Élections truquées, terrorisme, migrations, sont aujourd'hui les plaies des États africains. Paradoxalement toutes les thérapeutiques appliquées n'ont donné aucun résultat. Les nombreux concours des partenaires, les cautions apportées au déroulement des scrutins, à la lutte contre le terrorisme ont démontré leurs limites. Ces fléaux sont en passe de remettre en cause les maigres avancées démocratiques et économiques réalisées par -ci, par -là. Cependant deux pays ont montré leur savoir-faire, la Mauritanie en matière de sécurité et de lutte antiterroriste, et le Botswana pour l'absence de contentieux électoraux. Curieusement ni les africains,ni leurs partenaires ne semblent accorder de l'importance à ces modèles made in Africa.
. Mais il faut craindre que cet aveuglement resulte d'une obstination d'un autre ordre que je vais tâcher d'illustrer par le cas du Mali. De l'ndépendance à ce jour ce pays n' a pu transformer son coton, moderniser son potentiel animal et piscicole, grands bassins d'emplois, de croissance, de développement,ses partenaires essentiellement occidentaux ayant refusé leur intervention dans tous ces secteurs clés. Ces politiques aujourd'hui commencent à produire leurs effets néfastes. Les Européens découvrent un peu tardivement qu'ils partagent les frontières avec le Mali, le Sahel. Les sommets, les conférences, les résolutions, se consacrent à jetter un voile pudique sur les vraies causes qui ne sont rien d'autres que les effets induits de l'irresponsabilité des élites africaines, complices des politiques néocoloniales.
Aucune mesure policière ne saurait endiguer les migrations, pas plus que le mur de Berlin, ses guerites et ses barbelés. L'intervention française au Mali dont on connaît aujourd'hui l' impact est plus que décevante. Le G5, une ex croissance des armées africaines incapables de juguler la menace actuelle va être sacrifiée pour couvrir la retraite de l'armée française, en somme de la prestidigitation.
Tous ceux qui sont au coeur de ce dossier savent parfaitement que la mauvaise gouvernance qui etrangle les pays africains constitue la veritable fabrique des migrations et du terrorisme. Les relations tumultueuses entretenues par les européens avec L'Afrique, coups d'état, rebellions, assassinats de leaders politiques ,pressions economique, politique et diplomatique, sont les causes du retard de L'Afrique. Ce qui n'exclue nullement la responsabilité pleine et entière des élites africaines.
Les armées et les Services de sécurité des pays du Sahel sont parfaitement capables d'endiguer les menaces actuelles, à condition qu'une saine complicité s'instaure avec le citoyen réconcilie'. C'est n'est malheureusement pas le cas depuis longtemps. La jeunesse qui s'engage aux côtés des jihadistes aujourd'hui est attirée par des avantages ou révolte'e face aux dérives des dirigeants. Les militaires qui abandonnent leurs armes et refusent de combattre ne sont en rien diffèrents des premiers, tous ont perdu confiance dans leurs chefs qu'ils identifient à la classe politique corrompue et responsable de la déconfiture des États.
Les États du Sahel qui s'engagent pour le compte des Européens à faire de leur territoire un vaste camp de rétention au prix de quelques pecadilles vont vite dechanter, parce que le cauchemar sera au-dessus de leur force. Les migrants refoulés iront rejoindre les jihadistes, au mieux ils grossiront les rangs des populistes qui écument les capitales africaines prets à destabiliser des états déjà fragiles. Les ressources budgétaires alouées aux secteurs socioeconomiques vont décliner. Les États africains seraient mieux inspirés, en échange, de réclamer des programmes de développement capables d'éradiquer les migrations et le terrorisme en corrigeant les énormes distorsions qui caractérisent leurs pays.
Hamma Ag Mahmoud, ancien ministre.
Consultant.