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Moussa Ag Acharatoumane : Un Appel au dialogue avec la CEDEAO et une diversification des alliances pour le Mali

Par kibaru

Dans une interview récente, Moussa Ag Acharatoumane, leader du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), dévoile l'importance des négociations avec la CEDEAO, soulignant la dépendance économique du Mali vis-à-vis de cet espace sous-régional. « On ne peut pas faire l’économie des négociations et du dialogue », insiste-t-il, tout en appelant à préserver les intérêts des populations maliennes. Même si l’avenir du Mali au sein de la CEDEAO reste incertain, Acharatoumane réitère que des relations avec les pays membres voisins sont inévitables, indépendamment de l’appartenance institutionnelle.

L’une des initiatives majeures évoquées est l’Alliance des États du Sahel (AES), que le Mali forme désormais avec le Niger et le Burkina Faso. Acharatoumane voit cette confédération comme une avancée essentielle pour transcender les obstacles liés aux frontières et répondre aux défis communs comme l’insécurité et le sous-développement. Il rappelle que le terrorisme ignore les frontières, frappant tour à tour le Niger, le Mali et le Burkina Faso. L’AES, présidée par le chef de l’État malien Assimi Goïta, vise à conjuguer les efforts de ces nations pour sécuriser et développer leurs territoires.

Face aux critiques qualifiant l’AES d’alliance de putschistes, Acharatoumane rejette cette perception, rappelant que des dirigeants militaires ont aussi fondé la CEDEAO sans susciter de telles polémiques. Il appelle la communauté internationale à comprendre et soutenir l’initiative sahélienne, qui découle de la volonté de ces pays de proposer leurs propres solutions après 15 ans de tentatives infructueuses pour stabiliser la région.

Le Mali, historiquement lié à la Russie, poursuit désormais une stratégie de diversification de ses partenariats internationaux. Acharatoumane souligne que ce rapprochement avec Moscou n’exclut pas d’autres relations, y compris avec la France, les États-Unis ou la Chine. « Ce n’est pas parce qu’on est avec la Russie qu’on va couper avec le reste du monde », affirme-t-il, précisant que chaque partenaire a des contributions uniques à apporter.

Malgré les tensions récentes, Acharatoumane estime que les relations entre le Mali et la France ne sont pas rompues. « Le contact n’est pas totalement coupé », affirme-t-il, soulignant la nécessité d’un dialogue mutuel pour reconstruire des liens basés sur le respect. Il admet toutefois que des discours divisifs des deux côtés ont exacerbé les tensions, mais exprime son optimisme quant à une amélioration des relations à l’avenir. « Ce que les Maliens demandent, c’est simplement le respect mutuel de tous leurs partenaires, qu'ils soient européens, russes ou chinois. »

Analyse des relations France-Mali et le rôle de la Russie

Dans le contexte des tensions diplomatiques avec la France, Acharatoumane reconnaît que des accusations ont été échangées entre les deux pays. Toutefois, il plaide pour la mise en place d’une nouvelle ère de coopération. Il rappelle que le Mali est lié à la France par des liens historiques et humains, avec une importante diaspora malienne résidant en France.

En parallèle, la Russie apparaît comme un partenaire historique et militaire essentiel. Acharatoumane souligne que la plupart des cadres maliens ont été formés en URSS et que l’armement de l’armée malienne provient largement de la Russie. Cette relation de longue date ne signifie pas un alignement exclusif, mais une démarche pragmatique de diversification des alliances, qu’il qualifie de « posture stratégique » visant à renforcer l’autonomie du Mali dans ses choix diplomatiques et économiques.

L’interview de Moussa Ag Acharatoumane met en lumière la complexité des relations diplomatiques actuelles du Mali. En pleine recomposition géopolitique, le pays s’efforce de maintenir un équilibre entre ses anciens partenaires, comme la France, et de nouveaux acteurs comme la Russie. Ce positionnement s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté, incarnée par l’AES, tout en gardant ouverte la porte au dialogue avec des organisations comme la CEDEAO.