La Journée internationale des personnes handicapées, célébrée le 3 décembre, expose une réalité souvent ignorée. Selon un rapport de l'OMS et de la Banque mondiale, au Mali, environ 15 % de la population, soit 2,25 millions de personnes sont touchées par un handicap. D'où le fait que la question de leur inclusion est plus que jamais au cœur des préoccupations sociales et économiques.
Les données disponibles dressent un tableau complexe. Une enquête de 2018 révèle que 6,4 % des adultes maliens de 18 ans et plus vivent avec un handicap, un chiffre qui augmente significativement chez les personnes âgées. Au-delà des chiffres, ces individus affrontent quotidiennement des défis majeurs : accès limité aux soins de santé, à l'éducation, et au marché du travail, sans oublier les discriminations et la stigmatisation omniprésentes.
Les crises multiples – conflits armés, changements climatiques, pauvreté chronique – aggravent ces difficultés. Comme l’a rappelé le Secrétaire général des Nations Unies dans son message, ces personnes sont disproportionnellement affectées par les crises mondiales et locales, mais souvent exclues des solutions.
Face à cette situation alarmante, le Mali a élaboré un Plan stratégique national pour les personnes handicapées (2015-2024). Cette feuille de route vise à promouvoir leur inclusion sociale et économique. Elle prévoit notamment :
L’amélioration de l’accès à l’éducation : Une priorité, alors que la majorité des enfants handicapés ne fréquentent pas l’école en raison de l’absence d’infrastructures adaptées.
La formation professionnelle : Des programmes sont en cours pour préparer les personnes handicapées au marché du travail.
L’accès aux soins de santé spécialisés : L’État, avec l’appui de partenaires internationaux, renforce ses capacités pour fournir des services adaptés.
Cependant, les résultats restent mitigés. Le manque de ressources financières et la faible sensibilisation du grand public freinent l’impact de ces initiatives. Selon des acteurs locaux, un cadre légal solide existe, mais son application effective reste insuffisante.
Une reconnaissance internationale : le Pacte pour l’avenir
Sur le plan international, le Pacte pour l’avenir récemment adopté marque une étape importante. Il engage les gouvernements, dont celui du Mali, à intégrer les personnes handicapées dans les processus décisionnels. Ce pacte met un accent particulier sur l’accès aux technologies d’assistance, notamment celles basées sur l’intelligence artificielle, qui pourraient transformer la vie des personnes en situation de handicap.
Le prochain Sommet mondial pour le développement social, prévu en 2025, constitue une opportunité unique pour renforcer ces engagements. Ce rendez-vous devra se traduire par des actions concrètes, notamment des financements accrus pour soutenir les politiques nationales comme celles du Mali.
Vers une inclusion durable
Pour construire une société inclusive et durable, les personnes handicapées doivent être perçues comme des acteurs du changement, et non comme des bénéficiaires passifs. Leur leadership, souvent négligé, est une clé essentielle pour relever les défis auxquels elles sont confrontées.
Comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations Unies, ces personnes sont des leaders et des architectes de la paix. Le Mali, pays en proie à des tensions sociales et sécuritaires, aurait beaucoup à gagner en intégrant pleinement cette frange de sa population dans ses stratégies de développement et de reconstruction.