Plus de deux semaines après l’opération, l’attaque meurtrière sur le Radisson, vendredi 20 novembre, n’a toujours pas livré tous ses secrets. Ce, malgré la pléthore d’enquêteurs qui suivent de près ce dossier. A part les deux présumés complices Adama Maïga et Seïdou Diepkilé, arrêtés il y a quelques jours, dans les quartiers périphériques de Bamako – toujours en interrogatoire – et les indices recueillis sur le théâtre des opérations, c’est encore le black out. Ce qui fait dire à certains que l’enquête ne progresse pas beaucoup.
Pourtant, il a récemment été annoncé que le Procureur Boubacar Samaké du pôle juridique de Bamako spécialisé dans la lutte contre le terrorisme a affirmé avoir reçu près de 140 scellés en cours d’examen. Signalons qu’un appel à témoin a été lancé par les autorités maliennes pour l’identification des deux présumés auteurs de l’attaque, mais celui-ci n’a jusque-là rien donné. Laquelle attaque a d’abord été revendiquée par le groupe El-Mourabitoune conjointement avec AQMI. Avant que le FLM d’Amadou Kouffa ne revendique à son tour trois jours plus tard l’attaque qui a fait 22 morts et de nombreux blessés.
C’est dans ce contexte de confusion qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique vient de diffuser une photo des deux terroristes abattus lors de l’assaut lancé par les forces armées maliennes contre la prise d’otages de l’hôtel Radisson. Deux terroristes qui porteraient les noms de Abdel Hakim et Mou'az el foulani et que l’organisation qualifie de martyrs en les présentant comme des Somaliens sans donner plus de détails. Il faut noter que parmi les rescapés de l’attaque, certains ont dit clairement que les auteurs parlaient une langue étrangère qui n’est ni le Français, ni exactement l’Anglais encore moins l’Arabe. De quoi renforcer cette hypothèse.
Par ailleurs, cette nouvelle révélation prouve que c’est bel et bien AQMI et le groupe Al-Mourabitoune qui sont les commanditaires de cette opération et non le Front de Libération de Macina du prêcheur extrémiste Amadou Koufa qui l’a revendiquée au dernier moment. Même le mode opératoire utilisé durant cette attaque montre qu’il s’agit bien du groupe Al-Mourabitoune, car il est similaire à celui de la prise d’otages meurtrière d’un site gazier algérien dénommé In Aménas – 54 morts dont une majorité d’Occidentaux – en janvier 2013 peu de temps après le déclenchement de l’Opération Serval pour la reconquête des régions du nord du Mali. Il ressemble également à celui employé lors de la prise d’otages meurtrière de l’hôtel Byblos de Sévaré le 7 août dernier qui a fait 13 morts dont quatre militaires maliens, cinq employés de sociétés sous-traitantes de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) et quatre assaillants. Le prêcheur radical malien Amadou Kouffa n’avait donné que sa bénédiction à cette attaque. D’ailleurs, le mouvement qu’il dirige ne s’est pas encore jusque-là illustré par des prises d’otages, mais surtout des attaques en forme de guérilla urbaine notamment des embuscades ou des meurtres à sans froid.
En tout cas, cette situation montre combien il est urgent aux autorités maliennes avec l’aide de leurs partenaires étrangers de renforcer la surveillance du territoire notamment sur ceux qui y entrent et qui sortent vu la porosité des frontières et que l’armée n’est toujours pas déployée sur l’ensemble du territoire national.