Kidal : L’enquête sur la fusillade dans le camp de la MINUSMA piétine

Par kibaru

Depuis une dizaine de jours, les casques bleus du contingent tchadien de la Minusma défraient les chroniques de la presse internationale suite à une fusillade meurtrière à Kidal au nord Mali. Une mauvaise publicité dont se seraient bien passés le nouveau Chef de la Mission des Nations-Unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif et le Président de la République, Idriss Deby, à deux mois de l'élection présidentielle.

Mais, que s'est-il passé le 25 février 2016 à Kidal ? Qui est le casque bleu tchadien qui a ouvert le feu sur ses frères d'arme et qui sont les victimes ? Quelles sont les causes et les circonstances de cette fusillade ? Justice sera-t-elle faite ?

La double tragédie qui a endeuillé la nation tchadienne, fin février, peut-être décomposée en 3 temps :

Acte 1 : Kidal. 25 février. Il est 12 heures environ. Le sergent chef Ousmane Hassan Mahamat, matricule 07013334, fait irruption dans le bureau du médecin militaire, arme à la main.

Acte 2 : Il tire à bout portant et abat de sang froid le médecin militaire, le capitaine Alaina Houlaitoin, matricule 07016666 et le lieutenant-colonel Djide Tomobemia Thomas, matricule 92722625, qui était sa principale cible.

Acte 3 : Arrêté puis transféré à N'Djamena, Ousmane Hassan Mahamat n'a pas (encore) été jugé ni condamné malgré le flagrant crime. Et son lieu de détention demeure inconnu.

Pire, ni le ministre chargé de la défense ni aucun membre du gouvernement n'ont rendu visite aux familles des victimes. En outre, les proches du lcl Djide Tomobemia Thomas et du capt Alaina Houlaitoin ne sont pas informés de l'existence éventuelle d'une procédure disciplinaire et judiciaire contre l'assassin présumé Ousman Hassan Mahamat. Cette absence de communication du gouvernement doublée d'une absence de soutien et de reconnaissance des services rendus, créent un terrible malaise et une colère dont l'écho discret mais réel risque de résonner jusqu'aux montagnes de Kidal.

Rien ne garantit que justice sera rendue. L'incurie et le mépris de l'Etat envers les familles des victimes en sont les signes avant-coureurs.

Cependant, les 13 orphelins du désormais colonel (à titre posthume) Djide Tomobemia et la famille du capt Alaina Houlaitoin peuvent compter, non seulement, sur la capacité de mobilisation de la jeunesse tchadienne mais aussi, à court terme, sur une sanction électorale à la prochaine présidentielle contre le candidat du MPS, Idriss Deby, dans les régions du Mayo Kebi et de la Tandjilé d'où étaient respectivement originaires le capt Alaina Houlaitoin et le col Djide Tomobemia Thomas.

Tchad today