Classement de la liberté de la presse dans le monde: Le Mali gagne une place, mais perd des points

Par kibaru

Comme à la fin de chaque année, l’ONG Reporters Sans Frontière a rendu public son classement mondial de la liberté de la presse. Pour RSF, un climat de haine de plus en plus marqué. Selon elle, l’hostilité des dirigeants politiques envers les médias n’est plus l’apanage des seuls pays autoritaires, même les Etats où les dirigeants sont censés être élus démocratiquement, voient la presse comme  « un adversaire pour lequel ils affichent ouvertement leur aversion ». Le Mali a gagné une place passant de la 116e en 2017 à la 115e. Toutefois, la note du pays a été dégradée de deux points.

Ainsi, pour cette année encore, ce sont 180 Etats dans le monde qui ont été passés au crible. Dans cette nouvelle édition, la Norvège reste en tête du Classement pour la seconde année consécutive, talonnée comme l’an dernier par la Suède (2e). Traditionnellement respectueux de la liberté de la presse, les pays nordiques n’en sont pas moins affectés par la détérioration générale. Pour la deuxième année consécutive, la Finlande (4e, -1), affaiblie par une affaire où le secret des sources a été menacé, baisse dans le Classement et perd sa troisième place, au profit des Pays-Bas. A l’autre extrême du Classement, la Corée du Nord (180e) conserve la dernière place.  

Dans ce classement, l’Afrique fait fortune diverse avec globalement un score qui s’est légèrement amélioré par rapport à 2017 mais qui présente également des situations très variées. L’ONG de dénoncer des coupures d’internet intervenues dans certains pays africains à l’occasion de grands événements. C’est le Ghana (23e) qui est placé en tête des pays africains en gagnant trois places par rapport à 2017. Il est suivi de la Namibie (126e), l’Afrique du Sud (28e) et le Cap-Vert (29e). En bas de tableau, on retrouve l'Erythrée (179e) avant dernière place devancée par le Soudan (174e) et le Djibouti (173e).

Le Mali se classe à la 116e gagnant une place par rapport à 2017 où il était classé au 115e rang. Toutefois, le score global du pays est de 36,15 perdant 2,12  (38,27 en 2017). A l’analyse de la situation, il ressort que la presse nationale accuse toujours le coup de la grave crise sécuritaire qui avait affecté le pays en 2012. Le meilleur rang du Mali durant ces cinq dernières années reste celui obtenu en 2013 où le pays était au 99e rang. A deux reprises, en 2014 et 2016, le Mali a été classé au 122e rang.

Pour RSF, bien que les atteintes à l’encontre des journalistes aient diminué, la liberté de la presse demeure fragile au Mali. L’ONG rappelle le blocage lié relatif à l’enquête sur l'assassinat des deux journalistes de RFI à Kidal, en novembre 2013. De plus, certaines zones dans le Nord demeure toujours dangereuse et peu accessible comme en atteste la prise d’otages de journalistes de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM) par un groupe touareg en 2014 et le meurtre d’un journaliste à Tombouctou en 2015. Aussi, RSF révèle l’existence de pressions officielles sur les questions traitant de la sécurité. Par ailleurs, elle signale que même si la presse malienne jouit d’un grand pluralisme, elle souffre d’un manque cruel de moyens et peine à s’affranchir des diktats éditoriaux de ses promoteurs. Elle précise aussi que des sujets restent tabous: deux journalistes d’investigation avaient été menacés, en juin 2017, pour avoir révélé l’implication de trois hauts dignitaires de la Conférence épiscopale du Mali dans une affaire d’évasion fiscale. Ces derniers temps ont surtout été marqués par le procès opposant le Directeur de Publication du Journal « Le Pays » à la Cour Constitutionnelle dont le verdict est attendu le 27 décembre prochain. Il y a aussi les allégations de tortures que le journaliste du site « Malimédia » Touré Elhadj Hamidou dit avoir subi impliquant un membre de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Plus récemment, c’est le candidat arrivé troisième à la présidentielle passée, Aliou Boubacar Diallo qui a déposé une plainte contre le directeur de publication du journal « Azalaï Mali » dont l’audience est prévue fin janvier prochain.

En somme, la situation de la presse est encore peu reluisante malgré des progrès réalisés par endroit.