La MINUSMA ferme ses derniers camps et quitte le Mali Des manœuvres diplomatiques au Mali

Mali: le renforcement de la MINUSMA et l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord de paix, deux priorités du nouveau Chef des Casques bleus

Par kibaru

En dépit de progrès tangibles dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, que soutient la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MINUSMA), des défis considérables continuent de s’y poser, en particulier sur le plan sécuritaire, a déclaré, ce matin, le nouveau Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix.

Pour sa toute première intervention devant le Conseil de sécurité, auquel il présentait le dernier rapport* en date du Secrétaire général sur la question, M. Lacroix a fait état d’attaques terroristes « de plus en plus sophistiquées », avant de rendre hommage à la mémoire du soldat français de l’opération française Barkhane tué hier. 

« Comme vous le savez, une nouvelle alliance regroupant les groupes terroristes les plus actifs au Mali s’est créée sous la bannière d’Al-Qaida et de la direction d’Iyad ag Ghali (chef d’Ansar Eddine), tandis que Daech fait lentement son apparition dans la bande sahélienne », a relaté le haut fonctionnaire, en exprimant sa préoccupation devant une telle convergence de menaces dans un contexte où, souvent, la présence de l’État est faible, voire « inexistante » dans le nord et le centre du pays.

C’est pourquoi la MINUSMA, a expliqué M. Lacroix, prend actuellement les mesures nécessaires afin d’ajuster ses « priorités et sa posture ».  « Si nous ne sommes toujours pas arrivés à déployer les 2 049 personnels militaires et 480 personnels de police autorisés par le Conseil de sécurité, des perspectives très concrètes de progrès existent », a-t-il assuré, en faisant allusion au redéploiement, au Mali, de la « force de réaction rapide » de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, entre mai et octobre de cette année.

Le Ministre des affaires étrangères du Mali, M. Abdoulaye Diop, s’est rangé à l’analyse du patron des opérations de maintien de la paix, en rappelant que les chefs d’État du G5 Sahel avaient décidé de la création d’une force conjointe dont le « concept stratégique » sera examiné le 13 avril par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui le soumettra ensuite pour approbation au Conseil de sécurité.

Si elle a été favorablement accueillie par la plupart des membres du Conseil, certains ont recommandé d’examiner cette proposition avec attention, comme le Japon, pour qui il faudra réfléchir aux moyens d’interagir avec la MINUSMA.  Abondant en ce sens, la Suède a estimé qu’« assurer une bonne coopération avec les autres acteurs sécuritaires et garantir une différenciation entre acteurs humanitaires et militaires, et entre militaires et éléments policiers, devront être des priorités ».

Le Secrétaire général adjoint a ensuite souligné que l’opérationnalisation des patrouilles mixtes dans cette ville était effective depuis le 20 février, une nouvelle accueillie avec satisfaction par les membres du Conseil, de même que l’installation des autorités intérimaires à Taoudénit et à Tombouctou, le 13 avril, « après celles de Kidal le 28 février puis celles de Gao et Ménaka le 2 mars », a précisé le Ministre malien.

Alors que la Conférence d’entente nationale s’est achevée dimanche à Bamako, M. Diop a expliqué qu’elle avait vu la participation de toutes les parties prenantes à l’Accord de paix, à savoir le Gouvernement, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la Plateforme et les partis politiques de la majorité comme de l’opposition.  Les recommandations qui en sont issues serviront de base à l’élaboration de la « charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationales », s’est-il encore félicité, de conserve avec M. Lacroix.

Cependant, avec les élections de 2018 « en ligne de mire », impossible d’ignorer les retards importants enregistrés et la « fragilité » des gains réalisés jusqu’à présent, a reconnu ce dernier.  La mise en œuvre de l’Accord demeure, dans l’ensemble, « lente » et la stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité n’est toujours pas finalisée, a-t-il constaté.  

La représentante des États-Unis a déploré ces retards, de même que le « déficit chronique » d’équipements de la MINUSMA, qui ne possède que 62% des véhicules blindés dont elle a besoin pour effectuer ses patrouilles et n’a toujours pas le nombre d’hélicoptères nécessaires.  Elle a été rejointe par son homologue du Royaume-Uni, qui a lancé un appel en faveur de l’élargissement du nombre des pays contributeurs de troupes.

Dans son rapport, le Secrétaire général de l’ONU demande aux États Membres de « remédier » à ce manque de moyens, notamment en fournissant à la Mission les unités d’hélicoptères nécessaires, « mais aussi une compagnie de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, des groupes d’appui aéroportuaire, une compagnie de forces spéciales, une compagnie de neutralisation des explosifs et munitions, et un bataillon spécialisé en convois de combats ».

Le Secrétaire général adjoint a apporté son soutien au principe de l’établissement d’un régime de sanctions ciblées du Conseil de sécurité à l’encontre des groupes extrémistes violents opérant au Mali, le représentant de la France affirmant qu’un tel régime devait viser ceux, « signataires ou non » de l’Accord de paix, qui s’adonnent à des trafics illicites. 

Son collègue de l’Uruguay a penché de son côté pour une analyse préalable de l’efficacité de telles sanctions.