Il semble que les ennemis de la MINUSMA ne soient pas seulement des terroristes. Certains casques bleus cachent difficilement leur colère face à leur hiérarchie et préfèrent se rendre justice eux-mêmes. C’est ce qui est notamment arrivé hier dans le camp de la MINUSMA à Kidal. En effet, un casque bleu du contingent tchadien a ouvert le feu sur l’un de ses supérieurs hiérarchiques.
C’est ainsi que des victimes collatérales sont tombées suite à ces tirs à l’arme automatique. Deux casques bleus du contingent tchadien, dont un Colonel de l’armée ont été tués. On dénombre aussi des blessés. Bien que les raisons de cette agression venant de l’intérieur même du camp de la mission onusienne à Kidal n’aient pas été élucidées, quelques pistes ont été avancées.
Selon une source bien informée, c’est un casque bleu tchadien qui aurait mal pris les observations faites à son égard par son supérieur qui l’accusait « de choses graves ». Ne pouvant pas retenir sa colère, il a braqué son arme sur son supérieur avant d’ouvrir le feu sans sommation. Ainsi, nul n’ignore que les éléments des forces armées tchadiennes ne « lavent leur linge sale en famille ». Ils préfèrent l’étaler sur la place publique et souvent par la manière forte. Pire, certains les accusent même d’avoir la gâchette trop facile. On se souvient qu’en fin 2014, bon nombre d’entre eux avaient abandonné leurs positions à l’extrême nord du pays pour réclamer le paiement des primes et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Cette situation intervient alors que le nouveau chef de la MINUSMA, qui est aussi de nationalité tchadienne, Mahamat Saleh Annadif, est au Tchad justement. Ce sujet risque donc de s’inviter dans l’audience que le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno, doit lui accorder. Ce drame survient moins d’une semaine après l’attaque meurtrière perpétrée par le mouvement terroriste Ançar Dine dans le camp de la MINUSMA à Kidal, qui a coûté la vie à 7 casques bleus guinéens et blessé une trentaine d’autres.
Pour l’heure, une enquête a été ouverte par la MINUSMA pour tenter de comprendre les vraies raisons de cette tragédie et des sanctions vont sûrement tomber dans les meilleurs délais. Rappelons que le contingent tchadien de la MINUSMA est composé de 1.151 militaires et policiers (sur un effectif total de près de 11.700 à la mi-décembre 2015). C’est le troisième plus gros contributeur de troupes au sein de la MINUSMA après le Burkina Faso (1.742) et le Bangladesh (1.725).