Le Conseil de sécurité de l’ONU a émis des sanctions contre six chefs de réseau de trafiquants de migrants en Libye. Une initiative soutenue par plusieurs États africains.
Le Conseil de sécurité a sanctionné, jeudi 7 juin, six chefs de réseaux de trafiquants de migrants actifs en Libye, une première pour l’ONU à la valeur principalement dissuasive. Cette décision prise sur une initiative néerlandaise a été retardée un mois par la Russie qui avait réclamé des précisions sur les personnes concernées et le bien-fondé d’un tel processus.
Les sanctions – gel de comptes bancaires, interdiction de voyager – visent deux Érythréens, Ermias Ghermay et Fitiwi Abdelrazak, ainsi que quatre Libyens, Ahmad Oumar al-Dabbashi, Musab Abu-Qarin, Mohammed Kachlaf et Abd al Rahman al-Milad, le chef d’une unité de garde-côtes.
Une initiative soutenue par plusieurs pays africains
« Les Pays-Bas ont voulu utiliser leur siège (de non-permanent) au Conseil de sécurité pour améliorer la vie des réfugiés et des migrants en Libye et les empêcher d’entreprendre un voyage dangereux à travers la Méditerranée », a expliqué dans un communiqué le chef de la diplomatie néerlandaise, Stef Blok.
« Cette initiative néerlandaise envoie un message clair. Nous luttons contre la traite des êtres humains en Libye », a-t-il fait valoir. Il a souligné que la décision du Conseil de sécurité avait le soutien de tous ses membres, de plusieurs pays africains et des autorités libyennes. Ces dernières « savent que ces réseaux criminels déstabilisent sérieusement le pays », a précisé Stef Blok, pour qui l’appui de la Libye et des pays de la région est essentiel.
Une sanction à valeur dissuasive
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, s’est félicitée de la prise des sanctions. « L’automne dernier, des images de migrants vendus comme esclaves en Libye avaient choqué nos consciences et le Conseil de sécurité s’était engagé à entrer en action », a-t-elle relevé dans un communiqué.
« Les sanctions d’aujourd’hui envoient un message clair sur l’unité de la communauté internationale (autour du fait de) chercher à sanctionner les auteurs et réseaux de trafics d’êtres humains », a-t-elle ajouté. « Il n’y a pas de place dans notre monde pour de telles atteintes aux droits de l’Homme et à la dignité humaine », a insisté la diplomate américaine.
La décision du Conseil de sécurité représente surtout une valeur dissuasive importante, a fait valoir à l’Agence France-Presse (AFP) un diplomate sous couvert d’anonymat. « C’est un signal important » contre les responsables étatiques qui soutiennent ces trafics et contre les trafiquants eux-mêmes, a-t-il estimé. Dans un document confidentiel remis début février au Conseil de sécurité, des experts de l’ONU avaient estimé que le trafic d’êtres humains était en augmentation en Libye.