C’est le dimanche 24 janvier dernier qu’ont pris fin les travaux d’un forum inter et intracommunautaire de la région de Mopti, sous la présidence du ministre de la réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed. A la lumière des interventions des uns et des autres, il a été convenu d’une plus grande implication des populations dans la sécurisation et la gestion effective des préoccupations qui surviennent dans leurs terroirs. Aussi, il s’agissait de réaffirmer l’engagement de toute la 5e région dans le processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation.
Pour la circonstance, la salle de conférence du gouvernorat était archicomble. Les participants issus des huit cercles de la région ont convergé vers la même direction afin qu’une réponse adéquate soit trouvée à leurs préoccupations. Notons que cette région a récemment basculé vers une insécurité grandissante liée aux conséquences de l’occupation des régions du nord par les groupes armés narco-terroristes. Une situation favorisée par le fait que cette région est généralement celle des conflits et des litiges par excellence. Ainsi, à travers cette rencontre initiée par les associations Tabital Pulaku et Ginna Dogon, il s’agissait de faire en sorte que les communautés soient mieux impliquées dans le règlement des conflits à travers le dialogue et la concertation.
Vers une plus grande autogestion
Dans les recommandations formulées à l’endroit des autorités, elles ont demandé à être soutenues pour créer dans toutes les localités de la région des cellules de veille composées de jeunes et de chasseurs ou à défaut créer dans les communes sensibles et d’accès difficiles des brigades de vigilance. Elles ont aussi prévu de redonner à la chefferie traditionnelle le rôle qui leur est dévolu dans la société à savoir la gestion et le règlement des conflits à l’amiable. Dans le même cadre, elles ont souhait une révision du dispositif législatif pour mieux déterminer les pâturages et couloirs de passages des animaux. S’agissant de la mise en œuvre de l’accord, elles ont demandé aux autorités de diligenter les mesures exceptionnelles de confiance prévues dans ce document pendant la période intérimaire, l’implication d’un plus grand nombre des jeunes et des femmes de la région au sein des structures en charge de cette question, le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité à travers l’équipement, la formation avec l’appui dans les opérations par les forces internationales… Sans oublier l’attribution à la région de Mopti très éprouvée par la crise des mêmes avantages que ceux du nord.
Dans son mot, le ministre Zahabi a salué les initiateurs de cette activité. Il a rappelé que Mopti a toujours été le point de départ de toutes les négociations qui ont conduit à la conclusion d’un accord. Il a remercié la coordination des ressortissants de Mopti, une structure qui s’active dans tout ce qui concerne le bien-être des fils de la région. Il a promis que son département n’hésitera pas à soutenir toute initiative visant à rétablir la paix dans tout le Mali.
Les propositions pour une meilleure gestion de la question sécuritaire
Toutefois, il n’a pas manqué de donner des pistes de réflexion pour que les populations s’engagent davantage vers cette dynamique. C’est ainsi qu’il a insisté sur le fait que la sécurité n’est pas seulement l’apanage des forces armées et de sécurité maliennes, mais surtout de la population. Pour lui, tant que celle-ci ne s’implique pas réellement, la sécurité sera difficilement rétablie. Il a appelé les habitants à collaborer sincèrement avec les autorités et à ne pas couvrir tout acte suspect même s’il est commis par l’un de leurs proches. Selon lui, les forces de sécurité qui sacrifient leur vie pour défendre la patrie et ses fils méritent tout le soutien du peuple malien. S’agissant des conflits généralement liés à la gestion des ressources naturelles, il a demandé aux uns et aux autres d’être plus ouverts, car actuellement tout est en train de se raréfier. L’occasion pour lui d’insister sur le fait qu’il y a une nécessité de revoir les textes dans ce domaine dont certains ne sont plus en adéquation avec nos réalités. Aussi, il a souhaité une plus grande communication et un partage de l’information par les leaders communautaires à leurs bases. Il souhaite ainsi qu’une restitution fidèle soit faite en direction de toute la population. Il a par ailleurs noté que ce genre de rencontres entre dans le cadre de l’application sereine, inclusive et réelle de l’accord.
Conférence d’entente nationale prévue dans le dernier trimestre 2016
C’est ainsi qu’il a révélé que ces initiatives s’inscrivent en droite ligne avec les préparatifs de la conférence d’entente nationale prévue dans le dernier trimestre de cette année. D’ici là, des mécanismes seront clarifiés pour que chaque région puisse envoyer des délégués qui auront la lourde tâche de travailler sur l’élaboration d’une charte d’entente nationale. Il a aussi salué la présence des mouvements armés à cette rencontre, ce qui prouve leur engagement à participer à l’édification de la paix.
