Journée internationale des migrants : Le coup d’envoi de la célébration donné à Kayes

Par kibaru

A l’instar de la communauté internationale, le Mali a célébré le 18 décembre dernier, la 20e édition de la journée internationale des migrants. Même si l’événement à été célébré dans tout le pays, c’est la ville de Kayes qui a notamment abrité le lancement de la célébration. Laquelle a vu pour la circonstance et malgré le contexte de la pandémie liée à la COVID-19, le déplacement d’importantes personnalités dont le chef de cabinet du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mohamed Ag Albachar, représentant son ministre Alhamdou Ag Ilyène empêché, le Chef de Mission de l’OIM, Pascal Reyntjens,  des représentants du ministère des Sénégalais de l’extérieur, de la Coopération allemande la GIZ, de l’Expertise France, de la Coopération Espagnole…

Instituée par les Nations Unies depuis le 4 décembre 2000, cette vingtième édition de la journée internationale des migrants est surtout une occasion pour jeter un regard rétrospectif sur la situation de la diaspora malienne. L’objectif de cette journée vise à : « dissiper les préjugés » sur les migrants et à « sensibiliser l’opinion à leurs contributions dans les domaines économique, culturel et social, au profit tant de leur pays d’origine que de leur pays de destination ». Actualité oblige, l’édition 2020 de la journée internationale des migrants est placée sous le thème : « réinventer la mobilité humaine en lien avec la Covid-19 ».  Au niveau national, le thème proposé est « l’impact de la pandémie de coronavirus ou Covid-19 sur les actions des migrants et les communautés d’origine ».

Dans un mot prononcé pour la circonstance, le Chef de cabinet du ministère des Maliens de l’Extérieur, représentant son ministre empêché, a déclaré que cette pandémie a durablement frappé les migrants en accentuant leur vulnérabilité et les communautés d’origine en le privant des multiples apports des migrants qui sont au cœur non seulement de la prise en charge sociale des familles mais également du développement local.

Plus de 6 milliards en faveur des Maliens bloqués à l’étranger par la pandémie

S’agissant des efforts consentis par le gouvernement dans ce contexte de crise sanitaire mondiale, il a indiqué qu’un montant de trente millions de FCFA a été mobilisé dès le mois de févier dernier au profit des étudiants maliens confinés en Chine. S’y ajoute la mise en place par les autorités d’un de six milliards de FCFA pour faciliter le rapatriement des Maliens bloqués dans certains pays après la fermeture des frontières. Sans compter le fait que le Mali a mis en place une véritable diplomatie humanitaire en négociant avec les pays concernés pour l’ouverture de couloirs humanitaires  afin de mieux assister les Maliens bloqués à l’étranger. Ainsi, du déclenchement de la crise sanitaire à nos jours, les efforts du Gouvernement et ses partenaires ont permis de rapatrier plus de 3000 personnes. Le chef de cabinet a aussi profité de l’occasion pour saluer les nombreuses organisations internationales telles que l’Union européenne pour leur accompagnement des efforts des autorités maliennes dans la lutte contre la propagation de la Covid-19.

Des réformes majeures attendues pour la protection des migrants

 Aussi, il a rappelé que le gouvernement entend profiter de cette période pour mener des réformes inclusives et participative pour préserver la cohésion au sein des Maliens établis à l’étranger et renforcer les actions d’assistance et protection à leur endroit. C’est ainsi qu’il a annoncé la naissance dans les jours à venir d’un organe unique regroupant les associations des maliens établis à l’extérieur pour être l’interlocuteur du Gouvernement et de ses partenaires. Autre réforme majeur à venir c’est la définition du statut des Maliens de l’extérieur afin de mettre fin à toutes les polémiques suscitées par cette question. Il est important de rappeler que ces projets ne visent nullement à mettre fin à l’immigration au Mali, mais surtout à mieux l’organiser afin de préserver des vies humaines. C’est dans cadre qu’il est nécessaire de préciser que de 2014 à nos jours, plus de 2000 migrants parmi lesquels des femmes et des enfants ont été identifiés morts dans la méditerranée. A ce chiffre s’ajoutent d’autres qui ont péri dans le désert. Sans compter les cas liés à des brutalités des milices privées ou autres groupes criminels. Cette situation exige des réponses adaptées et concrètes dont nous devrons tous s’atteler à leur mise en œuvre.

Etant un pays de départ, de transit et de plus en plus d’immigration, le Mali est au cœur des enjeux migratoires. Ces dernières années, notre pays a été durablement frappé par de nombreux cas de victimes qui s’expliquent non seulement par des expulsions massives et des cas de morts  sur les routes migratoires. Les expulsions et les rapatriements d’urgence  des maliens en situation de détresse de 2013 à  nos jours ont concerné plus de 36 000 personnes. Ces statistiques ne sont pas exhaustives car, il y a lieu de constater de nombreux cas de disparus dont personne ne dispose d’information sur leur sort.

Mieux répondre au défi migratoire

Pour répondre aux défis imposés par la migration, le Gouvernement  et ses partenaires ont développé de nombreuses initiatives  en vue de répondre à la problématique de l’emploi des jeunes   à  la réintégration des migrants de retour à la lutte contre les réseaux de passeurs, à la prévention de la migration irrégulière et à l’appui aux initiatives de la diaspora. C’est ce qui justifie l’existence d’un projet dénommé : « Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants dans la région du Sahel et du lac Tchad », financé par le Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique. Cette initiative a permis la construction ou la réhabilitation de plusieurs antennes de la Délégation Générale des Maliens de l’Extérieur, des centres de santé, des écoles, l’aménagement de périmètres agricoles en faveur des migrants de retour, etc.  A en croire le Chef de Mission de l’OIM, Pascal Reyntjens, "Même si les effets de la COVID-19 ont accentué de nombreuses vulnérabilités chez les migrants, force est de constater que leurs contributions aux efforts de riposte et de relèvement face à la pandémie ont souvent été oubliés". A ses yeux, "l’édification de sociétés plus inclusives et résilientes consistera pour nous à offrir un accès aux soins de santé et à la protection sociale aux migrants, quel que soit leur statut ainsi qu’un accès sûr et abordable aux vaccins contre la COVID-19". Il a réitéré la disponibilité de son organisation à aider le gouvernement à assure une meilleure protection et une réintégration des migrants de retour.

Il convient de souligner que l’édition 2020 de la célébration de la Journée Internationale des Migrants à Kayes a débuté deux jours plus tôt à savoir les 16 et 17 décembre dernier. C’est dans ce cadre plusieurs panels ont été organisés pour permettre aux acteurs d’échanger sur des thématiques au cœur de la migration. Cela, en vue de formuler des recommandations pertinentes dont la mise en œuvre  permettra une meilleure amélioration de la gouvernance des migrants. En plus des panels, il y avait aussi des visites de terrain comme celles effectuées le jeudi 17 octobre 2020 à Gouka, localité située à plus d’une soixantaine de kilomètres de Kayes pour l’inauguration du mini-barrage réalisé par la Cellule Technique du Codeveloppement dans le cadre du projet « Appui aux initiative » pour un montant de 45 millions de FCFA. Le clou de cette commémoration a été marqué par l’inauguration de l’Antenne de la Délégation Générale des Maliens de l’Extérieur pour un montant de plus de 60 millions de FCFA.