Arrivés ce vendredi à Banjul, des dirigeants ouest-africains ont de nouveau tenté de convaincre le président gambien Yahya Jammeh de céder le pouvoir le 19 janvier à son successeur élu Adama Barrow, pour mettre fin à la crise qui a provoqué l'exode de milliers de Gambiens.
Ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest est plongé dans la crise depuis que M. Jammeh a annoncé le 9 décembre qu'il ne reconnaissait plus les résultats de l'élection présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.
Le chef de l'Etat nigérian Muhammadu Buhari, qui conduisait la mission avec son homologue libérienne Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays), a quitté le pays dans l'après-midi pour se rendre au sommet Afrique-France à Bamako.
Seuls restaient sur place Mme Sirleaf et l'ex-président ghanéen John Dramani Mahama, qui devaient rencontrer M. Barrow avant de publier un communiqué dans la soirée.
Les trois dirigeants faisaient déjà partie d'une mission dépêchée par la CEDEAO exactement un mois auparavant pour presser Yahya Jammeh, qui gouverne sans partage la Gambe depuis 22 ans, de quitter le pouvoir le 19 janvier, après l'expiration de son mandat.
Yahya Jammeh a saisi la justice pour faire annuler les résultats de l'élection, arguant d'irrégularités dans la comptabilisation des votes et l'organisation du scrutin. Il s'est dit déterminé à rester au pouvoir tant qu'elle n'aurait pas statué sur ses recours, ce qui prendra des mois, le temps de remplacer les juges manquants à la Cour suprême.
De son côté, Adama Barrow a affirmé qu'il serait investi le 19 janvier et se considérerait comme président à compter de cette date.
Jeudi, l'avocat de M. Jammeh a déposé à la Cour suprême une nouvelle requête pour empêcher la prestation de serment de M. Barrow.
Ce climat d'incertitude a poussé des milliers de Gambiens à fuir le pays, en particulier vers le Sénégal, unique voisin terrestre de la Gambie, et la Guinée-Bissau, plus au sud.
Depuis son revirement, Yahya Jammeh subit de nombreuses pressions extérieures.
L'Union africaine (UA) l'a sommé vendredi de quitter le pouvoir pacifiquement, le menaçant de "sérieuses conséquences" dans le cas contraire et prévenant qu'elle ne le considérerait plus comme légitime à partir du 19 janvier.
Déjà, deux pays à savoir le Nigéria et le Maroc ont exprimé leur disponibilité à lui accorder un asile politique s’il renonce au pouvoir.