Insécurité dans les régions de Gao et Ménaka : Au moins 16 civils tués par l’Etat islamique

Par kibaru
Quelques déplacés fuyant les vciolences dans la région de Ménaka

Dans deux communiqués de presse rendus publics récemment, la communauté Idaksahak a rapporté que plus de 16 civils ont été tués dans les localités d’Inékar et d’Assakarey (Ménaka) ainsi que Intahaka (Gao). Leurs meurtriers ont été identifiés comme des membres du groupe Etat islamique sévissant dans la zone.

Selon les notes, au moins 5 civils ont été tués de sang-froid par des membres de l'Etat islamique  et leurs animaux ont été emportés, dans le cercle Inékar, le 27 juillet 2022. Par ailleurs, deux jours plus tôt, le 25 juillet, sur la route menant au site minier de Intahaka (Gao), des jeunes de la communauté Idaksahak ont été tués par des hommes armés et leur voiture confisquée par des éléments de l’Etat islamique. L’un des orpailleurs à bord du véhicule qui a eu plus de chance a néanmoins été blessé et conduit à l’hôpital de Gao. C’est ainsi que la communauté appelle les autorités maliennes et les organisations de défense des droits humains à ne pas fermer les yeux sur ces crimes de masse et à faire toute la lumière sur ce drame qui dure depuis mars dernier. Dans une autre attaque survenue dans la commune d’Assakarey, cercle de Ménaka, on rapporte que 11 civils ont été exécutés sommairement par des hommes armés appartenant à l’Etat islamique conduisant des motos, le 29 juillet 2022. Outre ce massacre sommaire de civils, ils ont également pillé, brûlé et détruit de nombreux  biens. Avant de se retirer, ils ont aussi décimé les troupeaux de bétails trouvés dans deux campements nomades situés dans la zone de Tifolat.

Il convient de signaler que la communauté Idak Sahak est particulièrement ciblée ces derniers temps par l’Etat islamique. Ce groupe terroriste reproche à cette communauté de soutenir le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), un mouvement armé de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger engagé depuis quelques années dans une coalition avec le GATIA dans la lutte contre le terrorisme dans la région de Ménaka et une partie de Gao, notamment celle située dans le Gourma « rive droite du fleuve Niger » en Songhaï.

Auparavant, ces mouvements étaient engagés dans cette lutte aux côtés les soldats français de l’Opération Barkhane en cours de retrait hors du Mali. Avec cette nouvelle situation, ces deux mouvements sont quasiment seuls à faire face à l’Etat islamique dont les attaques contre des civils ont connu une recrudescence depuis le mois de mars dernier. De cette date à nos jours, ce sont plus de 700 civils qui ont été tués sommairement par les terroristes de l’Etat islamique dans la région de Ménaka et une partie de Gao. Les localités les plus visés par ces massacres sont notamment Anderamboukan, Inékar et Tedermène (Ménaka) ainsi que Talataye (Gao). Sur place, les terroristes après avoir massacré un grand nombre de civils s’en prennent également à leurs biens. Avant de se livrer à la destruction, au pillage et au saccage de certains bâtiments abritant des centres de santés, écoles, administration, etc. Et que dire du bétail qui est systématiquement emporté dans le cadre d’un vaste réseau de trafic dans la zone. Ceci constitue également une source de revenus non négligeable pour les terroristes qui exercent une véritable terreur dans la zone n’hésitant pas à appliquer une véritable politique de la terre brûlée.

Par ailleurs, cette situation a aussi créé un déplacement sans précédent des populations dans la zone. La plupart des déplacés ont trouvé refuge en dehors du pays soit au Niger ou en Algérie. Par contre les plus nombreux sont surtout les déplacés à l’intérieur du pays. Pour ces derniers, nombreux sont ceux qui sont actuellement dans les grandes villes comme Ménaka, Ansongo ou Gao. On estime à près de 30 000 le nombre de personnes déplacées de la zone du fait de ces violences. De plus, ces personnes dans leur fuite sont parfois obligées de tout abandonner derrière eux. D’où l’aggravation de la situation humanitaire marquée par une grande insécurité alimentaire ainsi que le manque d’abri et d’autres besoins non alimentaires. Malgré leurs efforts pour assister ces personnes en détresse confrontées à un manque criant d’aide humanitaire, les organisations humanitaires sont débordées par l’ampleur des besoins. C’est dire la nécessité d’une intervention sur tous les plans avant que la situation ne soit complètement hors de contrôle.