Les faits remontent au samedi 20 août dernier, lorsque la douane malienne a mis la main sur 25 cartons de munitions de guerre dans un car de la compagnie « Nour Transport » en provenance du Sénégal. Le convoyeur de ces munitions répond au nom de Moussa Ndiaye, un officier de la police du Sénégal. Après investigation, il est apparu que c’est un casque bleu de la MINUSMA et que son matériel était destiné au contingent sénégalais basé à Gao. Toutefois, il y a encore beaucoup de zones d’ombre autour de cette affaire, car l’homme ne détenait aucun ordre de mission. S’y ajoutent les propos quelque peu étranges du chauffeur, qui déclarait qu’il s’agissait de vieilles ferrailles. Le moyen de transport utilisé est tout aussi inhabituel.
L’affaire des munitions de guerre découvertes par les douaniers maliens au poste frontalier de Diboli continue de faire couler beaucoup d’encre. Son convoyeur, qui est un officier de police du Sénégal, n’avait pas daigné répondre lorsque le chauffeur était interrogé par les douaniers. Il aura fallu qu’il soit montré du doigt pour qu’il révèle son identité. Comme pièces, le dénommé Moussa Ndiaye avait par devers lui des documents des Nations Unies, son passeport et une pièce d’identité. Il n’avait aucun ordre de mission, juste un document indiquant bordereau de livraison : Direction Nationale de la Sureté Nationale du Sénégal Armement DM. Bordereau d’envoi N°6421 du 19 août 2016. Ce qui avait intrigué les douaniers qui ont remis les munitions, le car, le conducteur et l’agent de police sénégalais à la gendarmerie de Kayes qui a ouvert une enquête.
Dans une clarification apportée par la MINUSMA sur cette affaire qu’elle qualifie d’«incident », celle-ci affirme que le lot saisi de 25 caisses contenant 7.500 munitions était destiné à réapprovisionner l’Unité de Police Constituée du contingent sénégalais, déployée au sein de la MINUSMA dans la région de Gao. Concernant l’identité du convoyeur Moussa Ndiaye, il est décrit comme un officier de cette même unité. Par ailleurs, on nous apprend aussi qu’après vérification, « ce lot de munitions a été convoyé à Bamako sous l’escorte de la Gendarmerie de Kayes. Et qu’elles seront acheminées par transport aérien par la MINUSMA à destination de GAO pour y être livrées au Contingent concerné. La mission rappelle aussi que les pays contributeurs de police ont la charge de fournir et d’assurer par leurs propres moyens la provision du matériel requis à leurs contingents et éléments déployés dans le cadre des missions de maintien de la paix. Et que dans le cas d’espèce, le pays contributeur, en l’occurrence le Sénégal, a été notifié et a indiqué que toutes les mesures seront prises pour éviter qu’un tel regrettable incident ne se reproduise». Malgré tout le mal est déjà fait.
Ce n’est pas la première fois qu’une affaire d’armes agite l’axe Dakar-Bamako. Déjà, en 2014, la découverte d’une grande quantité d’armes en destination du Mali, sur le navire le Sea Soul 1 qui a coulé au large de Dakar avait fait grand bruit. Le gouvernement malien a nié que le lot lui était destiné alors qu’officiellement le chargement appartenait à Abdoul Aziz Mangané, le PDG de Carma Mali, présenté comme un armurier régulièrement sollicité par le gouvernement pour fournir les forces de sécurité en armes de petit calibre et en munitions. Jusqu’ici cette affaire n’a toujours pas révélé tous ses secrets.
Il en est de même pour une autre opération survenue au mois d’avril dernier qui a conduit les gendarmes sénégalais à procéder à la saisie de 150 fusils d’assaut de marque kalachnikov aux mains de 15 personnes dont 12 Maliens et trois Sénégalais, dans la localité de Tambacounda, dans le Sénégal oriental. Et maintenant cette nouvelle affaire qui implique la mission onusienne au Mali. Déjà, il convient de rappeler que celle-ci est sous le feu des critiques depuis que des munitions lui appartenant ont été découvertes aux mains de l’un des groupes armés lors des récents affrontements meurtriers survenus à Kidal et ses alentours. On ignore comment elles ont atterri entre ces mains étrangères à la mission.