Education : une promesse de 2,3 milliards de dollars pour les pays pauvres

Par kibaru
Les présidents français et sénégalais et la présidente du Conseil d'administration du Partenariat mondial pour l'éducation, à la tribune du Sommet de Dakar - Crédit image: GPE/Heather Shuker

La troisième conférence de financement du Partenariat mondial pour l'éducation (PME) s'est achevée vendredi à Dakar sur une promesse de dons de 2,3 milliards de dollars.

Ces résultats sont loin des 3 milliards fixés comme objectif par les organisateurs, même s'ils représentent une augmentation de 1,7 milliard par rapport aux contributions des trois dernières années.

“il s'agit d'un combat pour lequel nous n'arrêterons jamais de nous battre jusqu'à ce que chaque garçon, chaque fille, ait accès à l'éducation.”

Roby Rihanna Fenty

Toutefois, plusieurs pays donateurs ont précisé qu'ils vont apporter des contributions à travers d'autres fonds, au cours de la période de financement.

Le PME soutient les gouvernements des pays à faible revenu et certains pays à revenu intermédiaire pour renforcer leurs systèmes éducatifs, en développant de solides plans sectoriels de l'éducation dans lesquels les fonds sont consacrés aux domaines prioritaires, en vue d'améliorer la qualité de l'éducation.

Le pays hôte, le Sénégal, a annoncé une contribution de 2 millions de dollars, soit près d'un milliard de francs CFA, pour la reconstitution des fonds du PME.

Pour sa part, la France, outre une aide bilatérale de 100 millions d'euros à travers l'Agence française de développement (AFD), a promis d'accorder 200 millions d'euros.

Le président français, Emmanuel Macron, a appelé à concentrer "cette aide sur les Etats les plus touchés par le terrorisme et à mettre un accent sur l'éducation des jeunes filles, partout où on veut promouvoir l'obscurantisme et la violence… Il n'y a qu'une réponse face à l'obscurantisme, aux discours de violence, aux violences : c'est l'éducation".

Le sommet de Dakar a connu la participation d'une douzaine de chefs d'Etat, une soixantaine de ministres et plus d'un millier de personnes venues, notamment de l'Unesco, de l'Unicef, de la Banque mondiale, de la société civile, de fondations philanthropiques et d'organisations du secteur privé.

La chanteuse Roby Rihanna Fenty, ambassadrice de bonne volonté pour l'éducation, a déclaré devant les participants qu'un long chemin reste à parcourir car "il s'agit d'un combat pour lequel nous n'arrêterons jamais de nous battre jusqu'à ce que chaque garçon, chaque fille, ait accès à l'éducation."

Les engagements pris à Dakar devraient permettre au Partenariat mondial pour l'éducation d'atteindre son objectif, à savoir une contribution de 2 milliards de dollars par an d'ici 2020 dédiée à la planification sectorielle et aux services d'éducation, afin de soutenir l'apprentissage, l'enseignement technique et la promotion de la science dans les pays en développement.

A Dakar, plus de 50 pays en développement se sont engagés à augmenter leurs dépenses dédiées à l'éducation durant les deux prochaines années, pour atteindre 110 milliards de dollars, contre 80 milliards de dollars de 2015 à 2017. Parmi eux, plus des deux tiers auront atteint d'ici 2020 l'objectif de 20% du budget total consacré au secteur de l'éducation.


Scolariser 300 millions d'enfants

Les présidents du Burkina Faso, de Centrafrique, du Ghana, du Mali, du Niger et du Tchad, présents à Dakar, ont souhaité une mobilisation plus accrue pour la scolarisation de près de 300 millions d'enfants.

Abdel Rahamane Baba-Moussa, maître de conférences en sciences de l'éducation et secrétaire technique permanent du plan décennal pour le développement du secteur de l'éducation au Bénin, qui a pris part à la rencontre de Dakar, estime dans une interview avec SciDev.Net que le sommet constitue un progrès, car il affiche de réels efforts, mais ceux-ci restent loin des besoins attendus sur le terrain.

Le sommet s'était en effet fixé un objectif de 3 milliards de dollars d'engagements de financement.

Le professeur Baba-Moussa ajoute que l'important, désormais, est de bien suivre les résultats de Dakar pour veiller à la mise à disposition effective des fonds : "ce travail revient aux institutions onusiennes, au Conseil de sécurité et bien sûr à nos différents Etats qui doivent surtout veiller à l'application des plans sectoriels. C'est un travail collectif que nous devons faire pour que toutes les promesses et les engagements soient respectés", ceux des bailleurs comme des pays africains.

Mais l'Afrique doit éviter de trop dépendre de l'aide internationale pour ne pas être impactée par les éventuels problèmes que rencontreraient les bailleurs.

C'est l'avis du président ghanéen, Nana Akufo-Addo qui, dans un discours très applaudi, a suggéré de mieux lutter contre la corruption et les détournements de fonds.

"Une commission dirigée par l'ancien secrétaire général de l'ONU, Koffi Annan, avait donné le chiffre de 50 milliards de dollars américains qui, chaque année, sortent du continent africain. Si cet argent était mobilisé, il pourrait servir à financer l'école", a déclaré Nana Akufo-Addo.

Selon lui, l'Afrique doit opérer un changement de paradigme dans l'école, "pour ne pas être surprise par la révolution technologique qui est en train de changer complètement le monde".

Le sommet de Dakar a enregistré l'entrée des Émirats Arabes Unis qui deviennent le premier bailleur de fonds arabe, avec une promesse de 100 millions de dollars de contribution.

Un communiqué du PME signale que ces soutiens sans précédent vont permettre de "se concentrer sur les enfants les plus exclus et les plus vulnérables et s'efforcer d'élargir son aide à 89 pays, dans lesquels vivent 870 millions d'enfants et 78% des enfants non scolarisés dans le monde."

scidev