Ce n’est un secret pour personne, le Nord du Mali connait sa pire période depuis le lancement de la guerre de reconquête en janvier 2013. Pour cause, les attaques terroristes sont de plus en plus complexes et sophistiquées, combinant des dispositifs explosifs placés en bord de route et des embuscades. C’est à croire que la relative accalmie apportée par la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali n’était qu’un calme avant la tempête.
Ainsi, la situation sécuritaire se dégrade de jour en jour et aucune force en présence (FAMA, MINUSMA, Brakhane, groupes armés) n’est capable d’arrêter la furie meurtrière des terroristes. Ceux-ci ont abandonné tout signe distinctif pour se confondre à la population afin de commettre leurs attaques. Lesquelles sont menées à travers des motos soit par des tirs de roquettes ou des embuscades à travers la pose des mines et des tirs à l’arme automatique. Raison pour laquelle l’on assiste à une intensification des attaques terroristes ces derniers mois.
Les terroristes sont de plus en plus audacieux et emploient des moyens très sophistiqués telle que l’infiltration afin de passer inaperçus. A ce rythme, il est clair qu’aussi bien les forces françaises et les casques bleus ont montré leur limite pour circonscrire le fléau. Les premiers ont certes réussi à chasser les terroristes des grandes villes du nord qu’ils occupaient lors de la crise de 2012. En revanche, ils n’ont pas réussi à adapter leur stratégie à la nouvelle donne. Actuellement, ces terroristes se mêlent à la population et adoptent les mêmes comportements avant de passer à l’attaque. Ils ont abandonné les véhicules tout-terrain au profit des motos qui les rendent plus mobiles et moins repérables.
Une longue liste de victimes
Pire, non seulement aucune région du Mali n’est épargnée par ces attaques, mais les terroristes les transportent même dans les pays voisins. Cas des attaques de Ouagadougou en janvier et Grand-Bassam en mars dernier, où certains auteurs venaient du Mali, même s’ils ont bénéficié de complicités internes. Notons que ces attaques terroristes ont causé la mort de près d’une centaine de casques bleus, plus d’une dizaine de soldats français. Sans compter l’armée malienne où le bilan est plus lourd. Ajouter à cette situation, des blessés qui se comptent par centaines et des destructions de biens chiffrés à plusieurs milliards de FCFA.
Aujourd’hui, une grande partie de la population du Nord ne sait plus à quel saint se vouer et craint de revivre l’occupation de 2012 avec son cortège d’exactions. Cependant, pour beaucoup l’intervention des militaires français et casques bleus onusiens ne visait qu’à affaiblir les groupes terroristes et non les éradiquer. Raison pour laquelle ils accusent la France de ne pas disposer d’une stratégie claire pour la guerre contre le terrorisme au Nord du Mali, comme c’est le cas dans d’autres pays qui ont pu se relever bien qu’ayant été frappés par une crise plus sévère.
Pourtant, d’autres refusent de parler d’un retour des terroristes en indiquant qu’ils n’ont jamais quitté le pays. Ils ont trouvé refuge dans des zones reculées tels que le désert ou les montagnes où ils cohabitent avec des nomades en attendant le moment propice pour réinvestir les villes et commettre des attaques. En tout cas, la situation devient très préoccupante et, au fur et à mesure que l’accord pour la paix et la réconciliation traine à être appliqué, le processus risque de s’enliser davantage.