Forum intercommunautaire de Gao: La Cité des Askia se mobilise en faveur du retour de la paix

Par kibaru

La place de l’Indépendance rénovée de Gao a servi de cadre, le mardi 10 novembre dernier, à la tenue d’un forum inter et intracommunautaire. C’est le ministre de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed qui a officiellement lancé les travaux de cette rencontre. C’était en présence des autorités municipales et administratives de la ville, des élus de la région, des leaders religieux et communautaires, des représentants de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation ainsi que ceux des groupes armés signataires de l’Accord de paix. A ceux-là s’ajoutent le chef du bureau de la MINUSMA à Gao, Mohamed Al Amine Souef et des cadres de l’Opération Barkhane.      

Organisée sous l’égide du ministère de la Réconciliation nationale, cette rencontre de Gao a mobilisé une foule des grands jours. Ainsi, sur les 350 participants attendus ce sont plus de 500 qui ont effectué le déplacement. Pour la circonstance, quatre thèmes étaient à l’ordre du jour. Il s’agit de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le rôle des communautés pour atténuer la méfiance et la suspicion entre elles, l’implication des communautés à la base dans la gestion de l’insécurité résiduelle, et enfin sur les pistes de solutions pour amorcer le dialogue entre les communautés en conflit. Cette rencontre vise donc à instaurer un dialogue franc et sincère entre les différentes communautés pour le rétablissement progressif de la confiance en leur sein. Ce, à travers l’appui que leur offre le ministère de la Réconciliation en faveur du retour de la cohésion sociale, la prévention et l’atténuation des conflits. A la lumière des échanges qui ont eu lieu en toute franchise, les différents intervenants ont témoigné de leur attachement au dialogue afin d’assoir la paix et la stabilisation au Mali. Toute chose qui demeure de bon augure pour une mise en application rapide de l’accord de paix signé le 15 mai et parachevé le 20 juin dernier. Ce, d’autant plus que des forces hostiles à la paix s’activent pour faire échouer les acquis obtenus à travers le processus d’Alger.

Dans son mot, le ministre de la Réconciliation nationale a appelé à une mobilisation générale en faveur de la paix. Il a affirmé que ces échanges constituent le départ d’une nouvelle phase de la mise en œuvre de l’accord. C’est dans ce cadre qu’il a rassuré sur le fait que la quasi-totalité des structures prévues par ce document de paix ont été installées. Il s’agit entre autres, du Comité de suivi de l’accord, de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, etc. Il a rappelé que Gao a toujours joué un rôle de premier plan dans le cadre du retour de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble. Pour lui, Gao a montré la voie en organisant ce forum qui sera une expérience à rééditer un peu partout au Mali. Avant d’appeler les Maliens à s’inspirer des anciens rois du Mali qui ont toujours été des dirigeants fédérateurs, bâtisseurs et travailleurs. Abondant dans le même sens, l’un des initiateurs de la rencontre de Gao, ancien député à l’Assemblée nationale du Mali, Abou Zeïdy a mis l’accent sur la nécessité de s’appuyer sur nos repères pour réconcilier les Maliens et se mettre au travail pour développer le pays. Pour sa part, le président de la commission d’organisation, Arboncana Boubèye Maïga a révélé que le nombre de participants attendu a dépassé leurs estimations. Il estime que cette rencontre est un bon départ pour une mise en œuvre de l’accord de paix par les populations qui doivent se l’approprier. Quant au chef du bureau de la MINUSMA à Gao, il a souhaité que ces « journées d’échanges soient pour tous, un moment de mobilisation, de réflexion et d’engagement de tous les acteurs de la société de cette riche région à œuvrer ensemble pour la réconciliation et le retour définitif de la paix ». Avant de réitérer la disponibilité de la mission onusienne à appuyer le processus de paix en cours en ne ménageant aucun effort pour soutenir toute action tournée vers la réconciliation et la paix durable. Selon de nombreux observateurs face à la lenteur et aux atermoiements dans la mise en œuvre de l’accord, ces rencontres constituent une alternative crédible pour l’adhésion totale de toutes les communautés à ce document de paix et aux valeurs du vivre ensemble.

A l’issue des travaux, les participants ont formulé les recommandations suivantes :

Veiller à l’application correcte de l’accord dans son inclusivité notamment le processus de DDR et le redécoupage administratif efficient avec la création de nouvelles entités administratives (régions, cercles et communes) ; travailler à transformer ce forum en festival des cultures du Mali à Gao tous les 2 ans pour la dignité, la cohésion et l’expression culturelle ; entreprendre toute action diligente visant à adhérer toutes les communautés de la région à l’esprit de la charte d’honneur des communautés pour la concorde et la paix ; la nécessité de la reconnaissance publique pour les fils de la Région qui se sont engagés pour le fonctionnement des services sociaux de base lors de l’occupation avec comme interface le cadre de concertations des notables et la prise en compte des jeunes cadres arabisants en matière d’emploi ; la multiplication des rencontres inter et intracommunautaires au niveau communal et autour des thématiques générales et spécifiques ; un engagement des médias à positiver la paix et la réconciliation à travers une large diffusion de l’accord et des engagements pris en s’abstenant de toute intervention tendancieuse ; élaborer et valider une charte de la concorde de Gao qui pourrait servir de base de la renaissance du « vivre ensemble » et rendre fréquentable nos régions pour les partenaires ; établir un encrage cohérent entre les mécanismes nationaux de réconciliation et les modes locaux de gestion et prévention de conflits (CVJR et Comités Locaux de Paix) ; diligenter dans les brefs délais la relance des activités de développement (extraction du  manganèse à Tassiga, phosphates du Tilemsi, barrage de Taoussa, route Sévaré-Gao, Gossi-Rharous…) pour résorber le chômage des jeunes et  maintenir la mobilité des populations et les échanges –approvisionnements.