Lors d’une rencontre improvisée avec la presse en marge du séminaire de haut niveau sur le thème « Réponses efficaces et durables contre le terrorisme : Approche régionale» le commissaire pour la paix et sécurité de l’Union africaine, Smaïl Chergui est revenu sur les principales questions abordées et examinées.
Le responsable, a tout d’abord, tenu à préciser que la rencontre d’Oran s’inscrit dans le cadre du mandat attribué au Président de la République, Abdelazziz Bouteflika, par ses homologues africains pour coordonner et harmoniser les efforts de l’Afrique dans le combat contre le terrorisme et l’extrémise violent. «Ce séminaire de haut niveau visait à la fois à prendre le pouls des défis actuels en écoutant les Etats membres venus nombreux à Oran, et également, à échanger les expériences avec les partenaires qui sont présents avec nous. Nous avons choisi, cette fois çi, d’aborder et d’évaluer toute l’architecture de l’Union africaine de la lutte contre le terrorisme et du crime organisé et donc, nous avons beaucoup insisté sur le lien entre les activités terroristes et l’économie criminelle» a-t-il affirmé. Pour ce responsable, toutes les activités auxquelles s’adonnent ces trafiquants de drogue de cigarettes et des êtres humains, trouvent leur meilleure expression, aujourd’hui, dans le phénomène de la migration illégale. Les participants ont voulu, cette fois, insister, sur tous les réseaux de financement du terrorisme et comment les combattre. «Quand nous étions au sommet de l’Union européenne et l’Union africaine à Abidjan, il y a quelques jours, certains chefs d’Etats ont détaillé ces réseaux qui sont extrêmement puissants dans non seulement, en Afrique de l’Ouest, mais également en Europe et au Moyen-Orient. Il s’agit maintenant de couper ces liens et détruire ces réseaux et assécher ses sources de financement. On parle de centaines de millions et donc vous voyez bien le défi que nous devons relever.
Des armes très sophistiquées circulent en Libye, souvent venant du Moyen-Orient
Ensuite, nous allons faire le point des efforts que nous menons pour renforcer les capacités des Etats membres de l’OUA. Il s’agit là, d’un un effort extrêmement vital, parce que nous avons beaucoup de pays qui, face au terrorisme se retrouvent très affaiblis sinon dans une situation d’infériorité. Par exemple, nous évoquons les armes très sophistiquées en Libye et qui souvent viennent du Moyen-Orient. Il faut le dire, car ce sont des situations sur lesquelles nous devons parler clairement, parce qu’il y va de la stabilité et la sécurité de toutes ces régions. Au jour d’aujourd’hui, il s’agit non seulement d’avoir un œil critique sur toutes ces mesures et toute ces institutions que nous avons créées que ce soit le Centre africain d’Etude et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT) ou du mécanisme Africpol (Coopération policière de l’Union africaine), le processus de Djibouti, celui de Nouakchott, ou bien nos missions sur le terrain pour combattre les terroristes dans la région du lac Tchad, les chababs en Somalie, également au Sahel, qui aujourd’hui, devient évidemment l’épicentre du terrorisme», a assuré M. Chergui. Ce dernier estime que les Africains doivent absolument changer cette donne, parce qu’elle est, dit-il, en train de s’étendre. Ainsi, poursuit-il «il y a actuellement cette initiative de la force des 5 pays du sahel que nous soutenons car il s’agit d’une contribution des Etats de la région, comme celle de la force multinationale mixte qui combat actuellement Boko Haram. Nous pensons que ces forces ad-hoc doivent quand même être localisées et obéir à notre architecture de paix et de sécurité. Il faut que l’autorité de l’Union africaine soit affirmée. Donc, aujourd’hui, nous soutenons les efforts pour que ces pays aient les moyens de lancer cette force. Au moment où nous parlons, se tient une conférence à Bruxelles ministérielle pour justement examiner les moyens de son financement» dit-il. M. Chergui a encore une fois, insisté sur l’inefficacité du tout sécuritaire «La réponse sécuritaire ne suffit pas. Il faut évidemment investir dans le développement, dans l’éducation et déployer tous les moyens pour empêcher que de nouveaux jeunes se radicalisent. Il faut aussi travailler pour déradicaliser ceux qui retrouvent le droit chemin». Le commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine M. Smaïl Chergui est revenu sur le rôle qu’occupe l’Algérie au sein de l’Afrique en matière de lutte contre le terrorisme «le Président de la République, Abdelazziz Bouteflika, est appelé à continuer cet effort en particulier la question de la déradicalisation. Cela nous permet, non seulement de réintégrer nos enfants dans le tissu social, et faire en sorte de leur éviter qu’ils soient manipulés et utilisés contre la sécurité et le développement économique de leur propre pays, mais si on traite bien de cette question nous pourrons aussi éviter que d’autre se radicalisent. Il s’agit évidemment à, l’occasion, de développer une véritable campagne médiatique, d’ailleurs nous avons besoin de la presse, pour d’abord, déconstruire le message des terroristes afin de remettre sur le droit chemin ces jeunes qui ne demandent qu’a être aidés».
