Créé par décret depuis juin 2016, le Conseil national pour la Réforme du Secteur e la Sécurité (CNRSS) est sans aucun doute l’un des parents pauvres du processus de paix au Mali. Pourtant, c’est bien l’un des mécanismes les plus importants de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Placée sous la tutelle du Premier ministre, les principales missions de cette structure sont entre autres :Définir les orientations stratégiques et de fixer les priorités nationales en matière de réforme du secteur de la sécurité ; Valider les projets de stratégie nationale et de plans à court, moyen et long terme ; Contribuer à l’intégration des combattants dans les corps constitués de l’État et des forces de défense et de sécurité, en collaboration avec la commission d’intégration ; Procéder à une évaluation détaillée du système de défense et de sécurité ; Veiller à la mobilisation des ressources induites pour la réforme ; de décider les mesures correctives au cours du processus de réforme ; d’arbitrer et valider les budgets proposés par la Cellule de coordination et de veiller à la mobilisation des ressources induites par la réforme.
Ainsi, son importance dans le processus de paix n’est plus à démontrer. C’est d’ailleurs, ce comité qui devrait valider les travaux menés par la Commission Nationale du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion (CNDDR) et la Commission Nationale d’Intégration (CNI). S’y ajoute la nouvelle armée nationale reconstituée dont fait référence l’accord et qui devrait être déployée sur l’ensemble du territoire national.
Toutefois, force est de reconnaitre que le CNRSS fait face à de nombreuses contraintes du fait de la colère de certains de ses membres. Lesquels se plaignent de n’avoir jamais touché la moindre indemnité depuis leur nomination. C’est dans ce dénuement le plu total qu’ils ont également passé la fête de la Tabaski. Une situation qui ne fait qu’augmenter la frustration de certains membres de cette structure. A telle enseigne que des menaces de boycott des travaux sont brandies. Ce qui représenterait un véritable coup dur pour l’ensemble du processus de paix.
Ainsi, bien que la plupart des mécanismes et organes prévus par l’accord soient confrontés à des problèmes de budget, pour le cas du CNRSS c’est encore plus flagrant. Ce, d’autant plus qu’il est chargé de pencher sur la planification de la réforme de l’armée pour l’adapter aux différentes menaces actuelles à travers l’équipement des forces armées et de sécurité de moyens adéquats. Une adaptation, comme l’avait rappelé l’ancien chef d’Etat-major général des armées, le général de division Mahamane Touré, qui devrait nécessiter "l’accompagnement des hommes politiques et des citoyens". A ce sujet, il convient de signaler que bon nombre de partenaires avaient pourtant promis d’accompagner cette structure et de lui prêter toute l’attention et la considération qu’elle mérite.
Malheureusement, cette promesse peine à se concrétiser. Augmentant la frustration des membres et renforçant l’incertitude autour du processus de restructuration de l’armée qui devrait être opérée sous la supervision des instructeurs militaires de la mission de formation de l'Union européenne (EUTM), avec l'objectif de professionnaliser les soldats maliens pour qu'ils soient capables de sécuriser le pays contre les attaques.