Très attendue, le gouvernement a finalement décidé d’organiser la Conférence d’Entente Nationale, du 27 mars au 2 avril prochain. Une décision prise à l’issue Conseil des ministres extraordinaire tenu le samedi 18 mars dernier. Toutefois, depuis cette annonce, les langues ne cessent de se délier. D’où la demande de report évoqué par certains. En tout cas, deux poids lourds du processus de paix à savoir la CMA et la Plateforme ont annoncé leur intention de bouder cette rencontre prétextant leur non implication dans les travaux préparatoires ni dans l’élaboration des termes de référence.
De nombreux acteurs du processus de paix comme les responsables de mouvements signataires et même des partis politiques ont demandé un report en vue d’une meilleure préparation de cet événement censé couronner le retour définitif de la paix au Mali.
En fait, ce que dénoncent certains, c’est l’exclusion d’acteurs clés dans l’organisation de ce grand rendez-vous. Ainsi, d’aucuns ont critiqué le fait que les rencontres préparatoires de cette conférence n’ont pas été tenues à Kidal d’où est partie la rébellion de 2012. S’y ajoute que seules les grandes agglomérations comme Gao et Tombouctou ont été concernées.
Par ailleurs, beaucoup qualifient cette Conférence de fourre-tout puisqu’aucune lisibilité ne s’y dégage. En effet, selon l’esprit et la lettre de l’accord, la Conférence d’Entente Nationale doit exclusivement trancher des sujets de division tels que le concept « Azawad » définit par ce document comme « une réalité socio- culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du NORD MALI ». Alors que nulle part, dans le communiqué sanctionnant les travaux du Conseil des ministres du 18 mars, cette notion n’apparait comme un grand thème à débattre.
Cette conférence devrait aussi permettre de se pencher sur les raisons des résurgences des crises sécuritaires afin que la page des rébellions armées soient définitivement tournée dans la partie septentrionale du Mali. Cependant, à la manière dont elle est préparée, il semble que ce sont toutes les préoccupations de la vie de la nation qui y seront débattues et solutionnées. Ce qui est loin d’être le cas.
Ainsi, la CMA et la Plateforme ont rappelé dans un communiqué que les conditions actuelles sont loin de permettre une bonne organisation de cette rencontre. Les dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali qui doivent la précéder ne sont toujours pas mises en œuvre. C’est ainsi qu’elle a cité le blocage de l’installation des autorités intérimaires notamment à Tombouctou et Taoudenit, la non-opérationnalisation des patrouilles mixtes, l’arrêt du processus de retour des réfugiés, l’absence de l’Etat dans plusieurs régions du pays à cause de l’insécurité, le retard dans le démarrage du processus de cantonnement, la non mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, l’inactivation de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) etc. Selon un observateur averti, à l’allure où vont les choses, on a l’impression qu’il s’agit d’une occasion pour renégocier l’accord alors que les dispositions phares de celui-ci ne connaissent toujours pas un début d’exécution serein.
La CMA et la Plateforme ont proposé que la date du 27 soit consacrée au lancement d’un processus visant à faire aboutir la mise en œuvre de l’accord. Elles voudraient également être impliquées dans toutes les démarches allant dans le sens de l’adoption d’une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale.