La MINUSMA ferme ses derniers camps et quitte le Mali Des manœuvres diplomatiques au Mali

France : L’EUTM jugée pas assez efficace dans un rapport du Sénat

Par kibaru

Peu avant le 14-Juillet, la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées a discuté d’un copieux rapport [.pdf] sur le bilan des interventions extérieures menées par la France depuis 2009. Comme l’on peut s’en douter, il est donc fait grand cas des opérations Serval et Sangaris.

S’agissant plus précisément de l’opération Serval (mais le mécanisme de Sangaris, en Centrafrique, est identique), il a été mis en place une Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) dont le concept, lit-on dans ce rapport, a une « efficacité variable ».

« Si nécessaire soit-il, le système mis en place par les Nations unies dans les missions multidimensionnelles intégrées reste un système lourd et consommateur d’effectifs civils et militaires, et donc d’un coût élevé », expliquent les auteurs du document.

En outre, les mandats des forces de l’ONU est souvent trop limités et il « faut attendre qu’elles soient sévèrement attaquées pour que » le Conseil de sécurité « leur donne un mandat plus offensif. » Or, est-il avancé dans le rapport, ce « devrait être l’inverse, le mandat de départ devrait être robuste et l’allègement n’intervenir qu’une fois la situation sécuritaire apaisée. »

Qui plus est, leurs capacités sont généralement insuffisantes et elle « peinent à prendre en charge tout le spectre des opérations. » Et il faut ajouter à cela l’hétérogénéité des contingents nationaux qui les composent », lesquels sont « d’importance variable (…), équipés de façon disparate, ayant des modes opératoires et des niveaux de préparation opérationnelle différents, s’exprimant dans des langues différentes et maîtrisant moyennement la langue de travail de la force, ni celle du pays hôte ce qui ne facilite pas leur intégration, ni le travail de renseignement de terrain. »

Au Mali, parallèlement aux opérations de stabilisation de l’ONU, il a été mis en place une mission européenne destinées à former les forces armées maliennes (EUTM MALI, pour European Union Training Mission). La même chose a été faite en Centrafrique, avec la MINUSCA et EUTM RCA.

Et le rapport porte une « appréciation très mitigée » sur les missions de formations assurées par l’Union européenne. Depuis février 2013, l’EUTM Mali a déjà formé, au camp de Koulikoro, 7 bataillons des forces armées maliennes (FAMa), dont 4 ont déjà bénéficié d’un cycle de réentraînement.

« Le système montre une certaine capacité d’adaptation incluant la formation d’unités spécialisées, des formations techniques particulières et des formations destinées à l’encadrement. L’EUTM Mali a formé plus de 7 500 soldats », souligne le rapport.

Mais, la qualité des unités maliennes ainsi formées est discutable. « Engagé dans le nord du Mali à Kidal, le premier bataillon formé n’a pas été en mesure de maintenir ses positions face à des groupes armés touaregs, alors qu’il était, semble-t-il, en supériorité numérique, ce qui montre une certaine fragilité », rappellent les auteurs, qui reprennent à leur compte les critiques faites en mai par le député européen Javier Nart au sujet de l’EUTM Mali.

Ce dernier déplorait ainsi « le caractère peu opérationnel de la formation, le manque de motivation des soldats et des officiers, un entraînement essentiellement défensif et insuffisamment offensif, un manque d’armement pour conduire les entraînements ce qui rend la formation purement théorique, la faible expérience des instructeurs de la réalité du terrain et du combat ».

Aussi, le rapport des sénateurs formulent deux propositions. La première vise à « agir au sein des instances européennes et des États-membres pour rendre les formations [militaires] dispensées plus opérationnelles ». Quant à la seconde, elle consiste à renforcer la coopération entre l’EUTM Mali et la force française Barkhane, afin de permettre aux instructeurs européens de « participer à des opérations de Barkhane ou à des patrouilles mixtes pour connaître la réalité du terrain et des combats et parfaire l’instruction apportée aux forces armées maliennes».

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