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Niono : Les communautés Bambara et Peul fument le calumet de la paix

Par kibaru

Initialement prévu à Nampala, c’est finalement la localité de Niono, dans la région de Ségou, qui été désignée pour abriter un forum intercommunautaire pour la paix et la réconciliation, du 2 au 3 juin dernier. Organisée sous l’égide du ministère de la Réconciliation nationale, les travaux de cette rencontre ont été sanctionnés par la signature d’un document appelé « charte pour la paix et le vivre-ensemble». Laquelle engage les signataires à savoir les leaders communautaires à œuvrer pour le retour de la paix et à entreprendre toutes les mesures allant dans le sens de l’unité et la cohésion sociale. A noter qu’à travers cet acte, c’est la page des affrontements fratricides entre Peuls et Bambara qui ont endeuillé ces dernières semaines, les cercles de Mopti, Teninkou et Niono qui se referme.

Rappelons qu’outre le ministre de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed qui a suivi les travaux jusqu’à leur terme, cette rencontre a également enregistré la participation de la quasi-totalité des députés des régions de Ségou et Macina, ainsi que ceux de Sikasso et de Tombouctou en la personne de l’honorable Maïga Aziza Mint Mohamed, vice-présidente de la commission décentralisation à l’Assemblée nationale. Aussi, on pouvait noter la présence d’autres élus locaux ainsi que les représentants de l’administration locale. Tous étaient donc mobilisés pour éteindre le feu qui a failli embraser les localités citées plus haut.

Signalons qu’au sein de celles-ci, la tension était très perceptible entre éleveurs peuls généralement et agriculteurs Bambara. Une tension exacerbée par les exactions commises par les adeptes du mouvement terroriste, front de libération du Macina du prêcheur extrémiste Amadou Koufa, dont la majorité est peul. C’est l’assassinat de l’adjoint au maire de la commune Kareri, un Bambara, qui a mis le feu aux poudres et poussé ses proches à vouloir s’en prenant à ceux qu’ils soupçonnaient d’avoir commis ce meurtre. C’est ainsi que de nombreux peuls ont été victimes de la vengeance des proches du maire de la localité de Kareri. Ainsi, l’on déplore une vingtaine de personnes toutes des peuls tuées, des centaines de déplacés et réfugiés ainsi que le pillage et la destruction de biens. Une situation qui a favorisé l’instauration d’un sentiment de haine, de méfiance et de suspicion entre des communautés pourtant condamner à vivre ensemble.  

Par ailleurs, pour ne pas laisser cette situation dégénérer davantage et prendre les allures d’un pogrom, le gouvernement avait dépêché plusieurs ministres, accompagnés de députés des régions de Ségou et Mopti pour ramener la paix. Parmi les mesures prises dans ce sens, il y avait l’envoi de détachement de l’armée dans les zones où la présence des militaires était réduite, permettre à la justice de faire son travail d’où l’arrestation de plusieurs personnes impliquées dans ces violences, l’aide humanitaire en faveur des victimes ainsi que la mise en place d’une commission réconciliation composée de chefs de villages et d’autres leaders communautaires. C’est grâce au travail mené par celle-ci qui a sillonné de nombreuses localités que le forum de Niono a été programmé. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a tenu toutes ses promesses. D’ailleurs, le tournant de cette rencontre s’est déroulé dans l’après-midi de la première journée, le jeudi 2 juin, lorsque le chef de village de Djoura, M. Coulibaly a demandé pardon au nom de tous les chefs de village du Karéri, à toutes les communautés voisines du Nampalari, suite aux événements douloureux qui ont endeuillé les familles. Une requête qui a été acceptée par le chef de village de Nampala, au nom de toutes les communautés peulhs de la région.

Ainsi, parmi les dispositions de la « charte pour la paix et le vivre ensemble » signée par tous les leaders communautaires, les chefs de villages et des communautés d’agriculteurs et d’éleveurs du Nampalari, Kouroumari et du Kareri se sont engagé à « enterrer définitivement la hache de guerre et à s’abstenir de tous discours communautaristes, ou incitant à la violence, et éviter la répétition de pareille tragédie ». Parmi les autres points saillants de ce document, on peut noter la demande formulée par les députés au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour le retour des réfugiés et déplacés ainsi que la sécurisation de leurs biens. Ce n’est pas tout. Il a été également demandé aux leaders communautaires de faciliter la transhumance et les travaux champêtres pour permettre aux agriculteurs et éleveurs de vivre dans la cohésion et l’unité chacun dans son domaine d’activité. Les participants ont également demandé que ce genre de rencontres soit étendu dans d’autres localités touchées par les mêmes problèmes.

Dans son mot, le ministre Zahabi Ould Sidi Mohamed a salué la bonne foi des leaders communautaires qui a prévalu à la signature de ce document. Pour lui, le gouvernement est très soucieux pour que l’entente et la bonne cohabitation règnent. Il a indiqué qu’à travers la signature de ce document, c’est la bonne foi qui a triomphé contre les démons de la division. « Vous avez démontré que le Mali a encore tous les ressorts nécessaires pour régler les conflits similaires » a-t-il indiqué. Avant de saluer l’implication des députés de la région et de tous les élus et leaders communautaires qui a permis à cette rencontre de se tenir et de réaliser une avancée notoire dans le processus de paix. Tout en promettant une aide du gouvernement aux victimes, il a promis que justice sera rendue et qu’il ne sera plus permis à une personne de se rendre justice. Il a remercié le président de l’ONG Al-Farouk, Ibrahim Kantao qui s’est joint à la solidarité manifestée par le gouvernement à l’endroit des victimes en leur offrant un don de 10 tonnes de riz et de mil ainsi que 1 000 litres d’huile. Il a promis de s’investir personnellement afin que ce don puisse bénéficier à toutes les familles victimes. A noter que les leaders communautaires qui se sont succédé au pupitre se sont tous engagés à vulgariser la charte qui a été signée afin que la paix soit de retour.

En tout cas, vu l’engouement et la mobilisation suscités par cette rencontre, ce dialogue communautaire a permis de rétablir la paix dans les localités citées plus haut à travers un engagement ferme des leaders à œuvrer dans ce sens.