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MAURITANIENNES UN PRÉCIEUX INSTRUMENT DE PAIX DANS UNE RÉGION TROUBLÉE.

Par kibaru

« ET SI C’ETAIT VRAI ? »

Et si la Mauritanie était devenue – sans vraiment s’en rendre compte et sans que le reste du monde en ait suffisamment pris conscience – une nouvelle Puissance régionale ? Une petite puissance, bien sûr, mais assez importante pour constituer une composante d’un poids  plus significatif dans les affaires Régionales, donc aussi, sur le plan international.

NB : Attention à ne pas prendre nos désirs pour des réalités ! Si une Nouvelle Puissance était née, cela se saurait. Et des centaines de journalistes et d’observateurs spécialisés en auraient disserté sans fin…

« Et pourtant, elle tourne ! ». Reconnaissons cependant que la circonspection des observateurs est compréhensible, car l’émergence d’une Puissance régionale forte et respectée en lieu et place de ce qu’était jusque- là notre RIM, était il n’y a pas si longtemps encore, aussi peu crédible que la danse de la Terre autour du Soleil, pour la quasi-totalité des contemporains de Galilée.

Nous voudrions dans cette intervention étayer les points suivants, faits de constats, d’intuitions et d’aspirations :

1 La Mauritanie est déjà une puissance émergente dont le rôle – dans son environnement à elle - pourrait être comparable à celui du Qatar dans le sien. Les différences entre les deux benjamins duMuhît et du Khalîj sont flagrantes. Mais tous deux surprennent par une volonté d’imposer à tout le monde le respect de leur dignité, grâce à une volonté inflexible et sans tenir compte des moyens dont ils disposent à priori. Et… ça marche ! Démentant en passant le proverbe populaire qui recommande que hadd igâdi jehdou u takhmâmou (mettre ses  ambitions au diapason de ses forces).

2 A la différence du Qatar, c’est d’abord par la dimension militaire de son rôle, par sa perception des menaces et défis sécuritaires, que la Mauritanie s’impose comme Puissance émergente … à la suite d’une métamorphose incompréhensible à priori, dont nous essayerons d’identifier les causes profondes. Cette métamorphose - (de l’Armée et aussi de la politique nationale de défense) - a un architecte immédiat, connu, Mohamed Ould AbdelAziz ; qui a donné à l’Armée à la fois le minimum de moyens matériels indispensables et la volonté et l’audace et la fierté sans lesquelles on ne peut accomplir de grandes choses ….Mais il est clair que la Métamorphose en question est aussi le résultat de causes profondes qui ont agi sur le long terme.

3 Ces Causes-là (sur lesquelles nous reviendrons plus loin) et cette Métamorphose nous amènent à penser que la Mauritanie a une vocation qu’elle pourrait cultiver comme un atout précieux dans un monde où la compétition est impitoyable pour avoir sa petite place au soleil. Il s’agit en plus d’une vocation tout à fait honorable : être un facteur de paix et de stabilité dans une zone parmi les plus troublées et les plus menacées du monde. Au-delà même de cette zone, notre pays pourrait contribuer de manière appréciable au maintien de la paix dans le monde. Beaucoup de pays le font, mais souvent avec des résultats décevants : on connaît les déconvenues des « casques bleus » onusiens dans de nombreux cas. Il y a là un domaine où nos jeunes – et vaillants - compatriotes pourraient apporter un « plus » significatif à la résolution de l’un des problèmes les plus préoccupants pour la Communauté des Nations.

4 La Mauritanie a-t-elle les moyens économiques d’une telle ambition ? Oui, car premièrement, le rôle de « fournisseur » de Casques Bleus  rapporte en général plus qu’il ne coûte. Certains des pays les plus pauvres du monde misent là-dessus, justement, pour cette raison. Et cela n’a rien de choquant. Deuxièmement, la Mauritanie est l’un des pays les plus riches du monde, même si cette richesse n’est pas encore exploitée et répartie  de manière à assurer au peuple mauritanien la prospérité à laquelle il a droit. Ce retard est dû à des carences accumulées depuis des décennies. Le Pouvoir actuel s’emploie à corriger cette grave anomalie avec beaucoup de volontarisme. Combien de temps cela prendra-t-il ? Le fait que le pays ait déjà pu commencer à « jouer dans la cour des grands » - si peu que ce soit – n’est-il pas un début de réponse ? Un peu … mais même s’il faut reconnaître que la vocation évoquée plus haut implique l’utilisation maximale de tous les atouts du pays, y compris évidemment son fabuleux potentiel de développement  multidimensionnel et d’abord économique et humain.  