Migrants retenus en Libye : « il faut des attachés consulaires pour aider les ressortissants de leurs pays à rentrer chez eux »
Quelle est la position de l’Union africaine vis-à-vis de la proposition de la France appelant à une intervention internationale pour évacuer en urgence les migrants ? En réponse à cette question, M. Chergui a fait savoir qu’il a participé à deux réunions de haut niveau lors desquelles ce dossier a été abordé «Ces réunions ont regroupé le secrétaire général des Nations unies et son homologue de l’Union africaine, le commissaire pour la paix et la sécurité et le président de la commission de l’Union européenne et sa vice-présidente, Mme Mogherini. Ce qui a été retenu est la création d’une task force, un mécanisme pour ces trois organisations pour aborder la question libyenne. Actuellement, nous focalisons nos efforts pour permettre aux migrants retenus en Libye de rentrer chez eux. Nous avons demandé aux pays concernés de déléguer des attachés consulaires afin qu’ils délivrent à leurs ressortissants les documents nécessaires pour pouvoir rentrer dans leur pays. En ce qui concerne le transport, notamment aérien, cela ne présente aucun problème Mais nous avons un devoir moral de s’occuper des africains retenus dans des conditions inadmissibles et insupportables. Nous avons aussi le devoir de les libérer des terroristes et des trafiquants d’êtres humains». Il ne s’agit pas d’une intervention militaire. D’ailleurs nous ne croyons pas à une solution militaire en Libye. Il y a une coopération avec les autorités libyennes et avec les Nations unies et l’Union africaine afin d’accomplir notre devoir vis-à-vis de nos compatriotes retenus en Libye »
Risque et menace terroriste, il y a un dialogue avec les USA
A une question du journal sur la position de l’OUA sur la liste rendue publique par le département d’Etat sur les pays à risque au lendemain de la décision prise par le président américain Donald Trump de transférer le siège de l’ambassade de son pays vers El Qods, M. Smail Chergui, a fait savoir que l’organisation qu’il dirige n’a pas été consultée sur cette liste. Il explique toutefois, que «ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis élaborent ce type de listes. La dernière a même inclu le Tchad comme un pays à risque alors que ce dernier a toujours fait des efforts remarquables pour la lutte antiterroriste. Il y a un dialogue, avec les Etats-Unis, mais évidemment, pour ce dossier presque ad-hoc de passage, nous n’avons pas eu d’interaction . Le dialogue est toujours privilégié pour expliquer et expliciter ce genre de mesures qui sont prises sur des éléments que nous n’avons pas et donc il me semble difficile moi-même d’en juger. Mais nous continuons à appeler au dialogue et à l’échange d’informations cela nous permettra, peut être de prendre des mesures conjointes, sauf que ce n’est pas le cas pour le moment» a-t-il indiqué.*
Amel Saher-elmoudjahid.com