Comme chaque année, la journée internationale de la liberté de la presse a été célébrée, ce vendredi 3 mai. Une occasion de passer en revue la situation de la presse dans le monde entier. Le moins que l’on puisse dire c’est que les choses ne se sont pas beaucoup améliorées pour ceux qui évoluent dans ce secteur. Au moins 95 journalistes ont été tuées en 2018 dans l’exercice de leurs fonctions.
Un bilan plus lourd qu’en 2017 comme l’a constaté la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Toutefois, il n’est pas aussi lourd aussi lourd que les pics enregistrés les années précédentes, lorsque les conflits en Irak et en Syrie faisaient rage. Le nombre le plus élevé de décès dans les médias était de 155 en 2006. L'un des assassinats de 2018 qui a retenu l'attention du monde entier est celui du célèbre journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Il a été assassiné en octobre dernier après son passage au consulat général saoudien en Turquie. Et le mois dernier, au Royaume-Uni, la journaliste Lyra McKee est morte dans les rues de Londonderry lors d'une émeute qui a éclaté alors qu'elle était en reportage. Un groupe paramilitaire dissident d'Irlande du Nord a admis avoir commis le meurtre. Neuf journalistes afghans sont morts au cours d'une même explosion dans la capitale, Kaboul, après s'être rendus sur les lieux d'un attentat à la bombe pour rendre compte de ce qui s'était passé. Un second dispositif avait été déclenché par un poseur de bombe qui se serait déguisé en journaliste. Dans l'est de l'Afghanistan, le journaliste de la BBC, Ahmad Shah, a été tué dans l'une des nombreuses attaques perpétrées dans la province de Khost. Des journalistes sont également morts aux États-Unis l'année dernière. Cinq d'entre eux ont été abattus lors d'une attaque contre le bureau du journal Capital Gazette dans le Maryland, par un homme qui aurait tenté de poursuivre le journal en justice plusieurs années auparavant. L'hostilité croissante à l'égard des reportages, le populisme, ainsi que la corruption et la criminalité sont désormais des facteurs importants, selon la FIJ.
En Afrique, l’assassinat de journaliste le plus tragique reste celui du journaliste ghanéen, Ahmed Husein, un collaborateur du célèbre journaliste Anas Aremeyaw Anas. Tué en janvier passé, ce journaliste d’investigation avait significativement contribué à l’enquête sur une vaste corruption qui avait secoué le foot africain, conduisant à de lourdes sanctions des instances internationales.
Au Mali, on reste toujours sans nouvelle du journaliste Bourama Touré disparu depuis janvier 2016 et dont les enquêtes piétinent toujours. Il en est de même pour les envoyés spéciaux de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués en novembre 2013, à Kidal. Une lueur d’espoir puisque le journaliste Issiaka Tamboura a été libéré en février dernier après deux mois passés en captivité. A cause de la crise sécuritaire qui continue à sévir dans certaines localités du Nord et du centre du pays, les journalistes accèdent difficilement à ces endroits. Aussi, l’accès à certaines informations, surtout officielles, demeure encore très difficile. Selon le dernier classement de l’ONG Reporter Sans Frontières, le Mali occupe désormais le 115e rang gagnant une place par rapport à 2017 où le pays était classé 116e. Un classement qui contraste avec celui des années avant la crise de 2012 où le Mali était tout le temps parmi les Etats cités en exemple en matière de liberté de la presse.
Signalons aussi que selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), certains sont toujours emprisonnés dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Parmi les pays ayant le plus grand nombre de journalistes emprisonnés en 2018 figurent la Turquie avec 68 détenus, suivent la Chine avec 47 détenus, l’Égypte avec 25 détenus ainsi que l’Arabie saoudite et l’Érythrée avec 16 chacun.