Fuite de gaz sur le projet GTA : Un incident sous surveillance qui suscite des préoccupations environnementales

Par kibaru

La compagnie britannique BP a confirmé, le 5 mars 2025, la détection d’une fuite de gaz sur le puits A02 du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), situé à environ 120 kilomètres des côtes du Sénégal et de la Mauritanie. Cet incident, qui s’est produit lors d’un test de mise en service, a été initialement présenté comme mineur par l’opérateur. Toutefois, la mobilisation des ONG environnementales, notamment Greenpeace, et la réaction tardive des autorités mauritaniennes et sénégalaises ont amplifié les inquiétudes.

Lors des opérations de test, BP a observé des bulles de gaz sous-marines s’échappant du puits A02, situé à une profondeur d’environ 2 800 mètres. Selon la multinationale, ces émissions sont de faible intensité, et des équipes techniques spécialisées ont été dépêchées sur place pour analyser et contenir la situation. BP a assuré que l’impact environnemental reste limité et que les opérations sur le champ gazier continuent.

Malgré ces assurances, cet incident survient à un moment clé pour le projet GTA, qui doit produire 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an dans sa première phase, avec des ambitions de monter à 10 millions de tonnes dans les prochaines années. Toute interruption prolongée pourrait avoir des conséquences économiques majeures pour le Sénégal et la Mauritanie, qui comptent sur cette exploitation pour dynamiser leurs revenus nationaux.

Si BP a tenté de minimiser l’incident, les réactions des organisations environnementales ne se sont pas fait attendre. Le 6 mars 2025, Greenpeace a publié un communiqué alarmant, accusant BP de manquer de transparence et de sous-estimer les risques environnementaux. Aliou Ba, responsable des campagnes océans de Greenpeace Afrique, a mis en garde contre une contamination possible de l’écosystème marin, soulignant que la région est une zone de reproduction pour plusieurs espèces marines essentielles aux communautés côtières.

L’ONG rappelle que, dès 2018, elle avait émis des réserves sur l’étude d’impact environnemental du projet GTA, dénonçant des évaluations insuffisantes des risques liés aux opérations d’extraction en haute mer. Cet incident, bien que jugé contrôlé par BP, confirme selon Greenpeace la fragilité du dispositif de sécurité et de surveillance sur ces installations offshore.

Réactions des gouvernements mauritanien et sénégalais : entre silence et enquête en cours

Les autorités sénégalaises n’ont pas encore fait de déclaration officielle sur l’incident, une absence de communication qui alimente les spéculations. De son côté, le ministère mauritanien de l’Environnement a annoncé une enquête conjointe avec les ministères du Pétrole et de la Pêche maritime, afin d’évaluer l’impact de cette fuite et de garantir que les normes de sécurité soient respectées.

Cette enquête fait suite à une mobilisation croissante des populations côtières, notamment des pêcheurs qui redoutent une pollution des eaux et un impact sur les stocks halieutiques, essentiels à l’économie locale.

Quelles conséquences pour le projet GTA ?

Le projet GTA représente un enjeu stratégique majeur pour le Sénégal et la Mauritanie, qui misent sur ces immenses réserves de gaz offshore pour asseoir leur indépendance énergétique et renforcer leurs revenus d’exportation. La fuite détectée sur le puits A02 intervient à un moment délicat, alors que les premières livraisons de GNL sont prévues pour mi-2025.

Si BP et ses partenaires assurent que l’incident n’affectera pas le calendrier du projet, cette situation met en lumière les défis techniques et environnementaux liés à l’exploitation de ressources naturelles en haute mer. Les observateurs demandent plus de transparence et un suivi indépendant pour éviter que de tels incidents ne se répètent à l’avenir.

Cette fuite, bien que limitée, rappelle les risques inhérents aux grands projets gaziers et pétroliers en Afrique de l’Ouest. La question de la capacité des États à réguler efficacement ces industries, à assurer un contrôle rigoureux des opérateurs et à protéger l’environnement marin reste centrale.

 

Les prochains jours seront déterminants pour voir si BP parvient réellement à maîtriser la situation et si les autorités sénégalaises et mauritaniennes adopteront des mesures plus strictes en matière de transparence et de protection environnementale.