Paix et réconciliation nationale en 5e région du Mali: Tabital Pulaku et Ginna Dogon unies pour la même cause

Par kibaru

A l’instar de certaines localités du nord du pays, celle de Mopti a abrité, le samedi 23 janvier dernier, l’ouverture des travaux d’un forum inter et intracommunautaire. Initiée par les associations Tabital Pulaku pour la promotion de la culture peul et Ginna Dogon avec le soutien du ministère de la Réconciliation nationale, l’objectif de cette rencontre était d’amener les communautés partageant cette zone à régler leurs différends à travers le dialogue et la concertation. Cette action entre également dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

Depuis un certain temps, cette région est confrontée à une insécurité grandissante liée aux conséquences de l’occupation d’une grande partie du territoire malien en 2012 par des groupes armés narco-terroristes. C’est ainsi que des attaques perpétrées par des éléments sans foi ni loi proche du prédicateur radical Amadou Kouffa ont visé plusieurs localités tuant des civils et des militaires. Une situation qui n’a fait que renforcer davantage les rapports conflictuels et litigieux que les communautés entretenaient. A présent, elles veulent tourner cette page douloureuse et entrer de plain-pied dans le processus de paix en cours. C’est tout le sens de cette rencontre inter et intracommunautaire organisée, par les associations Tabital Pulaku pour la promotion de la culture peul et Ginna Dogon au sein de la salle de conférence du gouvernorat de Mopti. Deux communautés qui partagent le même espace et décident de s’unir pour prêcher la parole de la paix.

Dans son mot de bienvenue, le représentant du maire, Issako Bagayoko a invité les participants à dialoguer afin de chercher la cohésion sociale qui demeure pour lui, la condition sine qua non d’aspirer au développement et à la prise en compte des préoccupations de la région par les plus hautes autorités du pays. Quant à la 2e vice-présidente de l’association Tabital Pulaku, Fatimata Dicko, elle n’a pas manqué de rappeler que cette région est l’épicentre d’actes terroristes, raison pour laquelle il est impérieux d’aller vers une paix durable pour mettre fin aux conflits. Elle a insisté sur le fait que son association en plus d’être un cadre pour la préservation et la promotion de la culture peul a œuvré efficacement et pleinement dans les journées de résistance pacifique. Avant d’indiquer que de nombreuses rencontres ont été initiées afin que le dialogue s’installe. Toutefois, elle a souhaité que certaines dispositions de l’accord s’étendent à la région de Mopti. Elle a salué la forte délégation du département de tutelle venue de Bamako pour la circonstance, car ici la population était partagée entre le sentiment de frustration et d’abandon.

Pour sa part, le président de Ginna Dogon, Mamadou Togo a axé son intervention sur le fait que : « mieux vaut défendre les vivants que de continuer à pleurer sur les morts ». En d’autre terme, il ne sert à rien de continuer à s’apitoyer sur son sort, mais passer à l’action. Pour cela, la création de cellules de veille dans toutes les localités du pays ainsi qu’une collaboration très étroite entre la population et les autorités pour signaler tout acte suspect.

Pour le représentant du ministre de la Réconciliation nationale, Abdel Kader Sissoko cette rencontre est importante dans la mesure où elle permettre de dialoguer en posant les problèmes et en dégageant des pistes de réflexion. Il a rappelé que la phase d’explication de l’accord était terminée et qu’actuellement on est dans sa mise en œuvre. Avant d’insister sur le fait que le ministère se tiendra toujours aux côtés de la région de Mopti afin qu’elle sorte de la période difficile à laquelle elle est confrontée.

Quand les intérêts égoïstes deviennent des sources de tensions

C’est ce qu’a laissé entendre le gouverneur de la région de Mopti, Kama Kané. Lequel a d’abord félicité les deux associations pour avoir initié cette activité. Bien qu’il juge l’année écoulée particulièrement difficile avec des attaques terroristes ayant fait de nombreuses victimes, il espère que cette situation soit un lointain souvenir cette année. Toutefois, il a déploré le fait que cette région soit celle qui concentre le plus grand nombre de litiges. Tantôt ce sont les bourgoutières, tantôt ce sont les chefferies et tantôt ce sont les litiges fonciers. Raison pour laquelle il a appelé les leaders communautaires à s’impliquer pour que ces différends puissent trouver un règlement à l’amiable.

Ainsi, cette rencontre se veut donc comme un déclic pour les communautés afin qu’elles puissent se parler et se donner la main pour mettre fin aux maux auxquels la région est confrontée.