C’est une séquence très attendue qui commence à prendre forme. Mardi prochain, le 28 novembre, le président français prononcera son discours de politique africaine à l’université de Ouagadougou devant un millier d’étudiants, au Burkina Faso. Un discours suivi d’une séance de questions-réponses avec la salle. Le lendemain, il se rendra à Abidjan pour le sommet Union africaine - Union européenne avant de clôturer sa tournée africaine le jeudi par un déplacement à Accra.
Il se sait très attendu. Rien n’a donc été laissé au hasard. Ce discours de politique africaine, les équipes de l’Elysée le préparent depuis des semaines. Pour « nourrir » le président, le palais s’est notamment appuyé sur le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA). Après deux mois de travail, les onze membres de cette nouvelle structure - tous issus de la société civile - ont échangé avec Emmanuel Macron au cours d’un dîner organisé mardi dernier à l’Elysée. A cette occasion, chacun d’entre eux a pu sensibiliser le président sur un sujet défini à l’avance, tel que l’éducation, l’agriculture ou la culture. Une partie du cabinet du président participait à ce repas. Etaient présents : Franck Paris, le conseiller Afrique du président, son adjointe Marie Audouard, Barbara Frugier, en charge de la communication internationale, ainsi que Rémy Rioux, le directeur de l’Agence française de développement (AFD). Sans oublier, Sylvain Fort, la plume du président.
Mardi prochain à 10h30 devant un millier d’étudiants
Les membres du CPA ont-ils été entendus ? L’ensemble de leurs propositions ou de leurs suggestions ont-elles été retenu ? Il est encore trop tôt pour le dire, car le discours est en cours de rédaction. Une dernière phase à laquelle plusieurs conseillers participent. « C’est un travail collectif », explique-t-on à l’Elysée. Un travail mené notamment par Philippe Etienne, le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, Franck Paris et Marie Audouard. Mais « la réécriture finale », c’est le président en personne qui s’en charge, assure son entourage. A une semaine de l’évènement, le compte à rebours est donc lancé. Mardi prochain, sur les coups de 10h30, le locataire de l’Elysée s’exprimera depuis l’université de Ouagadougou devant un millier d’étudiants, avant une séance de questions-réponses avec la salle. Le lieu n’a pas été choisi au hasard : Emmanuel Macron a prévu ce jour-là de s’adresser à la jeunesse africaine.
L’économie et les sujets qui fâchent
Quels seront les grands axes de son discours ? L’Elysée reste discret sur le sujet. Le président « veut parler d’autre chose que d’immigration et de terrorisme », indique seulement l’un de ses proches. Mais son intervention lors de la conférence des Ambassadeurs permet d’en deviner les contours. « C’est en Afrique que se joue largement l’avenir du monde, avait déclaré Emmanuel Macron le 29 août dernier, ajoutant : la France ne saurait être ce pays postcolonial hésitant entre un magistère politique affaibli et une repentance malsaine, les pays d’Afrique seront nos grands partenaires ». L’économie devrait donc être au cœur de son plaidoyer. Pourra-t-il néanmoins éviter les sujets qui fâchent comme l’assassinat de Thomas Sankara - dont le Burkina Faso vient de commémorer le trentième anniversaire - ou le franc CFA ? « On a en tête un nombre de sujets incontournables sur lesquels il devra s’exprimer, répond-on sèchement à l’Elysée, visiblement irrité par la question, mais on essaie de changer de logiciel, de dire autre chose et de le dire autrement ». Et pour faire différent, ses conseillers ont pris leurs précautions : ils ont relu attentivement les discours de politique africaine prononcés par les anciens locataires de l’Elysée.
Au sommet UA-UE pour acter « un nouveau départ » entre les deux organisations
Une fois cette première séquence achevée, Emmanuel Macron se rendra dans une école puis ira inaugurer, avec le président burkinabé Roch-Marc Christian Kaboré, la centrale solaire de Zagtouli, située dans la banlieue de Ouagadougou. Cette centrale solaire, la plus grande d’Afrique de l’Ouest, a été cofinancée par l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne. Le lendemain, le président s’envolera pour le sommet Union africaine (UA) – Union européenne (UE) d’Abidjan. La teneur de son message ? « Ce que le président a en tête, c’est un nouveau départ entre les deux organisations, avance son entourage. Sachant que le timing s’y prête bien parce que 2020, c’est la fin de l’accord de Cotonou ». Un accord que l’on juge dépassé à l’Elysée.
Un tête-à-tête avec Faure Gnassingbé à Abidjan ?
Le président français profitera également de ce sommet pour s’entretenir en tête à tête avec plusieurs de ses homologues africains. Y compris avec le président togolais, Faure Gnassingbé ? Une hypothèse que n’excluait pas un de ses conseillers le mois dernier. Emmanuel Macron achèvera son voyage africain le jeudi par un déplacement au Ghana, pour commémorer le soixantième anniversaire des relations diplomatiques entre Paris et Accra, de l’indépendance du pays, et de l’Alliance française d’Accra. Un déplacement motivé par d’autres facteurs : le Ghana est non seulement un pays anglophone, mais c’est aussi une démocratie, qui met en avant l’innovation. Sur place, le président français se rendra d’ailleurs dans une start-up. « Ses visites illustreront son discours de Ouagadougou », précise son cabinet.
RFI