennes”, a indiqué El-Ghassim Wane, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et chef de la MINUSMA. “Avec ces fermetures, nous avons réduit de 25 pour cent notre empreinte géographique au Mali et nous sommes déterminés à persévérer dans cette dynamique pour conclure notre retrait d’ici au 31 décembre 2023, malgré les défis de plusieurs ordres qui devront être surmontés pour la deuxième phase du plan de retrait de la Mission”, a-t-il poursuivi.

Le Représentant spécial a également salué l'engagement des Casques bleus nigériens et togolais qui étaient basés à Ménaka, notant que « leur sens du devoir fut à tous égards, remarquable. »