Initialement prévus le lundi17 septembre dernier, c’est finalement le lendemain mardi 18 septembre que les travaux de la 27e session du Comité de Suivi (CSA) ont eu lieu, à Bamako. La rencontre était surtout centrée sur différents points visant à renouveler l’engagement des différentes parties de l’accord en vue d’accélérer sa mise en œuvre. Ainsi, au cours de cette session, les parties ont décidé désormais de ne parler que d’une seule et même voix. Elles ont laissé la latitude au nouveau ministre en charge deCohésion Sociale, de la Paix et de la Réconciliation Nationale, Lassine Bouaré, non moins en charge de la coordination de l’action gouvernementale dans la mise en œuvre de l’accord et représentant du gouvernement aux travaux du CSA, de parler au nom de toutes les parties.
Ce dernier n’est pas étranger au processus de paix puisqu’il a suivi les différentes phases des pourparlers d’Alger en 2014. Avant de diriger le Comité national de coordination de la mise en œuvre de l'accord qui a été remplacé par le Haut Représentant du Chef de l’Etat pour l’accord.
Déjà, le premier grand rendez-vous qui l’attend c’est la participation des parties maliennes à la 73e Assemblée générale de l’ONU qui s’ouvre à partir du 25 septembre prochain. Ça sera aussi le tout-premier baptême de feu pour son homologue en charge des affaires étrangères et de la coopération internationale, Kamissa Camara qui présidera sûrement la délégation malienne. Signalons qu’au cours de cette rencontre, les parties maliennes impliquées dans le processus de paix signeront un « pacte pour la paix » avec le Conseil de sécurité de l’ONU.
Les contours de ce document ont été dégagés lors de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la Résolution 2423 du 29 juin dernier, renouvelant d’un an le mandat de la MINUSMA. L’application des dispositions de ce document se fera grâce à l’appui des membres de l’équipe de médiation internationale. Ce « pacte pour la paix » est censé donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation. Il fixe, en outre, des objectifs clairs et précis aux parties signataires, qu'elles devront avoir mis en œuvre dans un horizon de six mois suivant l'investiture du Président du Mali. Passé ce délai, le Conseil de sécurité de l’ONU prévoit de revoir le mandat de la MINUSMA.
En fait, l’ONU et la Communauté internationale semblent agacées par les atermoiements et tergiversations qui ralentissent l’application de l’accord. C’est dans cet esprit que le mandat du Comité de sanction a été récemment prolongé d’un an supplémentaire. Après une année de travail, ce dernier a même produit un premier rapport fin août dernier dans lequel il cite les noms des acteurs et spécifient leurs activités visant à entraver la mise en œuvre de l’accord. Ce rapport est déjà entre les mains du Conseil de sécurité qui devra prononcer des sanctions telles que le gel des avoirs et de l’interdiction de voyager pour tous ceux qui sont impliqués dans le blocage du processus de paix.
C’est sans doute dans cette même veine que s’inscrit l’établissement en janvier dernier par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, de la Commission d'enquête internationale prévue par l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Les Commissaires, qui serviront à titre individuel, enquêteront sur les graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises au Mali depuis janvier 2012 et soumettront un rapport au Secrétaire général dans un délai d'un an. La Commission soutiendra la réconciliation nationale et appuiera les efforts des autorités maliennes dans la lutte contre l'impunité. Signalons que c’est l’ancien ministre et diplomate, Boubacar Gaoussou Diarra qui a été désigné comme point focal de cette commission. A ce titre, l’ancien Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union Africaine en Somalie et Chef de l’AMISOM du 1er novembre 2009 au 1er novembre 2012, est chargé de faciliter le travail de la commission d’enquête. S’y ajoute la désignation depuis fin septembre dernier du Centre Carter comme Observateur Indépendant prévu par les dispositions des articles 63 et 64 de l’accord.
Il faut préciser que cette 27e session du CSA a également été l’occasion de revenir sur les avancées liées au processus de paix. C’est dans ce cadre que le président de la Commission nationale Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (CNDDR) a présenté l’état des lieux du recensement des combattants et des armes dont dispose chaque mouvement. Actuellement, il en est à 32 000 ex-combattants recensés. A l’issue de ce processus d’identification, il est attendu la finalisation de la composition des MOC de Kidal et Tombouctou, l’intégration des anciens militaires déserteurs dans les rangs des forces armées, le démarrage effectif du cantonnement des combattants.