La MINUSMA ferme ses derniers camps et quitte le Mali Des manœuvres diplomatiques au Mali

De la permanence de l’insécurité dans le Macina : Bienvenue aux terroirs livrés à tous les vautours

Par kibaru

Au lendemain de l’attentat perpétré par des bandits armés enturbannés en date de 16 Janvier 2015 contre  la ville de Ténenkou, en région de Mopti, surgirent des sigles singuliers  en quête  d’espace d’insertion  dans le lexique contemporain du terrorisme international. Et ils furent mis en  emphase  par  la résurrection excitante du nom d’un prédicateur flamboyant, porté disparu depuis la fantastique Odyssée de Konna  2013.

Le FLM, pour Front de Libération du Macina,  a été, depuis, en effet, soupçonné  par des leaders politiques, des organes de presse et des chercheurs, d’être impliqué dans presque tous  les attentats  au centre et au sud de notre pays : Ténenkou, Hamdallaye, Dogo, Hôlel Byblos de Sévaré, Carrefour de Djenné, Misséni, Fakola,  Barkérou, Ouenkoro… et plus récemment Hôtel Radisson Blu de Bamako.

Et un certain Hammadoun Koufa d’être désigné à la fois comme Lance et Bouclier du Front supposé être animé principalement par des illuminés et des nostalgiques de la communauté peule.

En attendant la publication d’un Manifeste fondateur dudit FLM, avec Hammadoun Koufa comme Seigneur, s’il y a lieu,  et  l’authentification  des  revendications restées jusque – là  hypothétiques, nous suggérons aux communicants de tous horizons de  manier leur art avec la prudence verbale et la responsabilité qu’impose la situation actuelle de notre pays. Et ce, d’autant plus que meurtri par tant d’années  de souffrances, en quête continue de la cicatrisation de blessures rebelles, notre Mali n’a aujourd’hui besoin ni de nouveaux Cassandres,  ni d’un nouveau  Néron. Il nous revient de  bannir les propos pernicieux, de honnir les stigmatisations sibyllines, de nous prémunir des raccourcis aux consonances sataniques… pour reconstruire la Paix qui peine à s’installer.

A propos donc de Hammadoun Koufa et de « son » Front de Libération de Macina, les prochains jours, les prochains mois devraient nous édifier. Que nul ne se presse ni d’infirmer catégoriquement, ni de confirmer indubitablement.

Mais en attendant la métamorphose du potentiel, nous sommes fondés à soutenir qu’aucun défenseur des valeurs et du devenir du  Macina ne saurait  profaner le mausolée du Vénéré Sékou Amadou, fondateur de l’Empire théocratique du Macina,  fusiller à bout portant le digne  chef de village de Dogo (cercle de Youwarou), égorger cyniquement, sauvagement,  l’érudit imam de Barkérou, (cercle de Niono), proférer des menaces de mort contre des descendants du pieux  Sékou Salah SIBE que se partagent Wouro Boubou (cer  …cle de Ténenkou) et Bandiougou (cercle de Bandiagara) …  au nom de l’islam,  pour la « libération  du Macina ».

Car, c’est bien là des symboles de la magnificence et de  la fierté des terroirs  du Macina qui ont été ainsi altérés, blasphémés, souillés. Que nenni! Scrutez d’autres horizons. Au demeurant, la perspective  d’un scénario  antithétique devra être envisagée, redoutée : celle de l’occupation programmée du Macina.

Et c’est pour déjouer ce plan machiavélique dont les indices sont perceptibles que nous invitons tous ceux  dont la bonne foi a pu être abusée par des informations conçues dans des laboratoires caverneux, tous ceux qui ont dû être  embrumés et enfumés  par de promesses paradisiaques, tous ceux tentés  par les mirages et  hantés par les miracles,  de rejoindre la Coalition  pour le Développement du Macina en construction…pour ce combat qui vaille.

Oui ! Il  reste irréfuté  que le Macina est ce terroir aux taux de scolarisation et d’alphabétisation  les plus bas du pays, celui de la couverture sanitaire laminée et celui  du tissu social calciné par des conflits centenaires  autour des fonciers, entretenus à dessein. Oui ! Il est confirmé que le Macina est ce terroir affamé  par l’assèchement  artificiel du Delta  vif du Niger,  étouffé  par la dégradation continue d’une  route dont la construction ne cesse d’être financée (la Route Macina – Diafarabé-Ténenkou). Oui ! Il n’y a aucun doute que le Macina est le seul terroir du Mali indépendant où des dizaines de  citoyens  peuvent être tués et leurs corps plongés dans les profondeurs d’un puits, sans émouvoir le Pouvoir, sans alerter quelque Défenseur de droits humains. Nul ne fut Dioura, nul n’aura été  Doungoura, nul n’a été Ténenkou. Oui ! Il n’est pas démenti que le cœur du Macina est le terroir aux communes aujourd’hui encore sans administrateurs. Non ! Il n’est que là-bas que des bandits armés peuvent rafler, rançonner et continuer à roucouler, à ronronner et à ronfler… sereinement.

De grâce ! Que nul ne s’étonne  que de faux vrais fronts et de vrais faux fronts  se forment, se déforment et se reforment dans un no man’s land

Nous soutenons que  la cristallisation des sentiments d’abandon, l’accroissement continu des frustrations, l’obstruction des chemins qui mènent   vers l’espoir sont de nature à conduire les esprits fragiles  à des actes désespérés, à des actions insensées. Nous devons y prêter une attention soutenue. Nous avons mission de libérer le Macina des obscurantismes tentaculaires, en célébrant  une nouvelle espérance : celle de l’ensemencement de  la justice, de la germination  de la tolérance et de la moisson du mieux – être par  chacun et pour tous.

Le développement du Macina  avec  tous et pour tous est l’antidote qui étouffera  toutes les tentations, enfouira toutes les velléités, enfermera  tous les intentions malsaines. Nous en avons les moyens. Donnons-nous en la volonté.  Et c’est à cet effort que la Coalition pour le Développement  du Macina invite l’Etat malien et ses partenaires au développement, les amants et les amis du Macina et du Mali, mais aussi les présumés membres du Front de Libération du Macina. Occupons-nous enfin du Macina avant qu’il soit entièrement occupé par ceux qui en veulent.                                                                                    

Dr. Témoré TIOULENTA

Sociolinguiste ancien député