La huitième session du Comité de suivi de l’accord a pris fin, le mardi 26 avril dernier, sur une note pas très positive. Dans le communiqué final sanctionnant les travaux, il a été constaté qu’aucune avancée significative du processus de paix n’a été enregistrée. Pire, certains diplomates ne cachent pas leur exaspération sur la lenteur remarquée dans la mise en œuvre de l’accord. D’un autre côté, au sein des groupes armés, l’heure est à l’agacement et aux concertations pour voir de quelle manière accélérer le processus de paix.
Ainsi, le constat qui ressort des deux jours de discussion, peu de progrès ont été réalisés. Une situation qui ne semble pas satisfaire les parties engagées dans le processus. Parmi les blocages constatés par le Comité de suivi de l’accord figure la lenteur observée dans la mise en œuvre du plan d’urgence afin de soulager les populations dans le septentrion malien où par endroits la famine et la malnutrition font rage. Sur ce point, le ministre en charge de l’action humanitaire a indiqué que près de 4 milliards de FCFA ont été injectés par le gouvernement pour les besoins humanitaires. Cependant, aucune clarification n’a été faite sur la manière dont cette somme a été décaissée, car sur le terrain, l’urgence humanitaire est toujours persistante.
Autre retard déploré par l’assistance, c’est l’opérationnalisation du MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) ainsi que les patrouilles mixtes. Bien que le gouvernement ait mis une quarantaine de véhicules à disposition, il affirme par ailleurs ne pas avoir reçu la liste des éléments des mouvements armés. Ce que rejettent ces derniers qui affirment que toutes les listes ont été mises à disposition depuis un certain temps. Pour eux, c’est le gouvernement qui retarde les échéances inutilement en faisant preuve de mauvaise foi.
S’agissant de l’autre pomme de discorde à savoir les autorités intérimaires, le gouvernement a indiqué que leur installation dépend du verdict de la Cour constitutionnelle qui a saisi par l’opposition pour attaquer ces instances. Ainsi, bien qu’elle soit votée, la loi sur les autorités intérimaires n’a toujours pas été entérinée. Pourtant, récemment, le ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf et les représentants des groupes armés ont signé un document censé être confidentiel, dans lequel on définissait l’installation de ces autorités ainsi que les quotas accordés à chaque partie. En principe, c’était depuis la semaine dernière qu’on devait assister à l’installation de ces autorités intérimaires, mais jusque-là rien n’a été fait. Alors que de l’avis de plusieurs membres de la Communauté internationale et des groupes armés, cette question est prioritaire puisqu’elle marque le retour de l’administration dans le nord du pays. Selon eux, l’installation de ces autorités va donner un coup d’accélérer à la mise en œuvre réelle de l’accord. Toutefois, l’assistance s’est félicitée des dialogues entre toutes les parties maliennes à travers les fora organisés un peu partout.
Agacement
C’est un sentiment d’agacement qui est largement partagé à l’issue des travaux. Intervenant à l’ouverture de cette session, l’Ambassadeur américain, dont le pays prend une plus grande place dans le dossier, a déploré le fait que dix mois depuis la signature de l’accord, aucun progrès significatif n’a été observé. Cet avis est partagé par le chef de fil de la médiation, l’Algérie, qui a même tiré la sonnette d’alarme. D’autres membres du corps diplomatique voient mal l’issue du processus qui n’avance pas à l’allure souhaitée. Il n’est donc pas exclu que les diplomates haussent le ton pour que le processus entre dans une phase plus dynamique. Du côté des groupes armés, ce sont surtout les veillées d’armes. D’ailleurs, depuis hier, au nom de la Plateforme et de la CMA, Me Harouna Toureh a été désigné pour saisir tous les diplomates afin de leur faire part des risques réels qui pèsent sur le processus de paix. Joint par nos soins, tout en déplorant cet immobilisme, il remarque que c’est le camp des ennemis de la paix et des sceptiques qui est en train de prendre le dessus. Il en veut pour preuve l’insécurité qui gagne du terrain, plombant considérablement l’économie locale. C’est ainsi qu’une correspondance a été adressée au chef de file de la Médiation, l’ambassadeur algérien pour lui demander de peser de tout son poids pour que l’accord soit mis en œuvre.
Reste maintenant à savoir quelle sera la réaction du gouvernement malien qui doit convaincre sur sa capacité réelle de mettre en œuvre l’accord, puisqu’il en est l’acteur principal.