Maroc : l'autre terre d'accueil des migrants

Par kibaru

 

Plus de 18 000 sans-papiers ont déposé une demande de régularisation depuis le lancement en décembre d'une nouvelle opération d'intégration par les autorités du royaume.

"Au 8 mars, un total de 18 281 demandes de régularisation d'étrangers en situation irrégulière ont été déposées au niveau national", a déclaré le ministre en charge de la migration, Anis Birou. Ces demandes ont été déposées auprès de 69 préfectures dans le royaume "depuis le lancement mi-décembre 2016 de la deuxième phase" de l'opération d'intégration des migrants, a expliqué le ministre dans un échange rapporté par l'agence officielle de presse MAP.

Politique migratoire volontariste

Lancée en 2013, une première opération du même genre avait abouti à la régularisation de 25 000 personnes, en grande partie originaires d'Afrique subsaharienne.

Autrefois simple pays de transit, le Maroc est progressivement devenu pays d'accueil, même si de nombreux migrants gardent l'espoir de rejoindre l'Europe, en traversant le détroit de Gibraltar ou en pénétrant dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Selon les chiffres officiels, les migrants représentent 0,24 % de la population totale au Maroc (34 millions d'habitants). Rabat était par ailleurs accusé par les pays européens de ne pas en faire assez pour endiguer ce flot. Tout un panel de mesures ont été lancées ou mises en œuvre, parmi lesquelles ces opérations de régularisation, une "initiative unique" dans la région, selon les autorités du royaume chérifien.

Associations et autorités main dans la main

Les autorités marocaines mettent régulièrement en avant leur politique migratoire "humaine et généreuse", en particulier à l'attention des pays africains, alors que le royaume est engagé dans une vaste offensive diplomatique sur le continent et a réintégré fin janvier l'Union africaine (UA). Le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), la société civile et des associations de migrants ont été associés à ces régularisations, via la mise en place courant 2014 d'une Commission de recours. En effet suite à la première vague de régularisation en 2014, certaines associations avaient critiqué le processus. Dans un rapport publié en 2015, la Fédération internationale des droits de l'homme et l'association marocaine Gadem, groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants, révélait que la "formation des responsables en charge des bureaux des étrangers est insuffisante". Depuis, des efforts ont été faits notamment pour alléger les procédures. Les dossiers des femmes et des enfants ont été systématiquement validés.

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