L’égalité des sexes est un enjeu fondamental pour le développement social et économique. L’Objectif de Développement Durable 5, établi par les Nations Unies, vise à assurer l’égalité entre les hommes et les femmes et à autonomiser toutes les filles et femmes d’ici 2030. Si des progrès ont été réalisés, les chiffres montrent que des inégalités persistent, notamment au Mali, où la participation des femmes à la vie économique et politique demeure insuffisante.
Au Mali, les inégalités de genre restent marquées dans plusieurs secteurs. La participation politique des femmes a connu une légère amélioration ces dernières années. En 2021, elles occupaient 28,5 % des sièges au Parlement. Cette progression est encourageante, mais elle reste encore loin de la parité. L’accès des femmes aux postes de direction est un autre défi. Bien qu’elles représentent 40 % de la population active, elles restent fortement sous-représentées dans les sphères décisionnelles, à l’image de la tendance mondiale.
L’éducation des filles constitue un levier essentiel pour réduire les écarts entre les sexes. Pourtant, au Mali, seule une minorité de femmes a accès à une éducation complète. En 2021, le taux d’alphabétisation des femmes était de 34,3 %, contre 51,5 % pour les hommes. Cette inégalité éducative limite les opportunités professionnelles des femmes et leur participation active à la société. Dans le domaine de l’emploi, même lorsqu’elles travaillent, elles sont majoritairement cantonnées aux secteurs informels, moins sécurisés et moins rémunérés.
À l’échelle mondiale, les tendances montrent également des avancées lentes et inégales. En 2022, bien que les femmes occupent 40 % des emplois dans le monde, elles ne représentaient que 27,5 % des postes de direction, un chiffre resté inchangé depuis 2016. Dans le domaine politique, la présence des femmes dans les parlements nationaux a progressé légèrement. En janvier 2024, elles représentaient 26,9 % des élus, contre 22,3 % en 2015. Malgré cette avancée, seuls six pays dans le monde comptent 50 % ou plus de femmes dans leur chambre basse ou chambre unique.
La charge domestique et les soins non rémunérés pèsent toujours de manière disproportionnée sur les femmes. Elles y consacrent en moyenne 2,5 fois plus de temps que les hommes. Cette situation limite leur accès au marché du travail et freine leur ascension professionnelle. La répartition inéquitable des responsabilités domestiques demeure un frein majeur à l’autonomisation économique des femmes.
Les violences basées sur le genre continuent d’affecter des millions de femmes à travers le monde. Plus de 230 millions de filles et de femmes ont été victimes de mutilations génitales féminines. Malgré des progrès dans la lutte contre cette pratique, de nouvelles estimations indiquent une augmentation de 30 millions de cas par rapport à il y a huit ans. Ce phénomène persiste notamment dans certaines régions d’Afrique et d’Asie, où les traditions culturelles et le manque d’application des lois compliquent son éradication.
Si ces chiffres illustrent des progrès, ils mettent aussi en évidence les blocages persistants. L’Organisation internationale du travail a récemment souligné que l’écart salarial entre hommes et femmes ne se réduit que très lentement. En 2005, une femme gagnait en moyenne 47 cents pour chaque dollar perçu par un homme. En 2024, ce chiffre a légèrement augmenté pour atteindre 51,8 cents. Malgré cette amélioration, l’écart reste préoccupant, en particulier en Afrique, où les salaires des femmes demeurent bien inférieurs à ceux des hommes à poste égal.
L’inaction en matière d’égalité des sexes a un coût économique considérable. Les Nations Unies estiment que le manque d’investissements pour réduire les inégalités entre hommes et femmes représente une perte de 10 000 milliards de dollars par an pour l’économie mondiale. Cet écart souligne l’urgence de mettre en place des politiques fortes pour favoriser l’inclusion des femmes dans tous les secteurs, notamment la science, la technologie et l’ingénierie, où elles restent largement sous-représentées.
Lors de la Journée internationale des femmes du 8 mars 2025, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a rappelé que l’égalité des sexes n’est pas seulement une question de droits fondamentaux, mais aussi un facteur clé de prospérité et de stabilité. Il a insisté sur l’importance de garantir aux femmes un accès égal à l’éducation, à l’emploi et aux postes de décision. Selon lui, les sociétés où les femmes ont un rôle central dans la gouvernance et l’économie sont plus résilientes et plus performantes sur le long terme.
Au Mali, plusieurs initiatives sont en cours pour accélérer la réduction des inégalités. La mise en place de lois favorisant la parité dans les fonctions électives, les programmes d’autonomisation économique des femmes et le renforcement des dispositifs de lutte contre les violences basées sur le genre sont autant d’actions qui doivent être poursuivies et renforcées. Pour espérer atteindre l’égalité des sexes d’ici 2030, des efforts concertés entre le gouvernement, les institutions internationales et la société civile sont indispensables.
Si des avancées ont été réalisées, le chemin vers l’égalité des sexes reste semé d’embûches. L’accélération des efforts pour promouvoir les droits des femmes est une nécessité, non seulement pour répondre aux engagements internationaux, mais aussi pour garantir une société plus juste et plus équilibrée.