Dans une interview accordée à nos confrères de RFI, l’ex-secrétaire général adjoint de l’ONU, chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous s’est longuement appesanti sur la situation qui prévaut au Mali.
Il estime que trop de temps a été perdu dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Revenant sur la période intérimaire censée prendre fin au mois de juillet prochain, il a insisté sur la nécessité d’avancer pour éviter un enlisement total du processus de paix.
Par ailleurs, il a aussi souligné quelques avancées relatives à la tenue de la Conférence d’entente nationale, qui s’est déroulée du 27 mars au 2 avril dernier, à Bamako avec la participation de l’ensemble des acteurs, le démarrage bien que timide des patrouilles mixtes, l’installation dans certaines régions du Nord des autorités intérimaires.
Pour lui, cela montre que « aux populations du Nord que la sécurisation, la stabilisation, commencent à être mises en œuvre ». Selon lui, l’attentat meurtrier qui a visé le camp du MOC, le 18 janvier dernier, faisant des dizaines de morts et des blessés, n’a pas ébranlé la détermination des acteurs qui désirent avancer. Hervé Ladsous a également profité de l’occasion pour évoquer la récente fusion de plusieurs groupes terroristes opérant au Mali sous la conduite de Iyad Ag Ghali. Il a ainsi fait savoir que la menace que ceux-ci font peser s’étend à l’ensemble de la bande sahélienne. D’où la nécessité d’un renforcement de la collaboration avec les pays du G5 à travers des actions coordonnées pour venir à bout du terrorisme.
S’agissant de la situation difficile que traverse MINUSMA devenue l’opération onusienne la plus couteuse en vie humaine (114 casques tués depuis son déploiement en juillet 2013) et en moyens financiers, il a espéré que le Conseil de sécurité de l’ONU poursuive ce travail puisque c’est une mission de longue haleine. Selon lui, l’un des objectifs de cette mission, c’est aussi que les forces de sécurité maliennes soient pleinement déployées dans le nord du pays et puissent assumer le moment venu elles-mêmes les tâches de sécurisation. Toutefois, il a reconnu le manque d’équipement criard auquel fait face la MINUSMA. Laquelle ne dispose pas assez d’hélicoptères ni de blindés pour faire face à la situation sécuritaire. Avant d’indiquer que des contacts sont en cours pour trouver des « pays qui pourraient nous aider à combler ces déficits. Et nous essayons d’être créatifs, il faut trouver des solutions pragmatiques ».