Le ministère burkinabé de la sécurité a annoncé, dans un communiqué, que le bilan de l’attaque terroriste qui a visé plusieurs sites stratégiques à Ouagadougou, hier vendredi 2 mars, s’établit 8 morts parmi les forces armées burkinabé et environ 80 blessés dont une douzaine dans un état grave. Le communiqué ajoute que 8 assaillants ont également été abattus lors de l’attaque contre l’état-major l'armée.
Rappelons que ces attaques ont visé des cibles neuvralgiques dans la capitale burkinabé telles que l’ambassade de France, l’institut français, l’état-major des armées, des locaux des nations unies… un peu plus tôt des sources avaient annoncé que 28 militaires burkinabé avaient été tués lors de l’assaut contre leur camp.
Selon le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Ledrian la situation était « sous contrôle » à l'ambassade française et l'Institut français de Ouagadougou.
L'Elysée a déclaré que le président Emmanuel Macron « suit très attentivement ce qui se passe, et les ressortissants français résidant à Ouagadougou tout en les appelant à suivre les instructions de l'ambassade » et à rester dans des endroits où ils sont situés. Aucune victime française n’a trouvé la mort dans cette attaque.
Selon le ministre de la sécurité, Clément Sawadogo, c’est un véhicule bourré d’explosifs qui a d’abord été déclenché occasionnant de nombreux dégâts à l’état-major. Il a aussi ajouté qu’il y avait dans ce lieu une réunion du G5 estimant que c’est peut-être celle-ci qui était visée.
D’autres sources ont déclaré qu’au moment de l’explosion, des tirs ont été entendus dans la zone de la primature et de l’ambassade de France. Selon des témoins, cinq hommes sont sortis d’une voiture et ont ouvert le feu sur des passants avant de se diriger vers l’ambassade de France, dans le centre de la capitale du Burkina Faso.
Un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) a entendu des échanges de tirs intenses et a vu un véhicule en feu sur la chaussée – celui des assaillants, selon des témoins. Des unités de gendarmerie et de l’armée se déployaient sur les lieux a également constaté ce correspondant.
Les forces spéciales françaises de l’opération « Sabre », basées à Ouagadougou, ont été déployées. « Les forces françaises au Burkina sont intervenues en soutien à l’action de l’armée burkinabé, elles n’ont pas pris part directement à l’action », a affirmé à l’AFP le porte-parole de l’état-major de l’armée française, le colonel Patrick Steiger.
D’après le récit de certains témoins oculaires, les assaillants étaient habillés de treillis militaires et étaient à bord de véhicules de l’armée. Sans doute du matériel volé à l’armée lors des attaques précédentes sur les localités frontalières entre le Burkina Faso et le Mali.
Pour l’heure, faute de revendication, il est encore très tôt de déterminer l’identité du groupe qui a mené ces attaques. Pourtant, le mode opératoire ressemble à celui généralement utilisé par les éléments de la coalition regroupant tous les mouvements djihadistes opérant sous la bannière d’Al-Qaïda. Il s’agit du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) d’Iyad Ag Ghali qui célèbre d’ailleurs le premier anniversaire de l’annonce de sa création. C’est sans doute ce qui en partie justifie ces attaques. Toutefois, d’autres groupes comme l’Etat islamique dans le Grand Sahara d’Adnan Abou Al-Walid Al-Sahraoui ou même Ansarul islam qui agit en électron libre peuvent encore en être les autres même s’ils n’ont pas les mêmes capacités que le JNIM. En tout cas, les autorités burkinabé ont diffusé les portraits-robots de deux assaillants et ont appelé la population à collaborer dans leur identification. Tous sont de teint noir.
C’est la troisième fois que la capitale burkinabé est visée par une attaque terroriste de grande ampleur. La première fois c’était en janvier 2016 lorsqu’une attaque menée par AQMI en collaboration avec Al-Mourabitoune a visé le Splendid Hôtel et le Restaurant Cappuccino faisant une trentaine de morts dont de nombreux Occidentaux. La seconde attaque qui n’a toujours pas été revendiquée sans doute parce qu’il y avait des prêcheurs musulmans avait visé en août 2017 le café-restaurant hallal, Azizi Istanbul, faisant dix-neuf morts.
Par ailleurs, les localités burkinabé frontalières au Mali et au Niger sont régulièrement la cible d’attaques depuis le premier trimestre 2015 faisant au moins 133 morts.