Les faits se sont produits, ce samedi 2 janvier, aux alentours de 11 heures, à Tabankut, localité située à environ 3 km de Ménaka. Un véhicule de la force française, Barkhane, a sauté sur un engin explosif improvisé (EID). Au départ, le bilan faisait état de trois militaires français blessés dont deux graves. Finalement, ces derniers ont succombé à leur blessure avant leur évacuation. Il s’agit des soldats du 2ème régiment de hussards de Haguenau, le sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser.
Au moment des faits, ils effectuaient une mission de reconnaissance dans la région de Ménaka. A noter que le pronostic vital du troisième militaire blessé n’est pas du tout engagé.
C’est la deuxième attaque mortelle en moins d’une semaine que subit l’armée française au Mali. On se rappelle que le 28 décembre dernier, un Véhicule Blindé Léger (VBL) a sauté sur un engin explosif improvisé (EID) près de Hombori. Les trois soldats membres de l’équipage à bord du véhicule ont tous été tués. Une attaque revendiquée par le JNIM qui disait ainsi se venger de la France, de son occupation du Mali, des caricatures contre le Prophète (PSL).
Bien que cette attaque du samedi 2 décembre n’ait pas encore été revendiquée, on imagine que c’est toujours le JNIM qui en est l’auteur. D’autant que ce sont les éléments de ce groupe qui occupent le Nord de Ménaka alors que le sud est surtout une zone de prédilection de l’EIGS. Des observateurs se disent peu surpris de la multiplication des attaques du JNIM contre la France puisque ce groupe est plus ciblé par les opérations militaires françaises que son rival à savoir l’EIGS. Alors que c’est pourtant ce dernier qui avait été déclaré comme ennemi prioritaire lors du Sommet de Pau (France) janvier 2013 entre les dirigeants des pays du G5 Sahel et de la France.
Ces morts portent désormais à 49 le nombre de soldats français tués au Mali depuis le début des interventions militaires en janvier 2013. Au total, ils sont 55 militaires français tués dans tout le Sahel depuis cette date.
Ces attaques interviennent alors que la France a fait part de sa volonté de procéder à un allègement de son dispositif militaire actuel au Sahel qui compte plus de 5000 soldats de l’Hexagone. Cela, en vue de favoriser la montée en puissance de l’Opération Takuba censée regrouper les forces spéciales européennes. Toutefois, cette opération peine à mobiliser. Ainsi, les Norvégiens, particulièrement motivés au départ, ont finalement décliné. Parmi la douzaine de pays européens volontaires au départ seuls quelques-uns comme l'Estonie – toujours fidèle à la France – la République tchèque et la Suède ont confirmé leur participation. Même celle-ci n’est toujours pas effective sur le terrain. Les Italiens qui évoquaient l’envoi de 200 soldats en janvier 2021 pour participer à cette force ne sont plus aussi enthousiastes.
La grande difficulté pour cette opération c’est surtout le risque d’être confrontée Takuba au manque de moyens aériens lourds. Les Danois qui étaient très attendus viennent de retirer leurs appareils du Mali au bout d'un an seulement. Les Britanniques qui comptent désormais un contingent composée d’une force de réaction rapide au sein de la MINUSMA ne veulent pas mettre leurs trois Chinook à la disposition de Barkhane. Alors que l’un des problèmes majeurs dont souffre l’opération militaire française au Mali, c’est surtout la faiblesse du vecteur aérien.