5 D’autres objections ou interrogations sont prévisibles. On dit souvent que la seule richesse que la Mauritanie ait su exporter est la Culture, notamment à travers les fameux « Shanâqita » et les « achyâkh » ; et que c’est là la meilleure spécialisation à … « cultiver », à l’ère de la Communication-Reine et du Numérique-Souverain. Une ère où la guerre elle-même est devenue une science de haute portée intellectuelle, une course-poursuite interminable entre les inventeurs et les contre inventeurs d’armes de plus en plus sophistiquées, commandées à partir d’abris souterrains ou de « CYBER WARS » ; tout un monde dans lequel l’héroÏsme modèle Oulad Mbarek n’est plus de mise. Mais, d’une part, les succès des Armes mauritaniennes contre une AQMI aussi agressive que surarmée (y compris en  panoplies d’ attentats suicides) ont montré qu’ils n’en sont pas restés à ce modèle aussi glorieux que dépassé ; d’autre part, les enseignements tirés  des  guerres révolutionnaires et des conflits en cours dans le monde, ont montré justement que le « facteur humain », donc le courage physique et le savoir-faire guerrier, restent déterminants dans bien des cas. 

6 Justement, le secret de la force invisible qui a rendu possible la … Métamorphose de l’Armée mauritanienne réside principalement sans doute dans la dualité de l’héritage dont elle a bénéficié et dans la synthèse qui en a été faite. Cinquante ans de brassage à l’école et à la caserne ont produit une race d’hommes certes très différents des « moines-soldats » almoravides mais qui peuvent faire penser à ces glorieux ancêtres faisant un jour irruption dans un monde qui ne les attendait pas et bouleversant tout dans leur environnement, à des milliers de kilomètres à la ronde. 

Les forces armées mauritaniennes n’ont pas été (ou si peu), comme celles des autres anciennes colonies françaises, construites à partir d’un fonds « d’anciens » de l’armée coloniale, comprenant un précieux encadrement de sous-officiers (y compris quelques rares officiers). Elles n’ont pas non plus été (ou si peu…) bâties sur la base de l’immense réservoir de traditions guerrières de très haute valeur militaire dont toutes les régions du pays détenaient des trésors quasi inépuisables. On a préféré leur donner une composition plus … « citoyenne, moderne, républicaine », pour qu’elles deviennent un moule égalisateur, à l’instar de « l’Ecole de la République ».

Que cette « uniformisation » ait été vraiment intentionnelle, voulue, programmée, ou non, le résultat est spectaculaire : au bout de quelques décennies, des habitudes et des coutumes multiséculaires qu’on croyait inaltérables ont été quasiment éradiquées. Les deux institutions ont eu des effets très exactement complémentaires, l’Ecole «  maraboutisant » les guerriers et l’Armée « militarisant » les Marabouts ; chacun gardant cependant en même temps – heureusement ! – sa « vocation » d’origine (sans oublier le rôle éminemment formateur de cette institution typiquement mauritanienne qu’est la Mahadhra). Cette mixité retrouvée a, nous semble-t-il, créé un homme d’un genre nouveau, une sorte de « moine-soldat » almoravide, moderne. On peut objecter que dans beaucoup d’armées modernes on trouve des militaires à la fois guerriers et savants, des officiers intellectuels, spécialistes dans toutes sortes de domaines… Sans doute, mais en nombre très limité et presque uniquement dans les pays très développés. Le « miracle mauritanien », c’est qu’un pays peu développé et n’ayant pas spécialement investi  dans ce domaine, se retrouve comme par génération spontanée en possession d’un tel instrument de puissance : des milliers de guerriers  devenus en même temps des savants et des milliers de « clercs » transformés en spécialistes militaires. Une autre spécialité mauritanienne renforce cette tendance : le tir à la cible, pratiqué depuis toujours dans quelques milieux restreints, s’est considérablement développé, popularisé, « démocratisé », devenant un «  sport national » par excellence. Il s’est créé ainsi une sorte d’armée de réserve civile comptant des milliers de tireurs d’élite possédant leurs armes individuelles, s’entrainant en permanence au cours de compétitions organisées alternativement et souvent simultanément dans les différentes régions du pays, dont chacune tient à défendre sa réputation et son rang comme partie prenante dans le Patrimoine historique national où les qualités guerrières jouaient un rôle essentiel. 

La Mauritanie a donc, nous semble-t-il, tout pour devenir une redoutable force de paix. Redoutable seulement pour les ennemis de la paix. Il ne peut en effet être question que d’action au service de la paix, d’abord pour la défense du pays lui-même, dont la sécurité est le premier et le plus impératif des devoirs. C’est en s’y employant justement que nos forces armées et de sécurité ont montré de quoi elles sont déjà capables et laissé entrevoir des potentialités sans doute encore plus importantes. D’où l’idée de l’utiliser de manière systématique au service de la paix dans le monde. Les Contributeurs dans ce domaine ne manquent pas, mais combien d’entre eux constituent le « fer de lance » dont l’entrée en action peut changer à coup sûr la donne au profit de l’un des protagonistes ? C’est ce « fer de lance »-là que la Mauritanie pourrait assurer et, avec lui, la victoire du camp de la paix dans maints conflits. Car le succès n’est pas toujours dépendant de la masse des gros bataillons, mais parfois au contraire de l’intervention imprévue d’une petite force qui perturbe le cours des choses et déstabilise l’adversaire.                                                                                           Ahmed Baba Miské