J'entends beaucoup de gens dire : "La loi est dure, mais c'est la loi; nul n'est au-dessus de la loi".
Ils se trompent.
En effet, la loi n'est que la codification des rapports de force sociaux. Instrument de domination par excellence, elle est faite par les gouvernants pour rendre légitimes leur pouvoir et leur manière de gouverner. Et elle change au gré de leur seul intérêt. C'est pourquoi Jean Jacques Rousseau a pu écrire : "Le plus fort n'est jamais assez fort s'il ne traduit sa force en loi".
Vous remarquerez aisément que les gouvernants, dans la plupart des pays, ont mis dans la loi des immunités qui empêchent le peuple de les destituer ou de leur demander des comptes en justice.
Vous remarquerez aussi que pour mener à bien leurs projets de destruction de la nation, les dirigeants prennent toujours un texte légal (loi, décrets, arrêtés, décisions, etc.).
Vous remarquerez enfin que les moyens répressifs d'État (armée, police, gendarmerie) n'agissent que contre les faibles. Et non contre les gouvernants et leurs alliés.
C'est pour vous dire que la loi est toujours la grande complice des gouvernants, surtout des mauvais. Seule une force populaire plus lourde que la leur oblige ces derniers à se soumettre eux-mêmes à la loi ou à mettre la loi au service du peuple.
Cela signifie que le peuple n'obtiendra jamais l'application ou le changement de la loi s'il ne les revendique pas. C'est pourquoi aucune révolution ne s'est faite dans la légalité. De surcroît, la liberté, la démocratie, la justice, les bonnes élections et l'alternance ne se donnent pas: elles s'arrachent. Elles ne sont jamais des acquis, mais plutôt des conquêtes permanentes.