Alors que la saison de soudure frappe l'Afrique de l'Ouest et du Centre, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies intensifie ses efforts pour fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle cruciale. Cette initiative, ciblant 7,3 millions de personnes entre juin et août, s'aligne sur les plans de réponse des gouvernements nationaux de huit pays, dont le Mali.
Au Mali, la situation est particulièrement alarmante. Selon les dernières données, plus de 4,8 millions de Maliens souffrent d'insécurité alimentaire aiguë, un chiffre en augmentation par rapport aux 3,9 millions de l'année précédente. La malnutrition touche également 1,2 million d'enfants de moins de cinq ans, dont 360 000 souffrent de malnutrition sévère.
Les principales causes de cette crise sont les conflits armés persistants, les prix alimentaires élevés, et les effets dévastateurs du changement climatique. Les régions de Mopti, Ségou et Gao sont parmi les plus affectées, avec des taux de malnutrition aiguë globale (MAG) dépassant les seuils d'urgence de 15 %, atteignant parfois 18 % dans certaines zones.
Des actions vitales mais insuffisantes
Chris Nikoi, Directeur Régional du PAM pour l'Afrique de l'Ouest, a souligné : « La crise alimentaire au Mali souligne la nécessité urgente de solutions transformatrices pour aider les familles vulnérables à répondre non seulement à leurs besoins alimentaires immédiats, mais aussi à construire un avenir meilleur. »
Le PAM a distribué 23 000 tonnes de vivres et 3 500 tonnes de compléments nutritionnels dans les régions les plus touchées. Cependant, ces efforts ne couvrent qu'une fraction des besoins. En raison de la baisse des financements, le PAM a été contraint de réduire ses rations alimentaires de 25 % en moyenne, laissant des millions de personnes dans une situation précaire.
Des initiatives durables pour un avenir résilient
Pour répondre à cette crise de manière durable, le PAM met également en œuvre des programmes de résilience. Depuis 2018, plus de 75 000 hectares de terres dégradées ont été réhabilités au Mali, permettant à plus de 1,2 million de personnes de bénéficier de nouvelles opportunités agricoles. Ces programmes combinent la restauration des terres avec des initiatives de soutien nutritionnel et d'amélioration des moyens de subsistance, telles que des jardins potagers communautaires et des formations en techniques agricoles durables.
L'initiative « Une famille, un hectare » au Mali a permis à 150 000 familles d'accéder à des parcelles de terre et à des intrants agricoles, améliorant ainsi leur sécurité alimentaire et leurs revenus. Cette initiative a réduit la dépendance à l'aide humanitaire dans les régions participantes de 40 % en 2023.
Malgré ces efforts, le déficit de financement reste un obstacle majeur. Pour répondre aux besoins croissants, le PAM a lancé un appel de fonds de 350 millions de dollars pour soutenir ses opérations au Mali et dans la région. « L'escalade des besoins humanitaires dépasse largement les ressources disponibles. La seule issue à ce cycle est de prioriser les solutions durables », a insisté Nikoi.
Face aux prévisions saisonnières de 2024, annonçant des périodes de sécheresse et des inondations, il est crucial d'intensifier les efforts pour renforcer la résilience des communautés vulnérables. Des investissements accrus dans des systèmes alimentaires inclusifs et des programmes de protection sociale adaptés aux chocs sont essentiels pour aider les familles à surmonter les crises économiques et climatiques.
Le Mali est au cœur d'une crise alimentaire sans précédent. La réponse du PAM, bien que vitale, nécessite des ressources accrues et un engagement renouvelé envers des solutions durables pour garantir la sécurité alimentaire et la résilience des populations vulnérables. Sans une augmentation significative des financements et des efforts coordonnés, des millions de Maliens risquent de sombrer dans une faim encore plus aiguë, compromettant ainsi leur avenir et celui de la nation.